Photovoltaïque : les coulisses du contrat franco-chinois CGN - Inovia

Par Pascal Rabiller  |   |  731  mots
En signant avec le chinois CGN EE dirigé par Wei Lu, la PME girondine ICD de Johnny Schlosmacher tient sans doute son "contrat du siècle" et un formidable challenge
Comme La Tribune - Objectif Aquitaine l’annonçait il y a quelques jours, CGN Europe Energy, filiale française du géant chinois de l’énergie CGN, a signé un contrat de partenariat qui porte sur un investissement de 1 Md€, au moins, dans le photovoltaïque, avec la petite société Inovia Concept Développement, située à Gradignan, près de Bordeaux.

Généralement, les signatures de contrats de cette ampleur se réalisent dans des conditions un peu plus protocolaires, voire solennelles. Mais ce matin, c'est dans la plus grande simplicité, pour ne pas dire avec un sens certain, mais sympathique, de l'improvisation, que la PME Inovia Concept Développement a organisé la signature du contrat que La Tribune - Objectif Aquitaine évoquait vendredi 4 novembre.
Deux tables montées à la va-vite, deux drapeaux, chinois et français, collés au mur, quatre journalistes locaux, l'adjoint au maire de Gradignan et la responsable de la cellule emploi de la ville... le décorum et l'assistance semblaient disproportionnés par rapport à l'importance économique de l'évènement.
En effet, le Père Noël semble être passé avec un peu d'avance dans la proche banlieue de Bordeaux, à Gradignan où siège Inovia Concept Développement (ICD), PME de 23 salariés spécialisée dans le développement de parcs photovoltaïques.
Celui qui apporte le "cadeau", c'est CGN EE, filiale de l'énergéticien chinois CGN (China General Nuclear Power Corporation) créée en 2013 pour développer les activités en Europe.
Il prend la forme d'un contrat de partenariat exclusif (mais verbalement) qui doit permettre à CGN EE d'investir 1Md€ pour l'installation de puissance de production d'électricité photovoltaïque de plus de 1 GW en confiant à Inovia Concept Développement la préparation des projets, la maîtrise d'ouvrage de ces installations ainsi qu'une partie de leur maintenance.

"Les énergéticiens chinois estiment que le marché français est mûr, qu'il n'a plus les incertitudes qui étaient liées au moratoire sur les tarifs. Aujourd'hui, les règles sont claires, ils estiment que le contexte garantit la rentabilité de leurs investissements", explique Johnny Schlosmacher, dirigeant de la PME bordelaise.

Wei Lu, PDG de CGN EE, qui était venu avec deux membres de son équipe parisienne a précisé les intentions de l'énergéticien.

"Nous n'avions jusque-là pas réalisé d'investissement dans le photovoltaïque en France où nous avions pris des positions dans l'éolien seulement. Après avoir investi en Grande Bretagne, et avant d'investir en Espagne, nous estimons que la France apporte les assurances en termes de potentiel et sur le plan réglementaire, pour développer le business de la production d'énergie photovoltaïque."

Et quand du côté d'ICD on parle de développer 500 MW de bâtiments agricoles, serres, voire toits d'immeubles tertiaires en photovoltaïque dans les 3 ans, côté chinois ont est beaucoup plus ambitieux... et pressé.

"Nous voulons aller vite. Nous ambitionnons d'installer 1 GW de puissance photovoltaïque en France d'ici 2 ans. Nous visons même 3 GW d'ici 5 ans... Nous espérons que notre partenaire pourra suivre... mais nous pouvons envisager d'autres partenariats si ce n'est pas cas."


Le message est clair : l'exclusivité attribué, verbalement, à CDI repose sur sa capacité à suivre, voire dépasser l'objectif fixé par CGN EE.

"Nous allons tout faire pour cela", assure Johnny Schlosmacher. "Cela passera par le recrutement de 50 personnes en plus de notre effectif actuel. D'ici fin 2016, nous devrions compter 120 personnes à Gradignan. L'activité de construction des hangars, serre photovoltaïques et couvertures d'immeubles tertiaire... vont générer 3.000 emplois environ dans toute la France."


La PME girondine qui va voir son chiffre d'affaires passer de 4 M€/an à 96 M€ sur la durée du contrat doit se mettre en ordre de bataille. Cela passera par un gonflement certain de son capital, qui, à 10.000 euros actuellement semble clairement sous dimensionné... même si CGN EE (10 Md€ de capital), en supportant tout l'investissement (200.000 euros d'investissement pour un hangar agricole équipé, l'agriculteur déboursant 8.000 euros environ et pouvant devenir propriétaire au bout de 30 ans) nécessaire aux installations, apporte des garanties importantes pour la réalisation des milliers de chantiers qui permettront de déployer la puissance photovoltaïque du chinois en France.
Un géant chinois qui va, lui aussi, contribuer à l'emploi en Gironde en dépêchant, très rapidement, une équipe de 12 à 15 personnes, des techniciens, sur place.

"Nous ne pouvons pas nous contenter de rester à Paris, nous devons être au plus près de notre partenaire", explique Wei Lu, qui, il y a 25 ans, a passé deux ans au sein de l'équipe exploitant la centrale nucléaire du blayais, à Braud-et-Saint-Louis, pour apprendre la technologie nucléaire dont CGN est aujourd'hui un acteur majeur, partenaire historique d'EDF.