Fusion Airbus - Safran : les syndicats d’Herakles votent contre

Les avis dispersés des syndicats d’Herakles, au Haillan (33), se sont traduits au final par un refus du projet de création d’une coentreprise entre Airbus et Safran.
Tir lanceur Ariane 5 en 2012 au centre spatial de Kourou en Guyane

Le comité central d'entreprise (CCE) d'Herakles (2.300 salariés), au Haillan, numéro deux mondial de la propulsion à propergol solide, filiale de Safran, a donné un avis négatif le 27 octobre quant à la création de la coentreprise réunissant les équipes d'Airbus et Safran impliquées dans les lanceurs spatiaux, qui a été annoncée en juin et doit se concrétiser d'ici la fin de l'année. Aucun des quatre syndicats représentés au CCE n'a voté de la même façon. Alors que la CFE-CGC soutient le projet, la CGT a voté contre, la CFDT s'est abstenue et SUD a refusé de voter. Jointe par téléphone, la direction d'Herakles n'a pas souhaité répondre à nos questions. Représentant SUD, François Ossorio regrette que les syndicats ne soient pas tombés d'accord pour voter contre le projet et créer un rapport de force avec la direction.

"Nous n'avons pas pris part au vote car nous n'avions pas assez d'informations pour nous prononcer, personne ne connaît le nombre de services d'Herakles qui risquent d'être absorbés dans cette fusion. Alors que l'Etat ne s'est pas encore prononcé sur la question, dire oui c'est rendre la chose possible", explique l'élu de SUD.

Comme les avions

Défavorable à la privatisation de la filière spatiale, la CGT d'Herakles a voté contre. "Safran et Airbus se positionnent en sauveurs de la filière spatiale sur fond de crise européenne en omettant de parler des effets d'aubaine que sont les aides publiques liées aux programmes d'Etat", observent les élus CGT du comité d'entreprise européen de Safran. Ils demandent une meilleure association des syndicats aux décisions et soulignent que "la présence publique dans le capital du groupe doit servir les Etats, l'Europe et les salariés du groupe pour garantir la vocation industrielle et la qualité des productions, et non livrer le groupe et ses partenaires aux appétits des marchés financiers." A l'inverse, la CFE-CGC s'implique dans la défense du projet.

"Le CCE d'Herakles a été le seul à voter contre la création de la coentreprise ! C'est dommage. Airbus fait des avions, ce n'est pas l'Etat qui décide s'il faut construire un A320. Cela doit être pareil pour le spatial, à condition que les activités civiles et militaires restent jointes, argumente Philippe Gery (CFE-CGC). Cette fusion risque d'impacter les cadres des services supports, poursuit-il, mais elle sera favorable pour Herakles. Car la future Ariane 6 va embarquer davantage de poudre qu'Ariane 5. Dans tous les cas, il n'y aura pas de plan de sauvegarde de l'emploi."

Contrer SpaceX

Pour formel qu'il puisse paraître, l'avis du CCE est consultatif, ce vote se fait dans un contexte très tendu, puisque les Européens sont menacés par les lancements spatiaux low cost de l'entreprise américaine SpaceX, elle-même soutenue par la Nasa.
Avec le projet de fusion en cours, les Européens s'apprêtent à riposter en privatisant leur industrie spatiale. Comme l'a révélé le 7 juillet dernier La Tribune ("Faut-il donner toutes les clés d'Ariane 6 à Airbus et Safran ?"), cette politique du développement des lanceurs spatiaux, qui écarterait l'Agence spatiale européenne et le CNES (Centre national d'études spatiales), comporte de sérieux risques. Deux accidents, l'échec du vol 517 d'Ariane (2002) et celui du missile M51(2013), impliquent ainsi respectivement Airbus Group et Safran, et Airbus Space system. Les ministres européens et le gouvernement français devraient se prononcer courant décembre.

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Commentaires 15
à écrit le 28/10/2014 à 22:49
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les fonds européens aident grandement notre industrie !

à écrit le 28/10/2014 à 20:47
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Le CCE Herakles est interrogatif sur le DEVENIR D’UNE ENTREPRISE QUI NE SERAIT PAS ADOSSEE MAJORITAIREMENT A UN GRAND GROUPE comme Safran ou Airbus ; les nouveaux actionnaires pourraient notamment être tentés de réduire le domaine d’intervention de l...

à écrit le 28/10/2014 à 20:44
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La CGT Herakles défend le principe d’une famille de lanceurs. Ce concept a besoin de s’y voir additionné le lanceur Vega et Ariane 5 ME afin de former une famille et être au catalogue d’Arianespace

à écrit le 28/10/2014 à 20:41
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Malgré la faiblesse des budgets européens comparés à ceux des États-Unis (la dépense publique européenne ne représente que 12 % de la dépense publique spatiale mondiale), la France est la seule nation dotée d’un outil industriel capable de rivalise...

à écrit le 28/10/2014 à 20:40
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L’importance stratégique des satellites, dans la politique de défense et de sécurité, explique la volonté affichée par les militaires de préserver une autonomie industrielle. Surtout, la France est le seul pays européen à avoir développé une experti...

à écrit le 28/10/2014 à 20:38
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La nécessité de conserver en Europe la maîtrise de la technologie et de la capacité de lancement fait l’objet d’un large consensus en France, notamment dans la classe politique, car « sans capacité autonome de lancement, un pays n’est pas maître de...

à écrit le 28/10/2014 à 20:36
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L’espace est un des rares domaines d’activité industrielle où la France occupe encore l’un des premiers rangs mondiaux et la première place en Europe. Fruit d’une volonté historique d’indépendance, cette réussite s’est forgée sur la maîtrise de l’e...

à écrit le 28/10/2014 à 20:35
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Dans ce projet, l'Etat doit continuer d'avoir la maîtrise d’œuvre. Le dernier Livre blanc français sur la défense et la sécurité nationale insiste sur le caractère essentiel des moyens spatiaux pour « les plus hautes autorités de l’État » afin de «...

à écrit le 28/10/2014 à 20:30
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Dans cet article il y est nommé 2 représentants syndicaux. Pour le respect de la démocratie et la liberté d'expression, il serait bien qu'un représentant CGT et CFDT puissent s'exprimer

à écrit le 28/10/2014 à 20:25
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ce projet de coentreprise entre airbus et safran me semble utile et nécessaire. Néammoins il faut prendre le temps de rétablir la confiance et de convaincre. Un soupçon de psychologie et de pédagogie s'impose pour mener ce projet à terme.

à écrit le 28/10/2014 à 19:42
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Le syndicat SUD n'a pas souhaité prendre ses responsabilités confiées par les salariés. Le Secrétaire du CCE, élu CGT, avait proposé à l'ensemble des Elus d'émettre un avis négatif face au premières annonces de la direction de raboter l'emploi dans ...

à écrit le 28/10/2014 à 19:34
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Le représentant SUD, François Ossorio dit regretter que les syndicats ne soient pas tombés d'accord pour voter contre le projet et créer un rapport de force face à la direction. Alors pourquoi son syndicat n'a pas voté Contre comme la CGT qui aurait ...

à écrit le 28/10/2014 à 19:26
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Votre information est incomplète. Les syndicats d'Herakles ont refusé le modèle proposé par la direction dans le cadre du rapprochement des activités "spatial" entre Airbus et Safran. Dans une motion commune, ils reconnaissent qu'il y a nécessité d'a...

à écrit le 28/10/2014 à 17:36
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Syndicats entreprises de démolition a irresponsabilité illimité .

le 29/10/2014 à 10:40
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en quoi cet article te permet d'affirmer ça ????

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