Il y a vingt ans, déjà, pour montrer du doigt la récente loi Evin (janvier 1991) relative à la lutte contre la publicité en faveur du tabac et de l'alcool, qui interdisait, de fait, tout sponsoring sportif de la part de la production viticole, Yannick Evenou, viticulteur et œnologue, s'était déjà transformé le temps de deux Solitaire du Figaro en loup de mer revanchard battant pavillon viticole.
20 ans plus tard... "La situation n'a pas évolué. Cette loi est toujours aussi pénalisante pour la filière vin française par rapport aux productions étrangères, explique l'ex-directeur général des vignobles Fayat, et ancien représentant en Gironde d'un investisseur chinois. Aussi il n'a pas été trop difficile de trouver un nom à ce bateau  il y a quatre mois, quand j'ai décidé de relever le défi", explique Yannick Evenou.
Pour réunir le budget, même s'il manque encore une toute petite partie des 80.000 euros nécessaires pour s'aligner dans la course en solitaire sans assistance créée en 1970, cela n'a pas, non plus, été trop difficile. "J'ai reçu un accueil formidable de la filière vin qui a vu dans mon idée une nouvelle façon de porter l'image de la viticulture française en général, bordelaise en particulier", assure le skipper - viticulteur.

C'est bien l'homme qui prend la mer...  mais la filière aussi

Dans les faits, la filière viticole bordelaise s'est embarquée dans l'aventure. A commencer par Bernard Farges, président du CIVB, vent debout contre la loi Evin, ou encore Sylvie Cazes, présidente de la Cité des civilisations du vin, structure unique au monde qui "émerge" spectaculairement dans le quartier des Bassins à flot, à Bordeaux, à quelques encablures à peine du site des quais de Bordeaux qui accueillera la flotte des 40 équipages de la Solitaire du Figaro - Éric Bompard Cachemire.
"Le Bénéteau qui a été décoré par l'artiste bordelais Jofo, qui a aussi dessiné le logo Loi et Vin de 15 m2 sur une grand voile rose flashy, va être un formidable outil de communication, voire de lobbying pour la filière."
Et pour le skipper ? C'est vrai qu'au-delà de mon plaisir personnel, ce n'est pas seulement un homme qui prend la mer, mais toute une filière. Mais je recherche aussi les sensations que j'avais connues il y a vingt ans. J'ai envie d'en découdre avec les règlements pénalisant pour le monde du vin... et avec les autres skippers ! Sur 40 compétiteurs, il y a 37 professionnels... j'espère en mettre derrière moi. La trentième place me conviendrait parfaitement à l'arrivée."