Bordeaux : Agence s’abstenir secoue l’immobilier

Par Pascal Rabiller  |   |  569  mots
Clarté des tarifs, obligation de résultat, 0 commission, Agence s'abstenir tente d'imposer une nouvelle façon de réaliser des transactions immobilières
Créée il y a tout juste un an, la société bordelaise Agence s’abstenir propose une nouvelle approche du service de l’agence immobilière. Son modèle économique repose sur le concept : prépayé, satisfait ou remboursé. Explications.

Professionnels de l'immobilier, gestion de patrimoine immobilier pour l'un, parcours traditionnel d'agent immobilier pour l'autre, les Bordelais Maxime Verdon et Clément de Toffoli se sont inspirés d'un modèle de service découvert au Québec : duProprio.com, une agence immobilière sans commission qui occupe une place de leader chez nos cousins d'Amérique, pour tenter de faire la même chose en France en créant la société Agence s'abstenir (siège à Bruges - 33).

"Notre modèle est ultra simple, assure Clément de Toffoli. Nous proposons aux vendeurs d'un logement d'acheter un de nos cinq packs, qui vont de 459 à 1.999 euros. Ces packs, en fonction du prix, donnent droit à des prestations et services qui concernent, au minimum, un conseil immobilier pour la détermination exacte du prix de vente, des prises de vues, de l'affichage sur des sites et journaux spécialisés... Mais cela peut aller beaucoup plus loin, jusqu'aux prises en charge de visites, création de visites virtuelles, négociation, accompagnement jusqu'au cabinet du notaire...si le vendeur souscrit à des options qui vont entre 2.000 et 4.000 euros à la souscription, et une commission qui varie en fonction du prix du bien vendu."

Obligation de moyens... et de résultat

L'une des autres particularités d'Agence s'abstenir, c'est qu'elle s'impose une obligation de résultat. "Si nous ne vendons pas dans les dix-huit mois, nous remboursons le pack souscrit par le client."

A ce jour, la société est trop jeune pour avoir été confrontée à cette éventualité, mais quoi qu'il en soit, selon ses créateurs, les résultats d'Agence s'abstenir les mettent à l'abri :

"Nos biens restent à la vente entre une semaine et quatre mois au maximum. Le concept semble séduire et nos clients choisissent quasi systématiquement le pack Prestige, le plus complet, c'est sans doute ce qui explique la rapidité des ventes", explique Clément de Toffoli.

Le concept, qui tranche assez radicalement avec les propositions faites par les agences immobilières classiques, semble correspondre aux attentes des vendeurs bordelais. Du coup, le concept est déployé à Toulouse et ses fondateurs cherchent à être présents dans le Grand Sud, sur Nice, Perpignan et Marseille.

"Nous voulons diffuser Agence s'abstenir en s'appuyant sur des agents indépendants, issus du monde de l'immobilier. De vrais connaisseurs qui disposent d'un minimum d'expérience. Une fois que nous aurons des agents dans les plus grandes villes de France, nous bâtirons une équipe commerciale."

Vers des agences physiques ?

En s'appuyant jusqu'à ce jour uniquement sur le bouche-à-oreille, la petite équipe (trois salariés) d'Agence s'abstenir a réalisé, cette année, 60.000 euros de CA à Bordeaux. Elle souhaite atteindre 90.000 euros l'an prochain.

"Il existe à ce jour des concepts proches du nôtre, mais ils se concentrent quasi uniquement sur la communication, les annonces. Or nous, c'est une offre globale que nous proposons, et ce quel que soit le pack acheté."

Pour le moment, les chiffres d'Agence s'abstenir n'ont pas de quoi remettre en question le modèle économique de la concurrence, constituée par les agences immobilières, mais ce départ encourageant donne de l'appétit aux créateurs du concept. Il n'est désormais pas exclu que la marque Agence s'abstenir s'affiche un jour sur la devanture d'une agence physique. Là, il sera peut-être temps pour les agences immobilières de commencer à envisager la révision de leur modèle économique.