La CCI de Libourne a dû rendre les armes

La chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Libourne, présidée par Yves Ratel, va fusionner avec celle de Bordeaux, présidée par Pierre Goguet. C’est la fin d’un irrédentisme certain.
Pierre Goguet, Laurent Courbu et Yves Ratel

Le dernier épisode de ce rapprochement entre les deux CCI, que les Libournais estimaient contraire à leurs intérêts, s'est joué jeudi 8 octobre dans les locaux de la CCI Régionale d'Aquitaine, présidée par Laurent Courbu. Le principe de la fusion a été voté à l'unanimité par les 32 élus de la CCI de Libourne le 21 septembre, puis le 5 octobre par les 60 élus de la CCI de Bordeaux et enfin hier jeudi par les 55 élus de l'assemblée régionale des CCI.

"Il n'y a pas de fusion - absorption puisque le rapprochement de ces CCI entraîne la disparition des deux structures", défend Yves Ratel. De fait une nouvelle CCI, résultant de la fusion des deux ensembles, et qui pourrait s'appeler Bordeaux Gironde, verra le jour 1e janvier 2017.

Macron triomphe des Libournais

Secouée par une tonte budgétaire drastique au printemps, soit 2 M€ de réserves ponctionnées par l'Etat pour un budget annuel du même montant, la CCI de Libourne n'a pas survécu au décret du 8 juillet dernier, "portant diverses dispositions relatives à l'organisation du réseau des chambres de commerce et d'industrie", qui stipule que les CCI de moins de 10.000 ressortissants doivent disparaître.

Avec environ 6.000 ressortissants, la CCI de Libourne ne pouvait plus jouer les prolongations. Les patrons bordelais vont pouvoir faire brûler un cierge à la gloire du ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique Emmanuel Macron, et le bénir pour sa politique éclairée et volontaire. Lui qui vient d'en finir d'un trait de plume avec l'irrédentisme séculaire du patronat de cette bastide construite en 1270, à une trentaine de kilomètres de Bordeaux, par Roger de Leyburn ou de Leybourne, sheriff du Kent (qui donnera son nom à la ville), sur ordre du roi Edouard 1er.

Laurent Courbu à la synthèse

"La réunion des trois CCI régionales d'Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes en une seule sera bientôt une réalité et au-delà de ça, nous devons rationaliser et réorganiser le réseau, pour cadrer avec la réforme territoriale. La proximité fait notre force, nous nous méfions de tout système trop centralisateur, nous devons être plus efficaces avec moins" a très bien cadré Laurent Courbu.

Le président de la CCI Régionale a expliqué que les négociations entre les CCI de Bordeaux et Libourne duraient depuis plusieurs mois, que tout le monde était à la recherche d'une meilleure efficacité territoriale et que le nouveau schéma consulaire avait été voté ce jeudi matin à l'unanimité. Libourne ne sera pas une simple antenne ou agence mais aura le statut de délégation, ce qui va lui garantir une certaine autonomie. Dans son intervention, Yves Ratel n'a pas commis d'excès de langue de bois.

Yves Ratel dit ce qu'il en pense

"Nous n'avons pas ouvert le dossier Bordeaux - Libourne mais le dossier « quel avenir pour Libourne ? ». Il y avait plusieurs choix. Nous aurions par exemple pu nous marier avec n'importe laquelle des CCI voisines de la Gironde, celles de Charente, Charente-Maritime, Dordogne, Lot-et-Garonne... mais nous avons fait un choix infra-départemental, avec Bordeaux. Il y a eu beaucoup de rencontres et nous avons travaillé sur la proximité", a exposé Yves Ratel.

Mais il y a des limites au fair-play et le président de la CCI de Libourne n'était pas venu uniquement pour donner le change.

"Dans le commerce il y a la loi de l'emplacement. Et je regrette infiniment que le gouvernement n'ait pas pris une décision qui laisse sa place à la qualité mais qu'il se soit concentré sur des éléments purement comptables. Les résultats de la CCI de Libourne, le niveau international : tout cela a été évacué. Rayer comme ça des siècles d'histoire, c'est aberrant" n'a pu s'empêcher de lâcher le président libournais.

Pas de poignée de mains

Que ce soit à cause de ce cri du cœur ou pour une autre raison, en tout cas la tentative de serrage de mains entre les trois présidents en fin de conférence de presse a sèchement tourné court, annulant ce qui aurait pu être la photo heureuse d'une famille recomposée. Malgré ces frictions présidentielles, l'effectif de la CCI de Libourne sera préservé. Yves Ratel a rappelé qu'il y avait actuellement 18 salariés et qu'il y en aurait 17 au 1er janvier 2016, contre 37 il y a quelques années, par suite d'un non renouvellement des départs à la retraite. La probable future CCI Bordeaux Gironde réservera 15 % de ses sièges aux élus de Libourne, pour un poids économique représentant 10 % du département, a fait valoir Yves Ratel.

Un rapprochement sensé, selon Pierre Goguet

Dans son intervention, Pierre Goguet a souligné que ce rapprochement entre les CCI de Bordeaux et Libourne "a du sens" et qu'il était attendu par tout le monde. Pierre Goguet est revenu sur l'importance stratégique de la fusion des listes CGPME et Medef pour les élections consulaires, sur la nécessité d'intégrer les jeunes (des startups) trop souvent hors des radars des CCI et rappelé qu'il y avait déjà des liens étroits entre les deux CCI, en particulier avec Vinexpo et que "plus encore qu'hier nous aurons des liens importants avec des entreprises du Libournais comme Ceva Santé Animale ou le groupe Le Bélier, qui vont nous rejoindre".

La CCI de Bordeaux, a précisé le président de la CCI, emploie 180 salariés à son siège bordelais, une vingtaine dans ses antennes, pour un budget consolidé de 70 M€, même si elle édite encore "450 bulletins de salaires, qui couvrent les personnels encore sous statut consulaire à l'aéroport de Bordeaux ou à Kedge".

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