A Herakles, les syndicats ont aussi des attentes communes

Le vote négatif exprimé dans la divergence par le comité central d’entreprise d’Herakles sur la création de la coentreprise Airbus - Safran, n’a pas empêché les syndicats de se montrer consensuels.
Tir d'Ariane 5 au centre spatial de Kourou en Guyane
Tir d'Ariane 5 au centre spatial de Kourou en Guyane (Crédits : reuters.com)

Suite au vote négatif exprimé lundi 27 octobre par le comité central d'entreprise (CCE) d'Herakles (groupe Safran), au Haillan (33), concernant le projet de création d'une coentreprise (joint venture) entre Airbus et Safran, les élus représentants les salariés de l'entreprise, numéro deux mondial du propergol solide, reviennent sur les enjeux de ce vote et la motion qu'ils ont voté à l'unanimité.

Le CCE d'Herakles, dont Pierre Giacomini (CGT) est le secrétaire, rappelle tout d'abord que l'annonce en juin du regroupement des activités spatiales d'Airbus et Safran a été saluée par le président de la République. Il précise ensuite que dans la perspective de ce regroupement au sein d'une coentreprise codétenue à égalité par les deux groupes, les représentants des salariés des sociétés concernées étaient appelés à se prononcer via les CCE "dans le cadre du processus d'information / consultation".

Le rapprochement des groupes doit se faire en deux étapes, avec tout d'abord la création au 1er décembre de la coentreprise (Joint Venture programmes), qui devrait compter "un peu plus de 400 salariés", dont environ 40 d'Herakles.

Motion unitaire

L'opération devrait être bouclée fin 2015 avec l'apport d'actifs. Il est prévu que la future coentreprise soit baptisée AirbuSafran Launcher et que son siège soit établi à Issy-les-Moulineaux (92). Le communiqué précise que le CCE d'Herakles, qui, rappelons-le, a été le seul à voter contre (ceux de Safran, Snecma, Airbus Defence & space ayant voté pour), s'est prononcé "après différentes présentations et plus de 150 réponses de la direction aux questions des élus". Sur les sept représentants appelés à voter au CCE d'Herakles, la CGT disposait de trois élus, la CFE-CGC de deux, la CFDT et SUD d'un chacun.

Le communiqué revient sur l'argumentaire très fourni ayant motivé le vote négatif de la CGT, qui considère en particulier que l'activité spatiale est une composante de la souveraineté, de l'emploi et de l'économie industrielle, des réponses aux grands enjeux sociétaux. Comme nous l'avons indiqué hier, estimant que la direction n'avait pas fourni tous les éléments dont elle disposait, SUD a refusé de prendre part au vote, tandis que la CFDT s'est abstenue car "les informations communiquées par la direction ne lui permettaient pas d'avoir un avis éclairé" et que la CFE-CGC a voté pour, au motif qu'il est "temps de réformer le système face à une concurrence nouvelle" tout en exprimant des réserves "devant l'absence de précisions".

>> Lire aussi : Fusion Airbus - Safran : les syndicats d'Herakles votent contre

Malgré ces positions divergentes, les élus du CCE d'Herakles ont adopté, après leurs votes en CCE sur la coentreprise, une motion qu'ils ont adressée à la direction.

Maîtrise d'œuvre au centre

Les élus du CCE demandent ainsi que le plan de développement (business plan) de la coentreprise soit réalisé "dans les meilleurs délais", avec la répartition des activités par métiers et par localisation, y compris celles qui ne relèvent pas de l'espace (stratégique, automobile, tactique, etc.). Ils exigent que la maîtrise d'œuvre de la propulsion solide soit intégrée à la coentreprise, "pour des raisons de crédibilité du projet", et refusent qu'Herakles soit cantonnée à un rôle de production. Ils s'interrogent sur "le devenir d'une entreprise qui ne serait pas adossée majoritairement à un grand groupe comme Safran ou Airbus".

Les élus du CCE d'Herakles demandent aussi à ce que le CCE soit consulté sur l'avenir et l'organisation du segment composites thermostructuraux "concomitamment au démarrage de la consultation JV phase 2". Ils veulent aussi que le CCE Herakles soit convoqué dès le lendemain de la Conférence européenne des ministres de l'espace (qui a lieu le 2 décembre). La motion comporte aussi un bon nombre d'attentes sur les plans juridique et social.

Cette réforme, qui promet de bouleverser l'organisation de la filière des lanceurs spatiaux en Europe, soulève de nombreuses questions de fond quant à sa viabilité et à sa capacité à faire face à la concurrence low cost de la société américaine SpaceX, qui, de son côté, mène sa politique commerciale à prix cassés grâce à l'appui de la puissance fédérale américaine.

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Commentaires 2
à écrit le 31/10/2014 à 19:25
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Dans votre article "les syndicats d'Herakles votent Contre", la CFE-CGC argumente son positionnement sur le faite que "Airbus fait des avions, ce n'est pas l'Etat qui décide s'il faut construire un A320" Cette analyse est dangereuse à 2 mesures: - ...

à écrit le 30/10/2014 à 13:58
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Les industriels ont pour cible la baisse du coût du lanceur de 40%. Un des leviers pour atteindre cet objectif serait de baisser les effectifs de 7 à 8% sur 5 à 6 ans, selon les experts Secafi mandatés par les CCE Herakles, Snecma et Airbus DS. Pour...

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