Codirigé par les frères Eric et Michel Sarrat, le groupe GT, centré sur la location de véhicules avec chauffeurs (GT Location) et les prestations logistiques (GT Logistics), sans oublier la formation de conducteurs, a réalisé un chiffre d'affaires consolidé de 187,5 M€ en 2016, avec 2.400 salariés. Le groupe, diversifié dans l'immobilier et l'intérim, spécialisé dans l'externalisation des flottes de transport et les prestations à façon, intervient historiquement dans de nombreux secteurs d'activité (agriculture, BTP, cosmétique, industrie, santé, distribution...) et s'est développé dans plusieurs niches, dont celle de la logistique en sécurité sanitaire.

C'est ainsi que depuis 2005 GT Logistics est titulaire d'une habilitation nationale qui l'autorise, sur instruction du ministère de l'Agriculture, à euthanasier n'importe où en France les élevages de volailles en cas d'épizootie d'influenza aviaire. Le groupe girondin a créé début 2016 la coentreprise GT Dauga, à Hagetmau (Landes), spécialisée dans le transport de palmipèdes à foie gras (canards, oies) : activité probablement appelée à connaître un virage historique à la suite des deux dernières vagues de grippe aviaire.

30 M€ d'investissements en 2016

"La crise aviaire a eu un impact sur GT Location mais nous avons le dossier euthanasie, qui a une dizaine d'années d'existence et qui est monté en charge avec les épizooties de grande ampleur de 2016 et 2017. Plus globalement, les deux branches du groupe vont bien. GT Location a eu un début d'année 2016 un peu difficile, avec un recul du chiffre d'affaires de 2 % au premier trimestre, mais a fini l'année en hausse de +7,7 %, avec une activité de 121 M€", détaille Eric Sarrat, qui a accepté de parler de GT Location, qui emploie 1.700 salariés, au nom de son frère Michel.

GT Location a notamment souffert début 2016 d'une baisse d'activité dans le BTP, qui s'est redressée fin 2016 et début 2017, éclaire Michel Sarrat. Et puis GT Location a développé une toute nouvelle activité dans la collecte de déchets d'équipements électriques ou électroniques. L'activité de GT Logistics (700 salariés) a quant à elle souffert de l'arrivée à terme des contrats avec l'industriel canadien Tembec, à Tartas (Landes), qui se définit comme un bio-raffineur, et Na Pali, à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), filiale européenne de l'ex-groupe Quiksilver, devenu Boardriders.

"Avec la fin de ces contrats nous avons perdu 30 % de chiffre d'affaires fin 2015. Mais notre activité a rebondi en 2016 où elle a progressé de +4,3 %, à 53 M€, avec une très bonne rentabilité. GT Logistics a été boosté par les opérations d'euthanasie dans le cadre de la grippe aviaire, mais même sans cela nous étions encore au-dessus des prévisions. En 2016 nous avons réalisé une année record en terme d'investissements, avec 30 M€", relève Eric Sarrat, qui table sur une croissance du chiffre d'affaires de +5 à +7 % en 2017.

GT en plein virage digital

Le patron de GT Logistics ne donne pas de détails chiffrés mais annonce que le groupe va poursuivre un important programme d'investissements d'ici à 2020, qui pourrait inclure des opérations de croissance externe à l'étranger, pour accompagner les clients. En attendant GT a entamé une nouvelle révolution. Après être entré début 2016 au capital de la startup bordelaise Humarobotics, qui distribue des robots industriels américains, dont l'unité collaborative Sawyer, GT a entamé un virage technologique.

Vue du robot collaboratif Sawyer (DR).

"Nous nous sommes lancés dans la digitalisation du groupe depuis moins d'un an. Nous avons rejoint le programme "Usine du futur", de la région Nouvelle-Aquitaine, et l'UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie, NDLR) pour son programme de formations sur l'usine du futur", éclaire Eric Sarrat. Le virage numérique du groupe va beaucoup plus loin puisque GT a également développé l'an dernier des innovations numériques pour sa clientèle, en particulier industrielle.

"GT Logistics a lancé en octobre dernier le configurateur logistique, qui permet à un acheteur ou à un logisticien d'évaluer plus facilement le coût d'une démarche d'externalisation. Au lieu de passer un à trois mois à établir ce prix, qui inclut des tas de paramètres, comme la surface moyenne en mètres carrés par machine, notre configurateur logistique permet de l'obtenir en 24 heures", se félicite Eric Sarrat.

"Cap 2020" à GT Logistics

L'autre innovation développée à Bassens est une application sur smartphone très sécurisée, baptisée "Follow GT", qui permet aux clients d'avoir un nouvel outil de traçabilité. Le groupe GT travaille aussi sur le développement d'une nouvelle prestation de service reposant sur la réalité augmentée pour organiser des visites virtuelles de sites sensibles "sur lesquels le niveau de sécurité est élevé". Autre grand changement interne : l'évolution de la gouvernance. Eric Sarrat n'est pas du genre à se tenir éloigné de l'entreprise qu'il codirige avec son frère Michel dans un binôme qui a entièrement remodelé le groupe familial qui a vu le jour en 1919.

"L'an prochain je fêterai mes 50 ans d'activité. J'aurais 70 ans dans un an et demi et je me suis engagé par écrit à prendre du champ par rapport à l'opérationnel, bien sûr je continuerai à essayer de vivre l'entreprise...", observe en souriant le patron de GT Logistics. Cette filiale du groupe GT lance cette année le programme "Cap 2020" qui veut renforcer l'accompagnement de la clientèle industrielle par des prestations dédiées au travers de deux axes stratégiques : "l'esprit de conquête et le management participatif". Ce programme répond en quelque sorte à l'initiative impulsée depuis 2012 à GT Location, avec le programme de management participatif baptisé "Vision", qui vise à accompagner les clients "dans la recherche de performance en construisant une relation durable, humaine et innovante". Si c'est encore un peu loin, Eric et Michel Sarrat commencent à penser à la célébration des 100 ans du groupe, en 2019, qui devrait mobiliser tous les salariés.