Aéroport : Bergerac évite le crash, ses ambitions décollent

Par Pascal Rabiller  |   |  697  mots
L'aéroport doit annoncer le 9 octobre l'ouverture de nouvelles lignes et de l'arrivée d'une nouvelle compagnie aérienne très connue.
Il était en bout de piste financière, l’aéroport de Bergerac. Mais le Conseil régional d’Aquitaine a répondu à l’appel au secours du président de la CCI de Dordogne. Non seulement l’aéroport de Bergerac est sauvé, mais il renoue aussi avec l’ambition et avec son projet de faire entrer un acteur privé dans son capital.

Il s'en est fallu de peu. A quelques semaines près, et c'est le président de la CCI de la Dordogne, Christophe Fauvel, qui le dit lui-même, "dès le mois de décembre prochain, l'aéroport de Bergerac se retrouvait en cessation de paiement des salaires et des compagnies aériennes".
Il s'en est fallu de peu, donc, mais in extremis ou presque, la  dernière "fusée de détresse" tirée par Christophe Fauvel a été vue par le Conseil régional.
Pour comprendre ce qui a failli arriver à l'aéroport il faut faire un peu d'histoire.
En 2013, le préfet de région Michel Delpuech demande à la CCI de Dordogne de céder les 20 % de parts qu'elle possède dans le syndicat mixte (Smad) qui porte l'infrastructure aux côtés de la mairie, la communauté d'agglomération de Bergerac (30 %), la communauté d'agglomération du Grand Périgueux (1 %) et le Conseil départemental (49 %).
Le motif est simple : la CCI, parce que le Smad lui a attribué, en 2013, la délégation de service public, est aussi le gestionnaire de l'aéroport. "Nous ne pouvions conserver les deux casquettes, mais le problème c'est que personne, parmi les actionnaires déjà présents, n'était en capacité d'assumer nos 20 % de parts."
Sommée de quitter le Smad, la CCI n'inscrit donc pas les 20 % de participation à son budget annuel en 2015. "C'était d'autant plus difficile que le budget de la CCI avait été amputé de 37 % de dotation de l'Etat et que nous avions été ponctionnés de 6,2 M€ par ce même Etat", concède Christophe Fauvel.
Alors, au sein du Smad, en l'absence de plan B, tout le monde se retourne vers le Conseil régional.

150 à 180 M€ de retombées, 1 M€ de déficit

"Le moteur économique que représente l'aéroport est indéniable. Certes, il accuse 1 M€ de déficit, mais les retombées économiques sur le territoire et qui sont liées aux 300.000 voyageurs passant par l'infrastructure bergeracoise sont évaluées entre 150 et 180 M€/an", explique Christophe Fauvel.
"A la lumière de ces chiffres il semble normal que la Région, qui dispose de la compétence économique prenne le relais...", glisse le président de la CCI.
Normal, mais pas automatique car il aura fallu plusieurs mois pour qu'Alain Rousset, sensibilisé sur le dossier par un énième coup de gueule du président de la CCI de Dordogne sur ce thème, ne prenne la décision de prendre 10 des 20 % disponibles. Une décision qui sera entérinée lors de la commission permanente du 14 octobre.
"In fine, Alain Rousset a choisi l'option la plus intéressante pour l'aéroport", explique Christophe Fauvel. "Il prend 10 % et le Grand Périgueux passe de 1 à 6 % du capital, la communauté d'agglo de Bergerac prenant la différence. Non seulement l'aéroport est sauvé, mais cette décision de l'exécutif régional envoie des signaux très positifs en direction des compagnies aériennes et booste les ambitions de développement de l'aéroport !"

Un privé dans le capital, une zone d'activité en bord de piste

Des ambitions relancées qui vont se traduire, notamment, le 9 octobre avec l'annonce, par l'aéroport de l'ouverture de nouvelles lignes et de l'arrivée d'une nouvelle compagnie aérienne, très connue.
"Par ailleurs, les démarches pour faire entrer des privés dans le capital de l'aéroport, que nous avions mises en sommeil depuis quelques mois en raison des incertitudes qui pesaient sur l'infrastructure, vont pouvoir reprendre", assure ce dernier.
Des contacts avec un "chef d'entreprise qui a des attaches solides en Bergeracois" sont très avancés selon nos informations. Il faudra avant cela que les statuts du Smad évoluent. Le syndicat mixte va sans doute devenir société d'économie mixte, Alain Rousset ne serait pas opposé à cette évolution.
Il ne sera sans doute pas opposé, non plus, au lancement d'un projet de développement d'une zone d'activité autour de l'aéroport de Bergerac. "Il y a là un potentiel économique qui n'a pas été exploité jusqu'à ce jour. Nous allons corriger cela très vite", assure Christophe Fauvel.