Révolution numérique : quelles conséquences pour les entreprises ?

Le Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) d'Aquitaine a rédigé un rapport sur l'impact de la révolution numérique, afin de mettre en évidence sa dimension stratégique. Il propose une série de mesures comme la création d'un fonds pour accompagner les entreprises transformant leur modèle économique, ou encore le lancement d'un forum permettant d'expérimenter et de mieux appréhender cette révolution numérique.
Nuage de mots clés du dernier rapport du Ceser sur la révolution numérique

Uberisation, objets connectés, mégadonnées ou encore omniprésence des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) : aujourd'hui, la représentation numérique du monde s'impose à toutes les composantes de la vie économique et perturbe le jeu des acteurs en place.

Le Conseil économique, social et environnemental régional d'Aquitaine a rédigé un rapport sur l'impact de la révolution numérique, afin de mettre en évidence sa dimension stratégique et inciter les entrepreneurs à se préparer aux mutations qu'elle apporte.

Pour le Ceser, la transformation numérique est inéluctable et constitue un atout dont il faut maîtriser les retombées. Il rappelle que les collectivités territoriales ont leur rôle à jouer, en proposant une série de mesures comme la création d'un fonds pour accompagner les entreprises transformant leur modèle économique, ou encore le lancement d'un forum permettant d'expérimenter et de mieux appréhender cette révolution numérique.

La majorité des entreprises restent à l'écart de la digitalisation de l'économie

Aujourd'hui, le numérique affecte l'activité d'une entreprise à toutes les étapes. Il permet d'en améliorer les processus, et la productivité. Le Ceser évalue que sur le terrain, les chefs d'entreprises ont des comportements variés face à cette évolution. Leur niveaux d'appropriation varient grandement, et les facteurs déterminants d'une maîtrise de cette transformation sont l'impulsion des impératifs réglementaires, l'organisation des marchés et l'usage des clients. À l'inverse, l'âge du chef d'entreprise peut impacter négativement la transition numérique d'une entreprise. Cependant le rapport fait un constat accablant : la majorité des entreprises reste encore à l'écart de cette digitalisation de l'économie. Si on prend l'exemple du commerce en ligne, une très faible proportion des entreprises françaises s'y est convertie. Cela contraste avec les particuliers, qui ont déjà intégré ce mode d'achat :

Pour remédier à cela, le rapport préconise une meilleure sensibilisation au numérique pour les TPE-PME, en faisant notamment des diagnostics des transformations possibles. La commission souhaite également qu'un fonds dédié à l'accompagnement des entreprises transformant leur modèle économique soit créé. Une autre mesure phare est le développement de plateformes collaboratives, afin de rattraper le retard qui se dessine pour des équipements comme les imprimantes 3D.

Innover dans les secteurs du futur

Le principal enjeu aujourd'hui pour rester dans la course est d'être capable d'anticiper des changements de modèles. C'est cette longueur d'avance qui permettra de générer des gains immenses de productivité et de créer de la valeur ajoutée. La commission donne quelques pistes sur les évolutions futures de la révolution numérique, et table notamment sur une généralisation de la géolocalisation des biens et des personnes. Le développement le plus exponentiel concerne les objets connectés : de 15 milliards en 2013, ils devraient passer à entre 50 et 80 milliards d'ici à 2020 selon l'IDATE.

Selon le rapport, la France est bien placée sur le marché des objets connectés, comme en atteste notamment la place prépondérante de la French Tech au Consumer Electronic Show (CES).

Le CES est le salon électronique grand public, qui aura lieu du 6 au 9 janvier 2016.

L'Internet Of Things, l'automatisation de certaines tâches par la programmation d'interactions, doit continuer à se développer. La commission explique que les débouchés sont là : le plus important est de bien cibler son marché et de saisir la bonne occasion pour commercialiser ses nouvelles créations.

Pour aller dans ce sens et soutenir l'innovation, le Ceser va lancer des projets d'études prospectives, sur des nouveaux usages possible des données, objets ou encore des équipements. Il souhaite également contribuer à la réalisation d'une entreprise de co-construction et de co-innovation. Enfin, il propose d'initier un forum pour mieux appréhender la révolution et permettre d'expérimenter.

Relations au travail : favoriser le bien-être des employés

Les relations de travail au sein des entreprises sont également affectées par la transformation numérique. L'ordinateur, les smartphones ou tablettes créent plus d'autonomie pour les salariés, qui peuvent désormais travailler n'importe où et n'importe quand. Certains actifs préfèrent travailler de leur domicile, de plus en plus d'activités sont externalisées : conception, ingénierie... Selon le Boston Consulting Group, le nombre de free-lance a augmenté de 85 % en France, de 2004 à 2013.

Cependant, le Ceser y voit aussi des risques, comme une généralisation de la précarité pour certains. En prenant l'exemple des hackatons, ces événements collaboratifs qui permettent de développer un projet informatique, le rapport pointe que la majorité des participants sont en fait des diplômés en manque de travail.
Pour pallier ces dégradations éventuelles, et mettre les effets bénéfiques de la révolution numérique au service de la qualité de vie au travail, la commission recommande un ensemble de mesures. Le numérique nécessite une nouvelle conception du management, qui intègre autonomie, expression et créativité de chacun. Elle encourage également à une reconfiguration des locaux d'entreprises, pour y favoriser la convivialité. Le rapport propose également d'inciter à la mise en place d'indicateurs de qualité de vie au travail prescriptifs. De même, la commission insiste sur le droit à la déconnexion des individus.

Marché du travail : mettre l'accent sur la formation continue

Le rapport questionne également sur les effets du déversement sectoriel qu'apporte la révolution numérique. Des millions d'emplois seront détruits prochainement, des millions d'autres se créeront mais dans un laps de temps indéterminé. Enfin, des millions d'emplois vont tout simplement évoluer. Pour répondre aux enjeux de la formation et de la reconversion, le Ceser souhaite que la formation à l'usage du numérique soit renforcée. Il se base sur une étude qui montre que seul 23 % des actifs concernés considèrent que la formation continue les a très bien préparés à l'utilisation des technologies informatiques pour le travail. Cette formation doit permettre d'installer la culture numérique au cœur de l'entreprise, car l'agilité est la clé de voûte d'une transition réussie. La commission va également faire des études sur l'évolution des métiers, afin d'anticiper les compétences attendues et éviter ainsi un appariement de l'offre et de la demande de travail.

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