D'ici avril, le Crédit agricole d'Aquitaine, qui rayonne sur les départements de la Gironde, des Landes et du Lot-et-Garonne, et quelques cantons gersois, va renforcer son activité d'ingénierie patrimoniale à Bordeaux avec l'ouverture d'une nouvelle agence de sa banque privée, sur près de 350 m2 à la Bourse maritime. "Cette banque privée a une activité propre mais pas d'enseigne", a précisé ce mardi matin Jack Bouin, directeur général du Crédit agricole d'Aquitaine, qui présentait les résultats 2014 de la banque régionale en compagnie de son président, Rémi Garuz.

Une quinzaine de personnes devrait travailler à la Bourse maritime et probablement le double a terme en Gironde. Le Crédit agricole d'Aquitaine ne découvre pas l'activité d'ingénierie patrimoniale mais veut lui donner une nouvelle dimension. Les agences de sa banque privée pourront ainsi s'appuyer sur des pôles de compétence déjà existants, tout en bénéficiant d'un maillage régional. Une agence devrait ainsi ouvrir à Agen dans le cadre du nouvel ensemble bancaire dont le Crédit agricole d'Aquitaine va lancer la construction d'ici quelques semaines, a résumé en substance Jack Bouin.

Renforcer l'expertise

Le renforcement de cette activité banque privée s'inscrit dans une stratégie de développement plus large. Leader sur la plupart de ses marchés (agriculture, viticulture, ménages, professionnels), le Crédit agricole d'Aquitaine ne l'est pas dans celui de l'entreprise. Le renforcement de son offre en ingénierie du patrimoine est ainsi une nouvelle façon pour la banque coopérative de s'attaquer au marché de l'entreprise, ces dernières faisant régulièrement l'objet de cessions ou transmissions.

"Même si le niveau le plus lointain dans les prises de décision s'arrête à Bordeaux, la nouvelle organisation doit nous permettre de décider encore plus vite, d'être plus près du client, de décentraliser davantage et de renforcer le niveau d'expertise de nos salariés sur l'ensemble des marchés où nous sommes, c'est-à-dire tous les marchés" explique Jack Bouin.

Après le renforcement de l'activité banque privée, cette offensive tous azimuts du Crédit agricole d'Aquitaine se solde en particulier par la création d'une direction des entreprises et du développement du territoire, ciblée sur les PME et ETI de tous les secteurs, notamment les filières nouvelles, comme le numérique.

119,7 M€ de résultat net

Les autres innovations sont d'abord orientées vers le fonctionnement interne de la banque. Mutation qui passe par la création d'un département développement coopératif et communication, centré sur l'animation mutualiste, d'une direction transformation, qui doit permettre d'intégrer au mieux (pour la clientèle) les technologies liées à la banque à distance, tandis que l'ensemble des canaux de distribution va être coiffé par une direction commerciale.

Le Crédit agricole d'Aquitaine entame ce redéploiement après une année 2014 très positive. La banque régionale a ainsi vu son produit net bancaire (chiffre d'affaires) progresser de + 2,9 % l'an dernier, à 540,2 M€, avec 2.560 salariés, et enregistré une hausse très soutenue de son résultat net, qui a progressé de 4,7 % à 119,7 M€. Malgré un taux de rentabilité stratosphérique de 22 %, le Crédit agricole d'Aquitaine a dû augmenter ses provisions pour créances douteuses de 14 %, à 50 M€. Le montant des créances sensibles a quant à lui explosé de 44 %, à 117 M€, mais il ne représente pas du tout le même caractère de risque que les créances douteuses et litigieuses (CDL).

17.361 nouveaux clients

Le coût de ces créances reste stable, à 26,3 M€ (contre 26,6 M€ en 2013), et au final le Crédit agricole d'Aquitaine affiche un taux de CDL de 3,05 % avec un taux de couverture pour les provisions supérieur à 70 %. C'est que malgré les difficultés économiques, le Crédit agricole a gagné 17.361 nouveaux clients en 2014, pour un total de 886.561 personnes (+ 1,9 %), dont 309.468 sociétaires (+ 22 %).

"Nous avons enregistré 47.453 nouvelles entrées en relation l'an dernier, soit une hausse de 8 % pour un chiffre que nous n'avions jamais atteint auparavant" relève Jack Bouin.

L'encours global de la collecte de la banque régionale atteint 21,1 Md€ (+ 3,4 %) en 2014 et celui des crédits 15 Md€ (+ 1,1 %). La banque régionale a par ailleurs collecté 687 M€ d'épargne l'an dernier (+ 13 %) mais, tandis que la collecte hors bilan (assurance vie) a explosé de + 66 %, à 263 M€, la collecte enregistrée au bilan, disponible dans l'établissement (comme le livret A...), a baissé de 6 %, à 424 M€. Le Crédit agricole d'Aquitaine a créé en septembre dernier un livret d'économie locale, rémunéré à 1,25 %, destiné aux professionnels et patrons de TPE qui sont sociétaires.

"Nous en avons écoulé 10.000, pour un montant de 150 M€. Ce livret peut être boosté jusqu'à + 3 % en fonction des périodes. Là ça sera le cas jusqu'en mars" commente Jack Bouin.

+ 20 M€ en investissements

Le Crédit agricole d'Aquitaine, qui est également un assureur, détient 500.000 contrats (assurance-dommage et de personne). La banque régionale assure également les professionnels et en particulier les viticulteurs. "Le nombre de contrats en assurance récolte est passé de 598 à 395 entre les deux derniers exercices" observe le directeur général. Les chutes de grêle de 2013, qui ont frappé durement le vignoble, ont marqué les esprits, explique en substance Rémi Garuz, tandis que 2014 a été une année clémente, ce qui a rassuré tout le monde.

Le Crédit agricole a enregistré 325 nouvelles mises en relation avec des entreprises en 2014, avec un phénomène notable à la clé. Alors que la collecte d'épargne a progressé de 12 % auprès des entreprises, la réalisation de crédits est de son côté en hausse de + 25 %. Rebond dans l'investissement que Jack Bouin attribue à un effet de cycle, le renouvellement des machines devenant tôt ou tard inévitable. Premier banquier de la viticulture, le Crédit agricole d'Aquitaine, a vu son encours de crédit dans ce secteur progresser de + 6 %, à 1,6 Md€, tandis que sa collecte grimpait de 8 %, à 1,7 Md€. Le Crédit agricole d'Aquitaine revendique la redistribution annuelle de ses résultats dans ses trois départements, sous forme d'intéressement et de participation versés aux salariés (19,8 M€), d'impôts locaux (7,8 M€), d'intérêts aux sociétaires (1,7 M€) ou encore de taxe d'apprentissage et de taxe de formation (1,4 M€). La banque régionale vient par ailleurs de décider de porter son programme d'investissements de 60 à 80 M€ sur quatre ans. Ce qui n'inclut pas la construction d'un nouveau siège social aux Bassins à flot, pour un coût prévisionnel de l'ordre de 50 M€.