Biotech : comment Fermentalg passe à l’ère industrielle

Recruté en août dernier en tant que DAF par Pierre Calleja, le fondateur de Fermentalg, biotech girondine spécialisée dans la production industrielle de micro-algues, Andrew Echatti, vient de prendre sa direction générale. Une décision du conseil d’administration… présidé par Pierre Calleja, qui illustre la métamorphose d’un labo qui vise désormais le statut d’industriel.
Fini les mini lignes de production du labo (ici), désormais Fermentalg se transforme pour passer à l'ère industrielle dans la production de microalgues.

Elle a tout d'une future grande, mais pour cela, elle doit se structurer. La biotech libournaise Fermentalg a été fondée en 2009 sur une idée de génie, un process unique de culture de microalgues par mixotrophie à dominante hétérotrophe. Cette technique mise au point par une poignée de chercheurs a donné naissance, sous la houlette de l'un d'entre eux, Pierre Calleja, à la société Fermentalg dont le but consiste, depuis sa genèse, à passer de la phase d'essais à la transformation industrielle de ce process révolutionnaire.
A l'issue de plusieurs levées de fonds et d'une introduction en bourse qui lui permet aujourd'hui de disposer d'une trésorerie très confortable (environ 30 M€), la société installée à Libourne s'est développée et a pu en 2015 lancer la construction d'une usine pilote de 20 M€ qui sera opérationnelle dès cette année 2016 et dont la production se positionnera, notamment, sur le marché, estimé à 1 Md€/an en Europe, des Omega 3.
C'est précisément pour réussir le virage qui doit lui permettre de passer sans encombre du statut de laboratoire porteur d'espoir à industriel qui confirme son potentiel que la société Fermentalg s'est mise en ordre de bataille.

Explications Vs craintes

Le 14 décembre, quelques jours seulement avant que son président et fondateur, Pierre Calleja, soit récompensé du prix Jean de Feytaud par l'Académie des sciences et belles lettre de Bordeaux, les administrateurs ont confié la direction générale à Andrew Echatti, arrivé dans la société en août dernier en tant que directeur administratif et financier.
Selon nos informations, cette prise de commande a inquiété en interne.
Afin de désamorcer les craintes, Andrew Echatti, sollicité par La Tribune Bordeaux, a accepté d'évoquer l'organisation mise en place désormais.

"C'est Pierre Calleja lui-même qui m'a recruté. Il n'est certes plus Pdg de Fermentalg mais reste président du conseil d'administration et détient environ 10 % de l'actionnariat de la société. Si les administrateurs ont décidé de dissocier la fonction de président du conseil d'administration de celle de directeur général, c'est  que nous vivons une période de transformation radicale avec la mise en service programmée cette année de notre usine de Libourne. Nous nous structurons pour livrer des échantillons et des molécules aux industries que nous souhaitons adresser."

La première usine de Fermentalg entrera en service à Libourne (Gironde), près de Bordeaux, cette année.

Une structuration qui n'est pas sans bousculer les habitudes...

"Il est normal qu'en interne notre façon de piloter interroge. Nous avons réuni les employés, expliqué notre vision. Celle de Pierre Calleja était fantastique, mais nous passons d'une gestion de fondateur à une gestion financière."

"2016, année charnière"

C'est précisément cette étape qui ne passe pas toujours très bien.

"Cela bouscule les habitudes, c'est vrai. Un service RH se met en place, les évaluations annuelles aussi. Nous vivons une année 2016 charnière. Les scientifiques doivent savoir manager, ce n'est pas toujours simple à faire comprendre..."

Bref, sous la houlette du conseil d'administration, Andrew Echatti met en place une véritable culture du résultat au sein de Fermentalg.
La méthode de ce dernier rompt sans doute un peu avec celle du créateur Pierre Calleja, et c'est certainement ce qui interroge en interne. Mais au moment de son introduction en Bourse en avril 2014 qui lui avait permis de lever 40,4 M€, Fermentalg avait pris des engagements, notamment sur son développement industriel. Aux ordres du conseil d'administration dans lequel figurent Bpifrance, la Région et l'Etat, Andrew Echatti entend bien les tenir.

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Commentaires 5
à écrit le 21/04/2016 à 14:08
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Les rendements phénomènaux in vivo, c'est très bien, mais le naturel revient au galop... comment maintenir à peu de frais des gros fermenteurs très longtemps exempts de virus bactéries bacteriophages etc etc etc destructeurs d'équilibre optimal indus...

à écrit le 13/03/2016 à 17:20
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Le principe de Fermentalg : La mixotrophie à dominante hétérotrophe. "La mixotrophie à dominante hétérotrophe consiste à introduire une composante lumineuse de faible intensité et de courte durée. Comme en hétérotrophie, le substrat organique n...

à écrit le 23/01/2016 à 2:37
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Ca va être compliqué, l'utilisation de lumière artificielle est 4 à 5 fois plus chère que celle du sucre, la mixotrophie c'est bien, mais surtout pas pour faire des huiles, du sucre 100% suffit.....mince, ce serait pas ce que fait déjà Roquette, DSM,...

à écrit le 20/01/2016 à 17:38
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Il est certain qu'un changement de gouvernance peut inquiéter, reste à savoir si ce changement n'est pas un message des investisseurs pour redresser une société qui n'en finit pas de faire des promesses, sans présenter de réussite concrète. Le fondat...

le 22/01/2016 à 9:23
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Tout à fait d'accord!!!

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