Objets connectés : Wistiki lève 4 M€

Par Céline Lanusse  |   |  701  mots
Les cofondateurs de Wistiki avec Philippe Starck, qui dessine les trackers permettant de retrouver ses objets perdus.
La société parisienne Wistiki, qui fait fabriquer en Nouvelle-Aquitaine certains composants de ses trackers permettant de retrouver ses objets perdus, vient de finaliser une levée de fonds de 4 M€, dont une campagne record de 2 M€ sur la plateforme Anaxago. Objectif : se développer aux Etats-Unis et en Asie notamment, et lancer un nouveau produit designé par Philippe Starck.

La société Wistiki, qui met au point des petits trackers bluetooth qui permettent de retrouver ses objets perdus (clés, smartphone, sac à main...) vient d'annoncer une levée de fonds record. En octobre 2016, la campagne sur Anaxago s'est montée à 1 million d'euros en quelques jours avec une liste d'attente d'investisseurs. Le relèvement du plafond des levées de fonds réalisées sur les plateformes agréées de 1 à 2,5 M€, à l'initiative d'Emmanuel Macron lorsqu'il était ministre de l'Economie et dont le décret a été publié fin octobre, a permis à Wistiki d'ouvrir de nouveau son capital pour quelques jours sur Anaxago en février dernier. L'entreprise a finalement levé 2 millions d'euros auprès de 195 investisseurs privés rassemblés au sein d'une holding d'investissement intermédiaire, actionnaire à hauteur de moins de 3 % du capital de la société.

Cette campagne s'inscrit dans une levée de fonds globale d'un montant de 4 millions d'euros pour Wistiki, qui s'est réalisée en 2 tranches de 2 M€ euros chacune (en octobre 2016 puis février 2017) sur une valorisation de l'entreprise à 30 M€. De nombreux actionnaires ont rejoint l'aventure à cette occasion : la famille Bouygues, Xavier Niel (Free), Stéphane Richard (Orange), Fabrice Brégier (Airbus) ou encore la compagnie d'assurance SCOR - "Cela a du sens puisque nos trackers réduisent le risque de perdre les objets auxquels on tient, donc ça intéresse aussi les compagnies avec le pari à moyen terme de pouvoir modifier les contrats d'assurances", explique Bruno Lussato.

Nés avec le crowdfunding

Au terme de cette opération, les trois fondateurs de la société restent majoritaires dans le capital de la société, le reste étant réparti entre une trentaine d'actionnaires. La société créée en 2014 par les trois frères Lussato n'en est pas à son coup d'essai puisqu'elle a déjà levé des fonds en 2014 sur Mymajorcompany (80.000 €), plateforme sur laquelle elle a lancé une nouvelle campagne en 2015 (275.000 €) avant de récolter 300.000 € l'an dernier au Japon sur Motion Gallery (30 millions de yens en 2016).

"Nous avons un vrai historique de crowdfunding, nous sommes nés avec ça en France, rappelle Bruno Lussato, cofondateur de la société. Au Japon, notre campagne a rapporté 300.000 € en précommande. Cela faisait aussi office d'étude de marché pour ce pays. Aujourd'hui nous sommes présents là-bas de la même façon qu'en France, par le biais de distributeurs équivalents à ce que sont les Darty ou Boulanger. Les ventes démarrent plus vite qu'en France et c'est pour cela que l'on s'intéresse désormais à la Corée du Sud, qui a des comportements de consommation très proches du Japon."

Bientôt la Corée du Sud et les Etats-Unis

Les fondateurs de la société, considérant que l'étourderie n'est pas une spécificité française, ne cachent pas leurs ambitions internationales pour leurs objets designés par Stark, à commencer donc par la Corée du Sud, mais aussi aux Etats-Unis. Wistiki, présente pour la troisième année sur le CES Las Vegas où elle a amené cette année ses 25 salariés, est en discussions avancées avec des distributeurs américains.
La société, qui ne veut pas communiquer sur son chiffres d'affaires et consent tout juste à annoncer des centaines de milliers de ses porte-clés connectés vendus, revendique 1 million de fans sur Facebook.

"Notre objectif est que la plupart des gens puissent se l'offrir. Aujourd'hui cela coûte moins de 50 €. L'objectif est d'en vendre des dizaines de millions, nous considérons que nous ne sommes qu'au début de notre marché."

La société ne prévoit pas de recrutements dans l'immédiat. Elle fait fabriquer ses produits exclusivement en France, dans différentes entreprises, pour un équivalent qu'elle estime à une centaine d'emplois. Dans la région, elle fait appel aux services de BMS Circuits à Mouguerre pour ses composants électroniques ainsi qu'à ALS à Marmande, qui intervient sur la partie packaging.

Une autre partie des fonds levée va être affectée à la R&D. Un tracker format carte de crédit de 1 mm d'épaisseur, destinée à intégrer les portefeuilles, passeport, etc., également designé par Philippe Starck, sortira en fin d'année.