Foire de Bordeaux : fin du show, retour du business

Même si les chiffres (fréquentation, CA) se maintiennent et font de la Foire internationale de Bordeaux un acteur national majeur du secteur, son organisation, CEB, entame dès cette année un changement stratégique majeur. Le business y reprend ses lettres de noblesse. Explications.
L'offre commerciale, les démonstrations, l'innovation redeviennent les principaux moteurs de la Foire internationale de Bordeaux.

Faire table rase du proche passé pour... revenir aux fondamentaux de ce qu'auraient toujours dû rester les foires : des lieux de commerce, de démonstrations et d'innovations. C'est, à partir de l'édition 2016 (14 au 22 mai) et à l'horizon de deux ou trois ans, l'objectif prioritaire de Congrès et Expositions de Bordeaux (CEB). Accompagné par le consultant Thibault le Carpentier, du cabinet Obsand, et dans la droite ligne d'une vidéo récente du ministre Emmanuel Macron vantant les vertus économiques des foires françaises, CEB anticipe l'évolution de son business.

"Les études menées par notre syndicat Unimev, l'Union française des métiers de l'évènement, concordent toutes. Les foires françaises, et notamment la Foire internationale de Bordeaux, sont de formidables outils économiques, explique Eric Dulong, mais qui le demeureront uniquement si on fait évoluer leur format et leur image", ajoute le président de CEB.

En 9 jours, le CA... annuel d'un hyper de 12.000 m2

"Oui, la Foire internationale de Bordeaux, comme celle de Paris, Marseille ou encore Lyon, reste une belle machine économique", renchérit Thibault le Carpentier. "Bordeaux, c'est 100 M€ de chiffre d'affaires en neuf jours, ce qu'un hypermarché de 12.000 m2 fait en un an ! Mais attention, d'autres foires sont mortes ou presque, comme St-Etienne, ou plus près de nous Périgueux, parce qu'elles ont évolué vers des modèles où l'évènement, le concert, l'expo... était le moteur du trafic. A Périgueux, on a payé Lego pour faire venir du monde... cela s'est traduit par 17 % de public en plus, mais moins d'affaires car il faut privilégier l'acheteur dont on sait que le panier moyen s'élève en moyenne à 600 € (480 € à Bordeaux) aux dépens du visiteur."

Depuis une quinzaine d'année, cet expert qui travaille, notamment, pour l'enseigne américaine Walmart, scrute les foires et leur évolution. Pour lui le constat est sans appel :

"Les consommateurs ont changé. Le grand commerce ne l'a pas compris encore et voit son CA reculer de 10 % entre 2014 et 2015. Les Foires doivent rester, ou redevenir, des espaces d'achats éphémères, originaux, innovants présentant une offre diversifiée et qualitative. La foire a cinq fonctions : la vente, la présentation d'une offre, la relation-client, l'innovation et la co-création."

"Le côté ludique et festif n'est plus la priorité"

Bordeaux, qui voit son activité stagner, ce qui est plutôt une bonne performance par rapport au secteur de la foire, souhaite donc anticiper les possibles difficultés rencontrées par d'autres en déployant un plan d'actions et de moyens autour de trois axes : l'offre marchande, le merchandising et la communication.

"Nous devons, pour nos visiteurs et nos exposants, retrouver les fondamentaux commerciaux de la foire mais aussi se souvenir que c'est un évènement qui doit être une vitrine du produit  innovant par excellence. C'est un lieu de démonstration, un moment qui doit soutenir les projets d'achats de ses visiteurs !", rappelle Frédéric Espugne-Darses, directeur du pôle évènements de CEB.
"Le coté ludique et festif de la Foire internationale n'est plus la priorité. Nous remettons l'offre commerciale en avant ! Nous redevenons un média qui a pour mission de développer le business", ajoute le directeur du pôle évènement.

Une annonce qui se traduit dans les faits par une progression de 5.000 m2 de la surface dévolue aux exposants qui atteindra au total 68.000 m2 net de surface de stands en 2016.
Le pavillon international qui aura pour invité l'Amérique Latine et verra au fil des ans son offre renouvelée pour représenter, à terme, ce qu'est vraiment l'économie mondiale, offrira +25 % de surface et d'offre marchande. La partie consacrée aux démonstrations de produits progressera de 50 %. La présence des métiers de l'artisanat sera renforcée et concernera tous les métiers de l'artisanat.
Si la Foire internationale de Bordeaux, selon son président, "n'était pas totalement tombée dans le piège fatal du ludique et du spectacle", elle va quand même se réinventer d'ici deux ou trois ans.
On l'a compris, désormais, CEB ne fera plus une fixette sur le nombre de visiteurs. Seul compte désormais pour l'organisateur d'une foire qui lui rapporte 6 M€ chaque année le compteur du nombre d'acheteurs.

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