Attentats : les sociétés de sécurité se mobilisent

Les demandes progressent (+30 % depuis samedi 14 novembre) mais les sociétés de sécurité les plus solides ne peuvent faire mieux que de satisfaire les besoins supplémentaires de leurs clients. Trois jours après les attaques parisiennes, la sécurité privée s’organise et planche aussi sur l’évolution de son métier à la lumière d’une montée en puissance des menaces terroristes.
Depuis vendredi dernier et les attentats parisiens, les services de sécurité ont doublé presque partout (exemple ici, Promenade Sainte-Catherine à Bordeaux.)

Selon le Syndicat national des entreprises de sécurité (SNES), les attentats de vendredi soir à Paris ont entraîné une hausse de 30 % environ des demandes.

"Les grandes enseignes, les sièges sociaux, concentrent pour le moment l'essentiel de la demande depuis vendredi, surtout à Paris intra-muros", souligne Jean-Pierre Tripet, président du Syndicat des entreprises de sécurité (SNES).

Ce phénomène ne concerne pas que Paris, comme peut en témoigner Harold Heredia, gérant de la société Lynx à Bordeaux.

"Nous avons la chance de faire partie d'un consortium de plusieurs entreprises de sûreté et de sécurité, aussi nous avons la possibilité de renforcer les effectifs à Paris. Pour autant, la demande dans les grandes villes de province est très forte aussi. Nous devons faire face à une demande importante à Montpellier par exemple. La demande à Bordeaux est en forte hausse également, et ce depuis samedi matin. Nous avons reçu l'ordre de la direction de Lynx de ne servir que nos clients. Nous ne pouvons répondre aux attentes de prospects à ce jour."

C'est précisément pour répondre aux attentes et parce que "nos entreprises ne disposent pas de réserves", rappelle Jean-Pierre Tripet, que certaines sociétés ont déjà commencé à recruter, à l'image du parisien GTS, Groupe Triomphe Sécurité (1.400 salariés, 50 M€ de chiffre d'affaires) par exemple, qui évoque dans les colonnes de notre confère Le Parisien pas moins de 400 recrutements en cours.

"Nos adhérents font remonter des informations qui semblent aller dans le sens d'une pérennisation des besoins de sécurité de nos clients", souligne le président du SNES. "Actuellement la filière emploie 150.000 agents mais les besoins semblent nettement supérieurs aujourd'hui. Je crois que même si la demande va décroître un peu dans les mois qui viennent, nous ne reviendrons pas au niveau d'emploi qui est le nôtre aujourd'hui. il nous faut nous préparer à recruter et, de fait, à former", poursuit Jean-Pierre Tripet.

Depuis vendredi soir, les clients des entreprises de sécurité demandent en effet en grande majorité un doublement des effectifs consacrés à la sécurisation de leurs sites sensibles ou recevant du public.

"Nous mobilisons 250 salariés rien qu'à Bordeaux, et autant dans les environs de Bordeaux. Nous devons répartir nos forces entre toutes les agences du groupe", explique Harold Heredia, de la société Lynx.

Une mobilisation des hommes et femmes de la filière, mais aussi de ses décideurs.
Une réunion de crise du principal syndicat, le SNES, conduite par son président, Jean-Pierre Tripet, a lieu ce soir à Paris. Il est quasi certain que la question de l'équipement des agents de sécurité sera évoquée.

"Nous avons une image de prévention, pas de répression. Nous ne sommes pas demandeurs d'un armement de nos personnels", souligne Jean-Pierre Tripet. "L'armement suppose des formations idoines, un cadre rigoureux. C'est une lourde responsabilité. Ce que nous voulons c'est rester des vigies, des outils de veille et de prévention, et pour cela avoir les moyens légaux, comme la palpation, la fouille complète des sacs et bagages... de le faire !"

"Armement ? il faut d'abord normaliser la profession !"

La mort des vigiles, désarmés, de la salle du Bataclan vendredi soir rouvre quand même le débat.

"Mais c'est encore trop tôt pour imaginer l'armement de nos agents de sécurité", estime lui aussi Harold Heredia. "Le secteur n'est pas assez bien stabilisé... il y a encore trop de sociétés qui ne sont pas au niveau dans notre métier. Il faut que la profession, notamment via notre syndicat SNES, poursuive son travail en faveur d'une normalisation de la filière", assure ce dernier, estimant par contre, "que la France a un grand retard par rapport à ses voisins immédiats, comme l'Espagne par exemple, où les agents de sécurité sont dotés de matraques. Nous devons avoir les moyens de nous défendre. Nous avons besoin d'outils défensifs avant même d'évoquer un possible armement. Un droit de port d'arme, même dans une période comme celle là, n'est pas encore à l'ordre du jour", assure le gérant de Lynx à Bordeaux.

 Vers un accès aux armes... défensives ?

En attendant, ce groupe de sécurité investit dans des gilets pare-balles et des gilets pare-couteaux.

"Nous devons nous adapter à l'évolution de la situation, il n'est pas question d'exposer nos agents au-delà du raisonnable. Nous avons aussi le devoir d'assurer leur sécurité afin qu'ils assurent celle de nos clients et de leurs personnels. La professionnalisation des personnels des sociétés les plus sérieuses, qui est soumis à des formations régulières, ainsi que l'assainissement du métier devraient nous permettre, d'ici quelques temps, d'accéder à des armes défensives."
En attendant, une chose est sûre : le retour à la vie normale, à Paris comme dans les grandes agglomérations françaises, passera, en plus du renforcement militaire et policier, par une présence accrue des agents de sécurité... il reste juste à savoir de quels moyens dissuasifs elle peut disposer.

Reste aussi à savoir aussi quel prix les entreprises, les collectivités, les consommateurs-spectateurs sont prêts à payer pour cette sécurité sachant que les plus grands acteurs réalisent aujourd'hui des marges qui "plafonnent à tout juste 2 % en moyenne", rappelle Jean-Pierre Tripet.

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