Champeil rassuré par cette bonne rentrée post-Brexit

Dans un contexte où l’inquiétude des marchés porte d’abord sur des enjeux politiques, "La Lettre des gérants", publiée à Bordeaux, voit la rentrée sous de bons auspices, malgré un risque de volatilité.
L'issue du 1er round du Brexit rassure les investisseurs mais le match n'est pas fini pour autant.

L'avant-dernière livraison de la "Lettre des gérants", datée de juillet, publiée par Champeil asset management (CAM), société bordelaise en gestion de portefeuille, était placée sous le signe du Brexit, avec un choc violent à l'appui sur les marchés boursiers. Malgré ce coup de vent inquiétant Axel Champeil, PDG de CAM, ne croyait pas à l'imminence d'un krach et jusqu'à présent les faits lui ont donné raison. Comme la sortie du Royaume uni de l'Union européenne promet d'être organisée et qu'elle a été renvoyée à un prudent moyen terme, le risque d'un cataclysme économique et politique s'est éloigné d'autant.

Une évolution positive sur laquelle s'ouvre la "Lettre des gérants" datée de septembre. Dans ce contexte rassurant Axel Champeil appelle toutefois à la prudence, les modalités de sortie, qui ne sont pas encore connues, étant susceptibles "d'avoir un léger impact sur la croissance", même si cette incertitude "in fine" pourrait être bénéfique "pour l'Europe continentale et la France". Les tests de stress imposés cet été aux banques européennes ont rassuré Axel Champeil, qui souligne qu'ils "se sont révélés bons, notamment pour les banques françaises".

Des préoccupations politiques

Il ne semble pourtant pas exagéré de se montrer inquiet à l'égard des banques italiennes, au premier rang desquelles la Monte dei Paschi di Siena, qui vient de faire l'objet d'un plan de sauvetage, avec cantonnement des créances douteuses et augmentation de capital de 5 Md€. Pas assez pour perturber les augures. Le patron de CAM place ainsi cette rentrée sous le signe de l'optimisme et prévoit une remontée du CAC 40 à son niveau de début d'année, "soit une hausse supplémentaire d'environ 5 % par rapport aux cours actuels".

La remontée des taux d'intérêts aux Etats-Unis reste une de ses attentes fortes même si, "compte tenu du passé, cela ne devrait pas se faire brutalement et serait signe de bonne nouvelle sur les fondamentaux de l'économie américaine", semble prier Axel Champeil. Il est notamment convaincu que cette hausse enclencherait une appréciation du dollar, favorable à l'euro. Difficile de parler de calme plat mais les marchés n'auraient selon "La Lettre des gérants" pas d'autres préoccupation à l'heure actuelle que celle de la politique. Il est vrai que dans ce domaine la barque est chargée, avec les élections présidentielles aux Etats-Unis, et "le programme controversé du candidat Républicain Donald Trump".

Un risque de volatilité

De ce côté de l'Atlantique, Axel Champeil situe le risque dans "la défense du projet politique européen, fragilisé par le Brexit, la crise migratoire, la multiplication des attaques terroristes et la fragilité économique de certains pays et leur impact sur l'euro". Autant de sujets susceptibles d'inquiéter les marchés et de les rendre instables, avec des pics de volatilité. En Bourse beaucoup de choses sont possibles, y compris le stockage de l'instabilité. Il vaut mieux en l'occurrence parler de potentiel de volatilité. Mais comme ce potentiel peut se mesurer Axel Champeil n'hésite pas à trancher.

"Nous rappelons que nos marchés disposent d'une réserve de volatilité particulièrement importante du fait de l'abondance de liquidités sur les marchés financiers", prévient-il.

Rappelons qu'a minima les marchés financiers se composent des marchés de capitaux (actions, obligations) et du marché monétaire, où des intervenants, comme les banques centrales, les banques privées, voire des entreprises, achètent et vendent des monnaies (emprunts, placements), qu'il s'agisse de dollars, d'euros, de yens ou de francs suisses...

Rester suffisamment liquide

En rachetant de gros paquets de dettes souveraines en Europe, dans le but de soutenir l'économie, la Banque centrale européenne a généré d'importantes liquidités qui sont venues sur les marchés financiers gonfler celles produites par "l'augmentation des prises de risque des investisseurs dans l'environnement de taux bas" analyse "La Lettre des gérants". Voilà où se trouve "la réserve de volatilité particulièrement importante" pointée par le PDG de CAM. Du point de vue de nombreux investisseurs cette "réserve de volatilité" ressemble à un énorme barrage en plâtre censé retenir des milliards de mètres cubes d'eau, et d'après eux cela ne va pas tenir.

C'est pourquoi une pointe d'inquiétude perce dans "La Lettre des gérants" de septembre 2016, "nous assistons à une forte crainte des investisseurs de toute catégorie, vis-à-vis de la volatilité, qui tentent de s'en affranchir en privilégiant des placements à liquidité réduite, voire inexistante" alerte ainsi Axel Champeil. Ce dernier estime que ces placements, qu'il s'agisse d'immobilier, de financement privé (hors Bourse et hors banque) d'entreprise ou encore de certains types d'obligations, sont dangereusement peu liquides, surtout en cas de remontée des taux d'intérêts, et juge qu'il est pour les investisseurs "préférable de privilégier la liquidité au prix d'une certaine volatilité".

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