Pourquoi le CDI intérimaire décolle enfin

De passage à Bordeaux, le président du groupe Adecco en France, Christophe Catoir, fait le point pour La Tribune sur la bonne dynamique du CDI intérimaire, qui commence à rencontrer du succès. Il évoque également la nouvelle plateforme lancée par The Adecco Group en collaboration avec Microsoft, centrée sur les freelances.
Christophe Catoir, président du groupe Adecco en France

Lancé en mars 2014, le CDI intérimaire a mis du temps à trouver sa place sur le marché français du travail. Pour mémoire, dans ce cas de figure le salarié signe un contrat à durée indéterminé avec son agence de travail temporaire et alterne les missions dans des entreprises et des périodes sans mission, baptisées "intermissions", durant lesquelles il est rémunéré a minima au SMIC mensuel + 15 % pour les agents de maîtrise et + 25 % pour les cadres. Le dispositif inclut quelques différentes par rapport à l'intérim classique : entre autres, les indemnités de fin de mission disparaissent et la durée maximale d'une mission passe de 18 à 36 mois. Le signataire est tenu d'accepter les missions qui lui sont proposées dès lors qu'elles sont compatibles avec le périmètre de mobilité et les trois types d'emploi définis dans son CDI.

"La 1re année a été celle de l'apprentissage pour toutes les parties, résume Christophe Catoir, président de The Adecco Group en France. L'été 2015 a fourni un coup de pouce avec le passage à 36 mois de la durée maximale d'une mission, l'absence de délai de carence entre 2 missions sur un même poste et la possibilité de renouveler deux fois une mission. Mais cet outil de flexisécurité trouve maintenant son public. Parmi ceux qui signent un CDI intérimaire, nous voyons beaucoup de personnes en repositionnement professionnel ou de jeunes entrants sur le marché du travail qui sont prêts à mettre la prime de précarité de l'intérim de côté. En trois ans, nous aurons signé 12.000 CDI intérimaires, sur 22 à 24.000 en France, et nous accélérons encore."

Coller aux attentes du marché

Pour Christophe Catoir, le récent décollage du CDI intérimaire correspond aux évolutions qui agitent le marché du travail : "Les demandes des entreprises en matière de flexibilité ont augmenté, car elles se montrent prudentes. De l'autre côté, le fait de bénéficier d'un CDI de droit est très sécurisant pour la personne qui cherche un logement, qui fait des enfants..." Le président d'Adecco France juge également que les attentes des nouvelles générations collent bien avec le concept du CDI intérimaire :

"Ils ont une appétence pour changer régulièrement d'entreprise, leur fidélité à leur société est moins importante. Ils ne cherchent pas la sécurité à tout prix mais la possibilité de tester, et de s'arrêter quand ils ont un coup de cœur, que les méthodes du patron et le management leur plaît. Les critères se jouent là. Le CDI intérimaire est aussi mieux disant que l'intérim classique en termes de formation. 40 % de ceux qui choisissent ce statut sont diplômés."

"10 % de nos salariés sont sous statut CDI intérimaire, relève Sandrine Gobessi, directrice de la zone Nord Aquitaine Corrèze. Fin 2018, nous pensons atteindre les 20 %. Nous sommes actuellement sollicités par tous types d'entreprises : c'est un modèle qui commence à prendre, notamment auprès des sociétés qui voient des opportunités de marché s'ouvrir. Certaines voient des volumes importants de commandes et peinent à trouver des candidats."

Pôles de compétences partagées

Des entreprises qui peinent à embaucher sur les postes à pourvoir et des demandeurs d'emplois non qualifiés pour ces mêmes postes : Adecco cherche à combattre ce grand classique. C'est l'objectif des pôles de compétences partagées qu'elle met en place dans différents territoires. La structuration est la suivante : Adecco réunit plusieurs entreprises et met à leur disposition un groupe important de CDI intérimaires alternant périodes de travail dans les entreprises et moments de formation spécifiques, à concurrence de 10 % de leur temps. Une manière, toujours selon Adecco, de proposer des profils à des entreprises qui ont besoin de renforcer leurs équipes dès à présent mais qui réfléchissent aussi à la transformation de leurs organisations et aux métiers de demain. Un premier pôle autour de la logistique et du transport a été créé en Gironde, un autre autour du nautisme est envisagé.

Sur un tout autre volet, Adecco vient également de lancer, il y a quelques jours, Yoss (pour Your own boss, votre propre patron). Cette nouvelle plateforme met en relation indépendants et grandes entreprises.

"Contrairement aux Etats-Unis où la pratique est répandue, en France les acteurs ne sont pas encore très matures sur le sujet, relève Christophe Catoir. Pendant neuf mois, nous avons écouté un millier de freelances. Il en ressort qu'ils sont attachés à leur expertise, fuient l'administratif, n'ont pas envie de chasser des clients."

Sur un marché des plateformes dédiées aux indépendants qui commence à être de plus en concurrentiel, Adecco a fait le choix de les mettre en relation avec des grands groupes plus qu'avec des PME ou des startups. Yoss propose une palette de services : mutuelle, assurance responsabilité civile professionnelle, paiement accéléré...

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