Conjoncture : Champeil craint qu’en mai Halloween n’ait le dernier mot

Les orientations générales de l’économie et des finances sont bonnes mais encore fragiles. Les marchés actions devraient tirer leur épingle du jeu, à moins que la Bourse ne soit victime de l'indicateur d’Halloween.
Malgré l'échec des négociations pour geler la production, rien ne semble pouvoir arrêter la remontée du prix du baril de pétrole (dépôt pétrolier du groupe saoudien Aramco)

Dans la "Lettre des gérants" datée du mois de mai Axel Champeil, PDG de Champeil Asset Management (CAM), à Bordeaux, société de gestion de portefeuille, se félicite de la bonne orientation des indicateurs macroéconomiques (consommation des ménages, produit intérieur brut...) à l'issue du 1er trimestre 2016. Il observe ainsi "force est de constater que la croissance repart en Europe, France incluse".

Axel Champeil se plait même à rêver que "la pause dans la hausse du chômage" enregistrée dernièrement en France soit la manifestation d'un point d'inflexion à la baisse et même que l'économie puisse être sur la voie d'une "croissance durable". Le PDG de Champeil estime avoir également bien anticipé "l'impact positif de la politique monétaire et de la baisse des coûts énergétiques". Malgré l'échec le 17 avril dernier, à Doha, des négociations sur le gel de la production de pétrole entre pays producteurs membres et non membres du cartel de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), plus rien ne semble pouvoir enrayer la hausse du prix du baril.

Le pétrole remonte

 Depuis le 11 février dernier le prix du baril de pétrole WTI (West Texas Intermediate) -standard de la fixation du cours du brut aux Etats-Unis- est ainsi passé de 27,24 $ à 46,41 $ le 12 mai, soit une hausse de 71 % ! Tandis que le prix du baril de Brent (mer du Nord) a grimpé de 27,81 $ le 20 janvier, son plus bas depuis le début de l'année, à 47,90 $ le 12 mai, soit une hausse de 74 %... On voit ainsi que l'échec des négociations à Doha n'a eu qu'une infime incidence sur cette tendance ascendante, qui est portée par de puissants moteurs cachés sous le capot. Une remontée pétrolière qui a poussé les marchés à la hausse et détendu l'atmosphère.

"On rappelle d'ailleurs que la forte corrélation des marchés au prix du pétrole au cours des derniers mois, concentrait l'ensemble des craintes des opérateurs" souligne Axel Champeil, d'autant qu'il estime en plus que "les craintes en provenance de la Chine semblent s'être apaisées avec un rebond des principaux indicateurs au cours des dernières semaines".

Les bons moteurs européens

 Pour autant, si les marchés sortent d'un 1er trimestre chaotique et retrouvent leur niveau de début d'année, la situation reste fragile selon plusieurs institutions, comme la Commission européenne(CE) ou le Fonds monétaire international (FMI), cite Axel Champeil, qui annoncent un ralentissement de la croissance pour les prochains trimestres et une faiblesse mondiale. Le patron de CAM observe toutefois que les marchés sont restés sourds à ces prévisions négatives probablement, pronostique-t-il tout d'abord, à cause de l'importante quantité de liquidités disponibles. Ensuite parce que "les moteurs de l'économie" n'ont aucune raison de lâcher prise en Europe, au moins à court terme. Reste qu'Axel Champeil tient rigoureusement compte des avertissements du FMI ou de la Banque Mondiale, justifiés en particulier par le poids des dettes publiques. Il n'en reste pas moins que le gestionnaire maintient son anticipation inflationniste formulée dans la précédente "Lettre des Gérants" et que le rebond des cours du pétrole est selon lui une bonne nouvelle.

L'indicateur d'Halloween

 Malgré toutes ces bonnes nouvelles, Axel Champeil reste circonspect quant à l'évolution des marchés, qu'il voit encore en proie à une forte volatilité, parce que "si l'Europe semble repartir, les États-Unis quant à eux fléchissent", sans oublier les risques de sortie de l'Union européenne qui planent au-dessus de la Grèce et du Royaume-Uni. Autant d'éléments déstabilisateurs qui pourraient provoquer de nouvelles faiblesses sur les marchés. Sans pour autant entamer l'optimisme d'Axel Champeil, qui voit déjà dans ces futures baisses autant de points d'entrée avantageux sur le marché. A condition toutefois que "l'indicateur d'Halloween", qui veut que chaque année c'est entre le 31 octobre (Fête d'Halloween) et le mois de mai que la valeur des actions cotées en Bourse s'engraisse le plus et qu'il faut donc se dépêcher de solder ses comptes boursiers au premier muguet ("sell in may and go away"), ne se vérifie une fois encore... Car quand tout le monde vend, la Bourse chute.

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