L'habitat de demain ? Densifié et adapté aux utilisateurs

La troisième et dernière session du Forum Climat COP21 Bordeaux organisée mardi au stade Matmut Atlantique par La Tribune - Objectif Aquitaine avait pour thème "Urbanisme, dessiner la ville de demain".
La 3e session, animée par Mikaël Lozano, rédacteur en chef de La Tribune - Objectif Aquitaine, autour de  Didier Laugaa (Université Bordeaux Montaigne), Jacques Rubio (Kaufman & Broad), Jac Tortos (Nobatek), Pascal Tozzi (Université Bordeaux Montaigne), David Guglielmetti (Ciments Calcia) et Muriel Boulmier (Ciliopée).
La 3e session, animée par Mikaël Lozano, rédacteur en chef de La Tribune - Objectif Aquitaine, autour de Didier Laugaa (Université Bordeaux Montaigne), Jacques Rubio (Kaufman & Broad), Jac Tortos (Nobatek), Pascal Tozzi (Université Bordeaux Montaigne), David Guglielmetti (Ciments Calcia) et Muriel Boulmier (Ciliopée). (Crédits : Appa)

"Apprentis centenaires, sortez vos calculettes !"

Ainsi Muriel Boulmier, directrice générale de Ciliopée, a-t-elle interpelé les auditeurs de la dernière session du Forum Climat COP21 Bordeaux consacré à la ville de demain, rappelant deux bascules, 2012 en Europe, 2015 en France : "Les moins de 20 ans sont désormais moins nombreux que les plus de 60 ans." Pour Muriel Boulmier c'est cette évolution démographie qui va dessiner la ville de demain :

"Il faut revoir le culte du jeunisme et faire bouger le curseur, faire une ville pour les vieux : ces aménagements seront partagés par tous. Il faut que la ville soit accueillante au regard de cette évolution démographique."

Ce que ne contredira pas Jac Tortos, directeur du centre de recherche Nobatek : "L'objectif, c'est de bien vivre, il faut pouvoir faire participer celui qui va utiliser le bâtiment ou le quartier." Jacques Rubio, directeur général de Kaufman & Broad Grand Sud-Ouest, membre fondateur de "Bâtiment bas carbone" qui lancera son label en 2016, estime de la même façon qu'il faut "commencer par la base et intéresser l'utilisateur au problème bas carbone", alors que 60 % des émissions de CO2 est généré par la construction et 40 % par l'utilisateur et que, souligne Jacques Rubio, "1° de moins sur un logement, c'est 7 % d'économie d'énergie."

A l'aube du progrès technique

"On ne peut pas être dans l'abstraction technique, on est obligés de tenir compte de ceux qui y habitent, poursuit Muriel Boulmier. La maison passive c'est aussi une façon de vivre."

"Il faut impliquer l'humain dès le départ, les technologies sont sous-utilisées ou détournées, on assiste à un turn-over important s'il n'y a pas de vie dans le quartier, il faut nourrir un processus de convivialité", précise Pascal Tozzi, maître de conférences à l'Université-IUT Bordeaux Montaigne, membre du Forum urbain qui intervenait avec Didier Laugaa, maître de conférences en psychologie à l'Université-IUT Bordeaux Montaigne.

Les intervenants ont pu témoigner de ces évolutions techniques.

"En 2003, nous avons commencé à travailler sur l'efficacité énergétique : nous n'avions pas la réponse sur le marché. Aujourd'hui nous sommes à l'aube du progrès technique", assure Muriel Boulmier.

"Au départ l'habitat était conçu pour se protéger, rappelle David Guglielmetti, directeur marketing et innovation de Ciments Calcia. Aujourd'hui l'architecture est plus ouverte pour bénéficier de tous les apports extérieurs comme l'ensoleillement", donnant également l'exemple de bétons conducteurs qui peuvent exploiter la température d'un sol à 12/13 ° pour refroidir ou réchauffer un bâtiment. Parmi les autres innovations : l'exploitation du pouvoir de réflexion des matériaux qui, en fonction de leur contenu et de leur texture, se gorgent de soleil la journée pour relâcher ensuite la chaleur, les bétons autonettoyants et dépolluants qui ont nécessité 15 ans de recherche, les bétons drainants pour gérer les apports en eau ou la capacité du béton à capter et drainer les déchets.

Pour Jac Tortos, directeur du centre technologique Nobatek, qui rassemble autour de ses sites de Talence et Anglet 60 ingénieurs, chercheurs, techniciens et architectes, il s'agit désormais "d'accélérer le transfert du savoir sur le marché." Nobatek qui travaille actuellement sur un système de rafraichissement passif, rappelle qu'en matière de performance énergétique il peut y avoir des différences entre les performances annoncées et réelles, imposant de respecter trois étapes : déterminer des objectifs, mesurer, puis trouver des solutions aux écarts.

Tropisme urbain

L'évolution démographie, couplée aux contraintes environnementales, implique aussi une évolution de l'habitat vers la densification de l'habitat, densification à inventer pour emporter l'adhésion des citoyens. Muriel Boulmier :

"Il y a un tropisme urbain qui va se durcir, un habitat qui existe et des gens qui veulent rester chez eux. La mobilité après 50 ans reste très faible. Donc la ville est à densifier : on l'étend ou on regarde en son centre. Il faut réfléchir à la division parcellaire, cela permet une densification douce, d'usage, c'est une solution pour le vieillissement, cela permet de quantifier une propriété foncière qui va devoir aussi être mobilisée pour les retraites",

estime Muriel Boumier, qui ajoute qu'il "faut concevoir la ville par des micro-adaptations. Le projet c'est informer et non pas imposer. Quand on le fait, ça fonctionne bien", répondant ainsi à Pascal Tozzi qui rappelait que "toutes les études le montrent : la densification n'est pas le désir des Français. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas le faire mais qu'il faut travailler en amont."

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