Les ambitions du nouveau M. Euratlantique

Nommé il y a quelques mois directeur général de l'établissement public d'aménagement Bordeaux Euratlantique, Stéphan de Faÿ était jusqu'à présent resté assez discret. Mais celui qui a succédé en septembre dernier à Philippe Courtois à la tête de ce projet emblématique de la métropole bordelaise, a pris la parole hier. Voici quelques éléments pour mieux connaître l'homme et ses objectifs.
Stéphan de Faÿ

Son parcours

Difficile de résumer une trajectoire professionnelle déjà aussi remplie... Encore aujourd'hui "militaire non pratiquant" comme il le dit lui-même car détaché du corps de l'armement, Stéphan de Faÿ est né en Roumanie. Arrivé en France à l'âge de 4 ans, il se passionne, adolescent puis jeune adulte, pour des sujets aussi disparates que la philosophie, la mécanique quantique et l'économie. Passant par la DCN, l'ex-Direction des constructions navales, puis par la Mission interministérielle sur les mutations économiques, sorte de cellule de crise chargée d'anticiper les grandes fermetures d'entreprises et d'aider à la revitalisation des territoires touchés, il assume ensuite la responsabilité du Bureau OTAN à la direction de la stratégie de la Direction générale de l'armement au moment de la réintégration par la France du Commandement intégré de l'Alliance atlantique.
Sa carrière rebondit ensuite auprès de Christian Blanc, nommé secrétaire d'Etat au développement du Grand Paris. Directeur adjoint de cabinet des ministres chargés du Grand Paris, il quitte le job en 2011 : "Faire partie d'un cabinet ministériel, ça use. Il y a aussi un risque de se déconnecter de la réalité." Stéphan de Faÿ rejoint en 2011 l'établissement public d'aménagement de la Défense Seine-Arche, le fameux Epad, en tant que de directeur général adjoint. "Une très bonne plateforme d'observation de la finance et de l'investissement international", juge-t-il.

Son regard sur l'opération Bordeaux Euratlantique

"Les fondations posées par mon prédécesseur Philippe Courtois en cinq ans, ce qui n'est rien à l'échelle du monde de l'aménagement, sont très solides. Les choix structurels ont été faits."

180.000 m2 de promesses de vente ont été signées, un chiffre incluant des espaces publics, sur les 2,2 millions de m2 de l'opération à terme. Le secteur du quai de Paludate est celui qui a le plus avancé. La question des boîtes de nuit présentes reste en suspens : "Quatre ou cinq établissements ont été identifiés comme ne posant pas de problème. Ils veulent rester, faire évoluer leur offre et voient aussi des opportunités foncières qui se présentent." Pour une dizaine d'autres, un départ devra être acté.

La 2e zone bien avancée est celle d'Armagnac, à l'emplacement d'anciennes friches ferroviaires. Des locaux pour des activités tertiaires, des logements et deux hôtels (un 3 étoiles et un 4 étoiles) y verront le jour.

Ces deux parties de l'Opération d'intérêt national (OIN) pourraient être livrées en 2017 pour l'essentiel. Pour la zone située derrière le MIN, la rue Carles Vernet et le boulevard Jean-Jacques Bosc, il faudra plutôt attendre des livraisons en 2018.

L'attractivité de Bordeaux

Si l'on met Paris et Lyon dans une catégorie à part, Stéphan de Faÿ positionne Bordeaux "en première division, au même titre que Lille, Nantes, Marseille et Toulouse qui sont nos concurrentes".

"L'attractivité de Bordeaux est une réalité dans les têtes", affirme-t-il, l'expliquant entre autres par une qualité de vie réputée et l'image d'une ville dynamique qui s'est transformée. "C'est un vrai atout, notamment parce que l'un des enjeux cruciaux lorsqu'une entreprise se déplace est que ce changement soit accepté en interne, analyse Stéphan de Faÿ. L'été dernier, alors que je travaillais encore à la Défense, j'ai pu me rendre compte que Bordeaux apparaissait depuis six mois, un an, dans le radar. Mais attention, l'attractivité seule ne suffit pas. De la même manière qu'une ligne à grande vitesse n'a jamais fait venir une grande entreprise sur un territoire de ce seul fait. Bordeaux a un vivier de main d'œuvre de très grande qualité avec une université très performante. Elle est aussi celle qui produit le plus de startup par habitant, ces dernières présentant une résistance à trois et cinq ans supérieure à la moyenne nationale. Cette réalité, il faut la démultiplier. Faire venir des sièges de grands groupes, ça semble compliqué. S'appuyer sur leur présence sur notre territoire, à travers leurs filiales ou leurs sites, et les renforcer, j'y crois plus."

Son regard sur l'immobilier bordelais

"L'offre de bureaux du Lac est complètement obsolète. Elle ne répond plus aux enjeux environnementaux ni aux niveaux de charges acceptables, pas plus qu'à la qualité d'usage que peut attendre une entreprise. A Bordeaux, nous devons purger le marché de certains immeubles de bureaux obsolètes."

Plus globalement, Stéphan de Faÿ laisse paraître une inquiétude : le prix du m2 de logement à Bordeaux.

"L'épine la plus lourde dans le pied de Paris, c'est le problème du logement. On y a réinventé le concept du cadre pauvre. Bordeaux offre une meilleure qualité de vie que Saint-Denis pour un prix du m2 de foncier similaire. Je n'ai aucune inquiétude pour le tertiaire, mais il faut être vigilant sur l'offre quantitative du logement privé et la question du prix. Il est important qu'Euratlantique contribue à calmer le jeu en tirant les tarifs vers le bas sans sacrifier la qualité. Les opérations comptent 35 % de locatif social, 20 % d'accession sociale à la propriété et 45 % de logement libre. Nous nous engageons à ce que le prix du m2 dans l'immeuble ne dépasse pas une moyenne de 3.600 € / m2.". Ce qui autorise du très haut de gamme au dernier étage et des tarifs bien plus modérés aux étages inférieurs par exemple.

La licence World Trade Center

"Cette licence internationale, nous l'avons effectivement obtenue. Elle correspond à un certain niveau de services fournis aux entreprises, qu'à Bordeaux il va falloir développer avec l'appui de l'agence Bordeaux Gironde Investissement. On peut imaginer qu'un opérateur soit chargé de fournir ces services, ou que le propriétaire de l'immeuble World Trade Center s'assure de leur présence grâce aux occupants. Je ne prends pas le pari qu'un World Trade Center voit le jour avant l'arrivée de la LGV en 2017, mais j'ai bon espoir que nous y arrivions avec l'un des trois projets immobiliers sur lesquels nous travaillons en ce moment."

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