Le Medef veut un CDI fait "comme un contrat de mariage"

Pierre Gattaz était en visite en Gironde hier à l’occasion de l’assemblée générale du Medef Gironde, présidé par Jean-François Clédel. Il a insisté sur la nécessité de relancer l’emploi grâce à la flexisécurité, avec un nouveau type de contrat à durée indéterminée (CDI).
Jean-François Clédel, Pierre Gattaz et Franck Allard

Avant d'intervenir en cours d'après-midi à l'AG de l'organisation patronale girondine, Pierre Gattaz a participé à un point presse organisé au siège de Filhet-Allard & Cie, à Mérignac (33), avec Franck Allard, PDG de ce cabinet de courtage d'assurance familial poids lourd, au 7e rang national (844 collaborateurs dont 600 au siège).

Pierre Gattaz, qui ne veut pas être qualifié "de patron des patrons mais plutôt de chef de file" du patronat, a redit ses inquiétudes, qui sont celles des dirigeants du Medef. Arborant, tout comme Jean-François Clédel, le badge "Un million d'emplois", Pierre Gattaz a souligné tout le mal qu'il pensait du chômage, "la pire des injustices", analysant la vie des entreprises comme un sujet "non politique", à l'instar du fonctionnement des marchés.

"Le problème français est d'avoir tout politisé, il faut réhabiliter l'emploi", a-t-il observé en substance. "Les aides et les subventions, nous y sommes opposés pour les entreprises. Gardez votre argent et baissez les charges !", a-t-il lancé à l'adresse du gouvernement.

Accompagnée d'une simplification des règles d'embauche et de licenciement, cette baisse des charges est pour le Medef une des pierres angulaires du retour à l'emploi.

De nouvelles clauses aux CDI

A l'heure où le gouvernement fait des efforts visibles pour aider les entreprises, notamment avec les 40 Md€ d'aides programmées au titre du Pacte de responsabilité, Pierre Gattaz a tenu à remettre une fois de plus les pendules à l'heure, comme l'avait fait il y a quelques mois Jean-François Clédel.

"Les leçons de morale, on n'en peut plus ! Avant que le gouvernement fasse l'annonce de ces 40 Md€ d'aides, l'Etat avait ponctionné 30 Md€ aux entreprises et les 10 Md€ restants seront graduellement alloués jusqu'à 2017. Le problème de fond, c'est que le gouvernement n'inspire pas confiance. Ce qu'il donne d'une main, il le récupère par l'impôt, c'est pourquoi il est vital de baisser les dépenses publiques", a détaillé Pierre Gattaz.

Cette baisse de la fiscalité est le second des trois "chiffons rouges" du Medef, le premier portant sur la création d'emplois par l'adoption de la flexisécurité.

"Nous demandons l'adoption d'un contrat à durée indéterminé (CDI) sécurisé, comme un contrat de mariage, qui comprendrait notamment le montant des indemnités en cas de rupture, avec aussi de nouvelles causes réelles de licenciement, comme par exemple la baisse du chiffre d'affaires. Le fantasme du patron qui licencie par plaisir, c'est du délire", a tranché Pierre Gattaz.

Prud'hommes, des indemnités "à la gueule du client"

Concernant la loi Macron, le patron du Medef a estimé qu'elle contenait "quelques avancées" mais que la question des effets de seuil, c'est-à-dire des contraintes légales pesant sur les dirigeants, en fonction de leur nombre de salariés, n'était pas réglée. Au chapitre des dispositifs inhibant la création d'emplois, Pierre Gattaz a stigmatisé l'arbitre ultime des conflits entre salariés et patrons : la juridiction des Prud'hommes. Cette dernière a beau compter un nombre égal de représentants des salariés et des dirigeants, Pierre Gattaz a souligné qu'elle était la seule "à ne pas avoir de plafond (d'indemnités - NDLR), avec des demandes dont les montants sont imprévisibles et souvent faits à la gueule du client".

Le troisième "chiffon rouge" du Medef tient à la complexité législative et réglementaire des textes qui "asphyxient l'économie française". Convaincu que l'entreprise doit être au centre du jeu, Pierre Gattaz continue à militer pour que les décisions-clés, comme par exemple les horaires de travail, soient négociées à cette échelle. Cette vision, qui remet implicitement en cause le fonctionnement des négociations par branches d'activité, n'est pas tout à fait nouvelle mais son contenu reste toujours explosif.

Représentativité, l'audit qui rend nerveux

Un audit de plusieurs semaines concernant la représentativité des organisations patronales va démarrer incessamment. Au cours de cette opération, les commissaires aux comptes vont mesurer en particulier le nombre d'adhérents à jour de leurs cotisations dans les trois organisations patronales (Medef, CGPME et UPA pour les artisans), ce qui permettra de connaître le poids réel de chacune et de réviser le nombre de sièges auxquels elles ont droit dans le cadre des négociations paritaires.

Pierre Gattaz n'a pas caché que le début de ce grand audit générait de la nervosité dans les organisations territoriales mais s'est dit serein, sans aucune angoisse.

"Cela nous oblige à être plus proches de nos adhérents, des PME et des TPE qui forment nos bataillons dans les territoires", a relevé Pierre Gattaz.

La signature, dans l'après-midi à Bordeaux, de la nouvelle convention d'adhésion du Medef Gironde au Medef entre dans ce contexte. Et le Medef Gironde est la première organisation territoriale à l'avoir signée.

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Commentaires 7
à écrit le 30/04/2015 à 9:01
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Bonjour messieurs du MEDEF, Il va falloir apprendre la liberté d'expression et l'acceptation des opinions divergentes des vôtres. Vos propres Salariés ont le droit de faire des commentaires sans que ceux-ci ne soient supprimées systématiquement. A...

à écrit le 27/04/2015 à 17:22
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Dans certains pays ...l'on vous propose de signer en même temps que le contrat de mariage , le contrat de divorce...! et rien n'a vraiment prouvé qu'il y avait plus de divorce dans ces pays...

à écrit le 24/04/2015 à 14:46
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Depuis quand le MEDEF a des chiffons rouges, le chiffon rouge c'est communiste ça!! Je comprends pas bien , le MEDEF veut brulé les chiffons rouges? Nous sommes donc, dans une lutte des classes, à vouloir détruire les avancées du front populaire,le...

à écrit le 23/04/2015 à 23:27
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"Le problème français est d'avoir tout politisé". Certes, mais sans la politique, les luttes du passé nous en serions encore à l'esclavage. Les patrons ne lâchent jamais rien sans qu'ils n'y soient contraints, et sont toujours prêts (comme en ce mome...

à écrit le 23/04/2015 à 18:43
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Pourquoi donner de l'importance à des papy séniles? Le seul moyen de faire parler d'eux c'est montrer à quel point ils sont déconnecter du monde réel.. la noblesse et les paysans c'est fini.. faut retourner à la maison de retraite et prendre ses cach...

le 23/04/2015 à 19:23
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Critiquer c'est une chose, proposer en est une autre. Que proposez vous?

le 24/04/2015 à 10:40
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Cdi pour tout le monde , licenciement facilité et priorité au licencié si une embauche doit intervenir par la suite , disons avant la fin du chômage ; à voir avec les partenaires sociaux .

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