Selon la Seita, le trafic fait un tabac et l’Etat roule pour ça

Par Pascal Rabiller  |   |  494  mots
Selon la Seita, la mise en place du paquet générique va accélérer le phénomène du commerce illicite, voire de la contrefaçon, et donc de l'érosion économique de la filière
Selon un communiqué de presse de la Seita (Groupe Imperial Tobacco), le Sud-Ouest est la championne des régions frontalières en matière de trafic de cigarettes. Une “performance” qui, selon le cigarettier, va être amplifiée par la mise en place, par l’Etat, du “paquet générique”.

En 2014, dans le Sud-Ouest, deux paquets de cigarettes sur cinq ont été achetés en dehors du réseau de buralistes. C'est, avec une moyenne de 39,3 %, beaucoup plus que la moyenne nationale (16,7 %) c'est plus encore que la région Nord qui enregistre un taux de 36,1 % pour la cigarette (mais 70,9 % pour le tabac à rouler !) qui figure en deuxième position des régions française frontalières.
C'est la Seita (Groupe Impérial Tobacco) qui vient de communiquer ces chiffres, basés sur une enquête réalisée en 2014 auprès de 19.718 personnes, qui ne surprennent pas, tant le différentiel de prix entre France, Espagne (4,80 € le paquet en moyenne) et Andorre (3,40 € le paquet) est favorable à ce phénomène devenu, au fil du temps, véritable habitude de consommation notamment dans les régions du Sud-Ouest.
Mais, toujours selon la Seita, ce phénomène de trafic illicite de cigarettes, qui générait une perte fiscale de 2,6 Md€ pour l'État (rapport parlementaire Binetruy, Dumont, Lazaro de 2011), va exploser dans les mois et années à venir et le coupable, c'est l'Etat, avec, notamment, sa volonté d'imposer le paquet générique.
"Le gouvernement mène une politique incohérente", estime Éric Sensi, directeur des affaires corporate de Seita. "D'un côté, il annonce vouloir lutter contre le marché parallèle, et de l'autre il s'entête à vouloir installer une mesure qui aura pour seule conséquence de faire exploser le trafic illicite." Cette politique risque-t-elle également de développer le marché de la contrefaçon ?


Paquet générique... de fin de filière selon la Seita


Oui répond Seita, qui affirme que les paquets étant plus faciles à imiter, les contrefacteurs ne manqueront pas que s'engouffrer dans la brèche. Le groupe rappelle qu'une étude valide leur analyse. Le cabinet KPMG aurait montre qu'en Australie, pourtant île continent, premier pays à mettre en place le paquet neutre, le commerce illicite a progressé de 25 % entre 2012 et mi-2014 et qu'il y a quelques mois les premiers paquets neutres contrefaits y ont fait leur apparition.
La Seita rappelle que la filière tabac française est fragilisée par la concurrence "déloyale" à  ses frontières. La société rappelle aussi que depuis 2003, l'ensemble des décisions politiques, liées à la lutte contre le tabac, ont eu des impacts économiques et sociaux.
Sur ce sujet précisément, la filiale d'Imperial Tobacco est plutôt "bien" placée pour parler puisqu'en 2008, en reprenant la Seita, le groupe avait supprimé 1.000 emplois, et que l'an dernier, elle a pris la décision de fermer l'usine de Carquefou (327 salariés) et l'Institut du Tabac de Bergerac (24) qui employait 28 personnes.
Ceci étant, Seita insiste sur le fait qu'en douze ans, 7.000 buralistes, principalement transfrontaliers (500 dans les départements limitrophes de l'Espagne), ont disparu tout comme 18.000 emplois. Elle dit redouter une accélération de l'érosion de la filière avec la mise en place du paquet générique.