L'Euro 2016 pronostique un impact économique de 126 M€ pour Bordeaux

Les dirigeants de l'Euro 2016 de football, qui se tiendra en France en juin et juillet, étaient à Bordeaux hier pour évoquer l'impact du tournoi sur le tissu économique local et national et inciter les entreprises à s'y intéresser. Les premiers billets sont partis comme des petits pains, alors même que le programme des matches n'est pas encore connu. Focus sur les projections chiffrées annoncées.
Michel Héritié (Bordeaux Métropole), Arielle Piazza (mairie de Bordeaux), Alfredo Julio (CCI de Bordeaux) et Philippe Margraff (Euro 2016 SAS)

Pour Philippe Margraff, directeur commercial de l'Euro 2016 SAS, nul doute que le tournoi 2016 sera pleinement réussi. Pour preuve, la ruée sur les billets lors de la première vague de commercialisation : rien qu'à Bordeaux, 900.000 demandes ont été déposées sur le site Internet dédié, et seulement 60.000 heureux ont été tirés au sort. Le tirage au sort des matches de poules n'aura lieu que le 12 décembre à 18 h.

Argument après argument, le "monsieur recettes" de l'Euro 2016 SAS explique en quoi l'accueil du tournoi va générer un fort impact dans les 10 villes retenues pour accueillir des matches. Bordeaux est érigée en "très bon élève de la classe" avec "un stade exceptionnel". Ce dernier, le Matmut Atlantique, a été aussi bien servi que le Parc des princes parisiens, soit 5 matches. Ce sera bien sûr le cœur du réacteur. Place des Quinconces, on retrouvera un autre pôle d'équilibre, la fanzone, dont l'aménagement et l'exploitation viennent d'être confiés au duo Girondins Events / Côte Ouest. Pas moins de 680.000 visiteurs sont attendus durant toute la durée du tournoi dans cet espace qui accueillera la retransmission des rencontres, des concerts, etc. Ils seront accueillis par une escouade de 450 volontaires. A noter que la région bordelaise devrait être le port d'attache de l'équipe nationale de Belgique durant son parcours.

Un coup de pub pour Bordeaux

Philippe Margraaff insiste sur deux dimensions, l'accueil des supporteurs, qui vont dépenser, mais aussi la visibilité offerte lors de l'événement.

"Un match de l'Euro, c'est 150 millions de spectateurs devant le direct. Cela veut dire que n'importe laquelle des rencontres attire 50 % de téléspectateurs de plus que le Superbowl par exemple. L'Euro mettra l'accent sur les territoires. A la mi-temps par exemple, seront diffusés des spots vidéo réalisés par nos équipes dans les 10 villes hôtes."

Pour que l'événement se déroule au mieux, l'association des commerçants La Ronde des quartiers a accepté que les Epicuriales soient avancées. Pas de date encore annoncée, probablement courant mai. Il y avait gros risque d'embouteillage puisque Bordeaux Fête le vin 2016 aura lieu en même temps que la compétition, du 23 au 26 juin.

Un poids économique en France de 2,8 Md€

Invité par l'Euro 2016 SAS à produire un rapport sur l'activité économique créée par le tournoi, Christophe Lepetit, économiste au Centre de droit et d'économie du sport (CDES) de Limoges, s'est risqué au difficile pronostic des retombées. "Des hypothèses prudentes et rigoureuses, considérées comme minimales", souligne-t-il. D'après ses calculs, le poids économique de la tenue de l'Euro 2016 en France s'élèvera à 2,8 Md€. Ce total comprend l'accueil des spectateurs, l'organisation de l'événement, les dépenses annexes. L'impact économique, aussi appelé "surplus économique", est évalué à 1,3 Md€. Un chiffre qui additionne les 788 M€ de dépenses des spectateurs étrangers venant voir les matches dans les villes hôtes, les actes de consommations dans les fanzones... et les dépenses d'organisation des équipes internationales. L'événement créera 26.000 emplois équivalent temps plein.

Si l'on se penche sur la métropole bordelaise, les chiffres de Christophe Lepetit font ressortir un impact économique (ou "surplus économique") de 126 M€, soit dans l'exact ventre mou du classement français des 10 villes hôtes, à la 5e position.

Ces 126 M€ comprennent les 88 M€ de dépenses des spectateurs au stade, en ville ou dans la fanzone (avec un panier moyen par jour et par personne de 353 €), 10 M€ de dépenses d'organisation plus le loyer versé par l'Euro 2016 SAS au stade plus les dépenses des équipes en marge des matches... et même les 28 M€ investis par l'Etat dans la construction du Matmut Atlantique ont été ajoutés pour atteindre ce total de 126 M€.

Le Matmut Atlantique accueillera 5 matches, dont un quart de finale.

Ces chiffres, pour réjouissants qu'ils soient, doivent toutefois être pris avec un minimum de recul. Dans son étude, Christophe Lepetit dribble les charges liées à l'organisation et à la tenue de la compétition, qui n'ont pas été calculées (mobilisation des forces de sécurité par exemple).

Aux entreprises de jouer

Reste maintenant à convaincre les entreprises de se mobiliser en vue de l'événement. Vice-président de la CCI de Bordeaux en charge du commerce, Alfredo Julio explique que la chambre consulaire éditera des guides d'accueil des visiteurs en cinq ou six langues et souligne avec satisfaction que les retombées devraient être considérables pour les commerçants bordelais. Il s'appuie pour cela sur l'étude récemment diligentée concernant l'UBB Rugby, qui fait apparaître qu'un supporteur consomme à hauteur de 50 € en moyenne un jour de match, hors billet et hébergement.

"Les entreprises doivent comprendre que l'Euro 2016, c'est demain matin, ajoute Philippe Margraff. Il y a plusieurs possibilités : répondre aux appels d'offres, opter pour du sponsoring, demander une licence pour fabriquer des produits logotés Euro 2016, ou choisir le programme d'hospitalité, qui permet d'inviter des clients et prospects aux matches en loge, avec des packs qui démarrent à 900 € par personne et par match. L'enjeu, ce n'est pas qu'assister à une belle rencontre, c'est aussi y faire du business."

Philippe Margraff rappelle que "toutes les entreprises peuvent répondre aux appels d'offres" organisés dans le cadre de l'Euro 2016 et présentés sur le site de l'événement. Si l'on n'est pas un grand groupe, a-t-on sa chance ? Oui, oui, assure Philippe Margraff, citant par exemple le spécialiste GL Events, "qui n'est pas précisément un grand groupe". Mais qui reste, tout de même, une belle boîte frôlant les 940 M€ de chiffre d'affaires en 2014...

Dernier point auquel les organisateurs de l'Euro 2016 SAS n'ont pas échappé lors de leur venue à Bordeaux : la question de l'accessibilité du stade, réputée difficile. Long dégagement de Philippe Margraff ("C'est plus une problématique d'habitude et d'amélioration des dessertes existantes qu'un gros problème. Je trouve ce stade exceptionnel et c'est dommage de systématiquement l'attaquer sur la mobilité") à destination d'Arielle Piazza, adjointe au maire de Bordeaux en charge des sports. Qui explique que des aménagements seront mis en place, avec notamment un renforcement des bus qui partiront toutes les 1min30 du pont Chaban-Delmas en direction du Matmut Atlantique.

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Commentaire 1
à écrit le 07/11/2015 à 11:56
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Toujours les même rengaines étayées par du vent et jamais reprises quand les résultats s'annoncent désastreux. Il n'y a pas que les banques qui soient championnes de la socialisation des pertes et privatisation des bénéfices...

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