Bordeaux : l'activité de rénovation de yachts dans les starting-blocks

Le cluster d'entreprises Bordeaux Super Yachts Refit espère bien effectuer ses premières prestations de rénovation de yachts dès 2018. Infrastructures, compétences, soutien politique et financier : tous les voyants sont au vert. Il ne reste plus qu'à convaincre les clients potentiels de l'attractivité du site des Bassins à flot.

Alors que le croiseur Colbert est actuellement démantelé à Bassens, Bordeaux Nord espère bien se lancer enfin en 2018 sur le segment de la réparation et rénovation - le "refit" - de yachts de luxe. Près de cinquante entreprises du secteur des Bassins à flot y travaillent depuis 2012 au sein du cluster Bordeaux Super Yachts Refit, qui pèse entre 1.500 et 2.000 emplois salariés, au gré des chantiers. Artisan du projet depuis près de dix ans, Thierrry Lausseur, le président de cette association et dirigeant de l'entreprise d'ingénierie nautique Cerenis, a mesuré le chemin accompli à l'occasion de l'assemblée générale de l'association, vendredi 17 novembre :

"Faire émerger du refit de yachts à Bordeaux était une idée folle qui devient de plus en plus une réalité tangible. Il nous faut maintenant continuer à monter en compétences et faire connaître les atouts de la place de Bordeaux."

Des infrastructures enfin opérationnelles en 2018

Du côté des infrastructures, les choses avancent. Les trois formes de radoub seront opérationnelles en 2018 et le permis de construire pour couvrir l'une d'entre elles a été délivré.

"C'est un bon départ, même si cela ne permettra pas d'accueillir toutes les tailles de yacht, se félicite Thierry Lausseur. La couverture de la forme 2 permettra de réduire les nuisances pour les riverains, c'est une très bonne nouvelle."

Les conflits de voisinage semblent d'ailleurs largement résolus par un modus operandi compatible avec les exigences d'une zone d'habitation.

Si l'activité de refit prend dans les deux prochaines années, le président du cluster table sur la création de "quelques centaines d'emplois directs" dans des métiers très variés. Les entreprises actuellement engagées dans le projet couvrent environ 80 % des 130 à 150 métiers sollicités par le refit dont, notamment, les activités portuaires, l'accueil, la peinture, la chaudronnerie et tuyauterie, le soudage, l'aménagement d'intérieur, la motorisation et des métiers comme hydraulicien, électronicien, électricien, ingénieur de mécanique des fluides et même marbrier. En fonction des premiers chantiers, des recrutements seront également à envisager sur des compétences très techniques telles que la mécanique des fluides, la supervision et la navigation embarquée.

L'attractivité par le bouche-à-oreille

L'enjeu est maintenant de convaincre des propriétaires, des capitaines et des équipages de la pertinence de l'offre développée aux Bassins à flot. "On n'est pas sur la Côte-d'Azur qui dispose de tout l'écosystème local lié au refit mais, à Bordeaux, on n'a pas de mafia", sourit Thierry Lausseur, convaincu des atouts du Port de la Lune et son accès direct au centre-ville. Outre les entreprises locales de l'industrie nautique, des ponts sont à construire, en termes de formation comme de débouchés, avec les métiers de l'aéronautique et de l'aérospatiale très présents dans la région, et fédérés autour de l'Aérocampus, alors qu'ils sont quasi-absents du Sud-Est.

"La clientèle du refit est prête à payer cher des prestations à condition que l'on soit en mesure de tenir les engagements à tous les niveaux (cahier des charges, délais, prestations, coûts, surcoûts, etc.). Il faudra être au top sur toutes les compétences", met en garde le pilote du cluster bordelais.

"Le bouche-à-oreille fonctionne beaucoup dans ce domaine, confirme Philippe Dorthe, conseiller régional (PS) qui a assisté à l'assemblée générale du cluster. En ce sens, les premières prestations seront déterminantes, elles devront être irréprochables pour faire école."

Le soutien des collectivités locales

La région Nouvelle-Aquitaine, comme Bordeaux Métropole, soutiennent le projet depuis plusieurs années aux côtés de l'association Bordeaux Super Yachts Refit et du Grand port maritime de Bordeaux. La région a ainsi débloqué 2 millions d'euros et fléché 10 millions d'euros du contrat de projet Etat-région (CPER) pour la rénovation des infrastructures. "L'enjeu pour nous est de soutenir la création d'emplois productifs à forte valeur ajoutée au sein de l'agglomération bordelaise, c'est très important à nos yeux", fait valoir Philippe Dorthe, fervent soutien du projet et également conseiller général du canton.

Lire aussi : Le CESER au chevet des ports de Nouvelle-Aquitaine

Du côté de la Métropole, Virginie Calmels, vice-présidente (LR) en charge de l'attractivité économique, a fait un passage éclair à l'issue de l'assemblée générale pour affirmer son soutien : "Il s'agit d'une vraie filière d'avenir qui fait partie intégrante de l'histoire économique de Bordeaux. Quant aux intérêts divergents entre riverains et entreprises, je suis également convaincue que cette activité peut se développer en bonne intelligence."

Fort de tous ces signes positifs, l'activité de refit a donc les moyens de se concrétiser l'an prochain et ainsi de constituer une nouvelle facette de la réappropriation de la Garonne par Bordeaux.

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