Le Crédit agricole d’Aquitaine drague les riches

Modifié 04/11/2015 à 14 h 22 / Le Crédit agricole d’Aquitaine veut s’imposer sur un nouveau segment de marché, celui de la clientèle fortunée. Il vient de présenter son premier espace banque privée et compte en ouvrir d'autres dans la métropole bordelaise l’an prochain.
L'ancienne Bourse Maritime accueille un des espaces banque privée du Crédit Agricole d'Aquitaine

Le Crédit agricole d'Aquitaine a présenté ce mardi matin son premier espace banque privée, ouvert cet été et conçu sur le modèle de la banque-appartement. Avec à la clé une politique commerciale très agressive sur ce segment de marché haut de gamme puisque, en 2016, en plus de l'autre espace banque privée de Bordeaux-Gambetta, le Crédit agricole d'Aquitaine prévoit l'ouverture de nouveaux espaces banque privée à Bordeaux Métropole. Logé dans l'immeuble de la Bourse maritime, face à la Garonne, ce premier espace banque privée, au code couleur gris-rouge, s'étend sur 350 m2 et va bénéficier, à partir de 2016, du savoir-faire de 12 spécialistes.

Transfert d'une avocate fiscaliste

"Nous allons recruter en février prochain une avocate fiscaliste issue d'un très gros cabinet de la métropole. La caisse d'Aquitaine dispose de toutes les expertises en gestion de patrimoine. Nous nous appuyons sur une expertise dédiée à toute la famille, y compris les enfants. Nous avons identifié 400 familles avec un potentiel patrimonial de 3 M€. Le gros du business ça va être la transmission d'entreprises, intrafamiliales, surtout viticoles. Dans les années qui viennent, 60 % des exploitations devraient changer de mains", analyse Franck Kerlaud, responsable de cette nouvelle activité.

Les trois départements visés

Le Crédit agricole d'Aquitaine, dont Jack Bouin est le directeur général, veut travailler en amont et se positionner sur ce type de dossier deux ou trois ans avant le débouclage des opérations.

"Cette implantation à la Bourse maritime témoigne d'une volonté forte. Nous allons nous intéresser aux fortunes dans les trois départements que couvre notre caisse : Gironde, Landes et Lot-et-Garonne. C'est la raison pour laquelle nous avons deux collaborateurs de notre banque privée à Agen et un autre à Dax",  détaille Jack Bouin.

Le fait d'être très présent à Bordeaux Métropole est important pour le Crédit agricole d'Aquitaine. Avec la création de la grande région, Bordeaux va rayonner sur Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin. Mais a priori pas question pour les caisses des autres régions de venir à Bordeaux. Après tout, chacune a un territoire précis à respecter.

Un service complet

 "En Aquitaine nous sommes innovants, nous proposons un service complet dans les domaines juridique et fiscal tout en intégrant la gestion d'un compte courant. Les autres caisses se limitent au patrimonial. Alors que nous pensons qu'il faut avoir une vision globale", argumente Franck Kerlaud.

Comme l'a rappelé ce matin Jack Bouin, dans un contexte économique plutôt compliqué, le Crédit agricole d'Aquitaine, qui emploie 2.500 salariés et s'appuie sur 220 agences, a fait feu de tout bois pendant les trois premiers trimestres.

Deux fois plus de collecte

"C'est une belle année pour le Crédit agricole d'Aquitaine, en termes de clients, de collecte et de crédit", résume Jack Bouin. En neuf mois, la caisse de Gironde, Landes et Lot-et-Garonne, qui totalisait déjà 900.000 clients, en a accueilli 18.339 nouveaux, soit une hausse de 45 % par rapport à la même période en 2014. L'ensemble des sociétaires gagne 52.528 personnes, soit une hausse de 20 % sur un an.

A 734 M€, la collecte d'épargne est multipliée par deux sur un an, tandis que les crédits bondissent de 50 %, à 2,6 Md€. L'encours de crédit aux entreprises est positif, avec une hausse de 4,2 % sur un an, à 1,2 Md€. Le plus surprenant c'est que malgré la tonicité de ces indicateurs d'activité, le produit net bancaire (PNB) qui sert de chiffre d'affaires aux banques ne progresse que de + 0,4 % sur neuf mois. Pour mémoire, le Crédit agricole d'Aquitaine a réalisé l'an dernier, sur 12 mois, un chiffre d'affaires de 540,2 M€ pour un résultat net de 119,7 M€, à + 4,7 %.

Des PNB sous pression

"Les marges ne sont plus les mêmes. Le PNB c'est la différence entre le coût des ressources et les produits, comme une marge. Les taux d'intérêt à court terme sont plus bas que les taux d'intérêt à long terme. Mais il se trouve que les taux d'intérêts à long terme ont subi un écrasement qui les rapproche des taux courts, explique Jack Bouin. Moralité, poursuit-il, le PNB est sous pression. Beaucoup de banques affichent un PNB négatif au troisième trimestre et c'est pour ça que certaines banques ferment des agences. Ce que ne fera pas le Crédit agricole d'Aquitaine."

Jack Bouin reconnaît que même dans sa caisse les prévisions de PNB au troisième trimestre étaient négatives. "La seule solution pour maintenir un PNB c'est d'avoir une grande activité", diagnostique-t-il. L'activisme commercial du Crédit agricole d'Aquitaine n'est donc pas prêt de s'arrêter.

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