Xavier Lazarus, Elaia Partners : "Je ne crois pas au heureux hasard dans la réussite entrepreneuriale"

Cofondateur du fonds d'investissement Elaia Partners dédié à l'économie de rupture, Xavier Lazarus sera l'un des invités d'honneur de Biznext Bordeaux, organisé par La Tribune le 8 décembre prochain. Dans cette interview, il donne sa vision du risque dans l'entrepreneuriat et pourfend la notion d'"heureux hasard" qui expliquerait la réussite. Il cite également les parcours qui l'ont marqué.

Tout d'abord chercheur au Laboratoire d'arithmétique et géométrie algébrique de l'Université Paris-Sud, Xavier Lazarus crée Cred-M, une entreprise dans le secteur des logiciels éducatifs, vendue en 1999 à Odile Jacob, une maison d'édition de livres. Il rejoint alors le groupe CPR pour y créer et animer l'activité capital-risque dans le secteur des technologies logicielles et de l'Internet. Suite au rachat de CPR par Crédit agricole, il devient directeur d'Investissement dans le pôle fonds propres du Crédit agricole. Il co-fonde ensuite en 2003 Elaia Partners, fonds de venture capital indépendant focalisé sur l'économie numérique. Elaia gère aujourd'hui plus de 135 M€ et investit dès les stades de l'amorçage dans des sociétés à fort potentiel et centrées sur l'économie de rupture, dès les premiers tours de financement et jusqu'à l'émergence de leaders internationaux. La société compte dans son portefeuille des entreprises de stature mondiale telles que Criteo, Teads, Mirakl, Sigfox...
Xavier Lazarus est également membre du board de France Digitale. Il sera l'un des invités de Biznext le 8 décembre à Bordeaux à l'occasion d'une keynote sur la prise de risque des entrepreneurs. Découvrez le programme de la soirée et inscrivez-vous pour venir l'écouter !

Xavier Lazarus, quel est votre rapport au risque dans l'entrepreneuriat ?

"C'est devenu une banalité de le dire : entreprendre, c'est risqué. Mais c'est quoi, le risque ? C'est tenter sa chance. C'est quoi la chance ? Le fameux « heureux hasard » qui feraient que certains réussissent et pas d'autres ? Je pense plutôt que la réussite est le produit d'une longue série de risques pris, de décisions difficiles. Ce qui importe, ce n'est pas de prendre des risques inconsidérés, c'est de tenter sa chance. D'essayer, d'y croire, de gérer le risque et de faire en sorte qu'il ne tue pas. J'adore ce slogan génial de La Française des jeux qui dit : « 100 % des gagnants ont tenté leur chance », on peut tout à fait l'appliquer à la réussite entrepreneuriale.
Je ne crois pas au « heureux hasard » qui entraîne la réussite d'une boîte, comme je ne vénère pas l'échec : c'est nul et ça fait mal. Mais je considère qu'il faut accepter l'effort, le coût personnel et donc la prise de risques qu'implique l'aventure entrepreneuriale. L'expérience naît des échecs qui vous construisent, pas des réussites."

Votre métier est d'investir et d'accompagner des startups à gros potentiel dans l'univers numérique. Les plus connues sont Criteo, Sigfox... que vous avez détectées très tôt. Quels sont les profils qui vous ont marqué récemment et qui ont su prendre les bons risques, justement ?

"Je pense à Shift Technology, dans laquelle Elaia Partners a investi et qui est spécialisée dans la détection de la fraude à l'assurance. Ce sont des gens, assez jeunes, qui fournissent une solution informatique de détection des cas suspects. Le lien avec eux s'est fait grâce à un bon ami qui travaille chez Goldman Sachs à Londres et qui m'a raconté : "Je viens de proposer un pont d'or à un de nos stagiaires pour qu'il soit embauché à l'issue de son stage et non seulement il a refusé, mais il est parti avec un bout de l'équipe !" Leur projet était insensé : s'appuyer sur la modélisation mathématique du raisonnement des gestionnaires et investigateurs anti-fraude, et demander aux assureurs de donner leurs données.
C'est ce qui me plaît : ils ont refusé un job de rêve pour des jeunes diplômés avec leur profil, ils avaient le choix du roi, mais ils ont choisi de devenir sous-smicards, mais dans leur propre entreprise et pour développer leur idée. Et ils viennent de lever 10 M$ et sont en train de réussir leur pari !
L'autre profil qui m'a toujours marqué, c'est Xavier Niel. Il a toujours tout risqué, même quand il était bien installé. A chaque fois, il a gagné. Il n'est jamais devenu rentier. Après avoir réussi dans le fixe, il a réussi dans le mobile, jusqu'à créer quelque chose d'énorme car il a eu le courage de prendre des risques."

Certains s'alarment de la fuite de certaines pépites vers les Etats-Unis. Quelle est votre opinion ?

"Je ne pense pas qu'on puisse véritablement parler de fuite. La plupart de celles qui ont investi aux Etats-Unis y sont allés parce qu'elles souhaitaient y performer et pas comme un point d'ancrage permettant de partir à la conquête du monde. Quand Criteo s'est installé aux Etats-Unis, c'est pour mieux couvrir le marché américain avant tout. Tout simplement parce que c'est le plus grand marché mondial, c'est là qu'on trouve les plus grandes banques, les plus belles opportunités de marché, un écosystème sans pareil."

Vous êtes d'accord avec le président Europe de Google, Carlo d'Asaro Biondo, qui dit qu'elles partent parce que l'Europe n'est pas assez harmonisée ?

"Pour des entreprises BtoC, il est vrai que l'Europe n'est un marché unique que sur le papier. C'est surtout une multitude de petits marchés qu'il faut attaquer au cas par cas et qui, réunis, ne pèsent que 2/3 du marché américain."

La 2e édition de Biznext Bordeaux aura lieu le 8 décembre à partir de 17h30 au Centre de congrès de la Cité mondiale. Cet événement est dédié à l'économie de demain et donne la parole à de nombreux intervenants à travers des keynotes, masterclass... avant une remise de prix. Découvrez le programme ici et inscrivez-vous ici !

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Commentaire 1
à écrit le 14/11/2016 à 11:09
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En effet sans réseau important acquis dès/par la naissance aucun individu ne peut réussir à pérenniser son entreprise aussi doué soit il. Il ne faut pas s'étonner ensuite par contre du profond manque de dynamisme de nos décideurs économiques c'es...

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