Bordeaux se rêve en destination finale européenne

Comme deux cargos avant elle, l’ex-Jeanne d’Arc, porte-hélicoptères de la Marine nationale, va être démantelé dans le port de Bordeaux, à proximité et la forme de radoub de Bassens. Pour Veolia Propreté et sa filiale Bartin, le démantèlement du navire, suivi dans la foulée du démantèlement de l’ex-Colbert, est un chantier à 11,5 M€ HT. Pour le Grand Port Maritime de Bordeaux, c’est la confirmation du potentiel d’un outil qui positionne Bordeaux comme un acteur de niveau européen du démantèlement de navires.
Le démantèlement de la Jeanne d'Arc (ici en photo à son arrivée à Bassens) et celui du Colbert vont mobiliser 50 salariés de Bartin Recycling Group (fililale de Veolia) pendant 32 mois.

Décroché par Veolia et sa filiale Bartin Recycling Group, le chantier du démantèlement de l'ex-Jeanne d'Arc (aujourd'hui Q860) puis, dans la foulée, de l'ex-Croiseur Colbert (Q683), c'est d'abord des chiffres, comme les 11,5 M€ HT en montant des travaux que représente le chantier pour le groupe français. C'est aussi  9.000 tonnes et 8.000 tonnes de matériaux qui seront recyclés à 90 % environ. C'est approximativement 10 mois de désamiantage (environ 9 tonnes par navire démantelé, qui seront vraisemblablement enfouies) par navire qui seront suivis de 6 mois de découpe de métaux qui seront expédiés, par bateau, vers des filières de recyclages françaises et espagnoles. C'est enfin, au total, 32 mois de chantiers qui vont occuper, en période de pointe, quand la Jeanne d'Arc sera à la découpe et le Colbert en désamiantage, une cinquantaine de personnes à plein temps.

Après le "test" de 30.000 tonnes, cap sur les 17.000 tonnes des coques Q683 et Q860

"Pour Veolia, après le test réussi du démantèlement réalisé, à Bassens, du cargo Matterhorn qui représentait 3.000 tonnes de ferraille, le chantier qui s'ouvre est d'un tout autre calibre," expliquait Bernard Harambillet, DG de Veolia France, ce matin. "Il confirme notre volonté de devenir un acteur mondial important du démantèlement et de la réhabilitation. Aujourd'hui, cette activité représente, pour Veolia dans le monde, environ 100 M€ de chiffre d'affaires par an, en 2020, l'activité devrait peser entre 500 M€ et 1 Md€. En France, nous réalisons 20 M€ de CA dans la déconstruction, le démantèlement, mais nous visons 100 M€ d'ici 5 ans."

6,5 M€ d'investissements pour l'outil de démantèlement bordelais

Du  côté du Grand Port maritime de Bordeaux, ce chantier de démantèlement, le troisième en deux ans, semble confirmer la prédiction de Frédéric Cuvillier, alors secrétaire d'État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, qui voyait en Bordeaux un potentiel de champion d'Europe du démantèlement "propre" de navires.

Par la voix de son président du directoire, Christophe Masson, le Grand Port maritime a confirmé son engagement concernant des investissements qui vont permettre à la forme de radoub de Bassens et à son périmètre immédiat de devenir un outil de plus en plus efficace. "Nous allons y investir 6,5 M€ dans les cinq ans à venir" annonçait-il ce matin. Il sera sans doute question de moderniser les équipements d'exploitation, mais aussi de l'installation d'un portique de levage, qui évitera aux opérateurs en charge des opérations de démantèlement d'en louer à une entreprise externe au port.

En location d'installations et en service, le chantier piloté par Bartin Recycling Group va rapporter environ 1 M€ au Grand Port maritime. Il va aussi contribuer à une légère augmentation du chiffre du trafic de métaux (qui est de 100.000 tonnes/an à ce jour) du port bordelais.

Pour ce qui est du démantèlement "propre", Bordeaux dispose, avec la forme de radoub de Bassens, d'un outil techniquement compétitif, même s'il reste améliorable, qui intéresse plusieurs acteurs du démantèlement de navires. Et s'il est hors de question de rivaliser économiquement au moins, et d'un point de vue environnemental  à coup sûr, avec les pays à bas coût, dans la compétition européenne, Bordeaux veut se positionner comme un sérieux concurrent aux anglais de Hartlepool qui disposent, sur le fleuve Tees, de la plus grand cale sèche au monde.

Valorisation et traitement des produits du démantèlement

90% des matières iront vers les filières de recyclage :
-    Ferrailles (aciéries françaises et espagnoles)
-    Métaux non-ferreux (fonderies françaises ou européennes)
-    Equipements électriques et électroniques (Saint-Sylvain-d'Anjou)
-    Liquides et fluides (Bègles)

10 % des matières iront en filière de traitement :
-    Déchets industriels non dangereux (Bègles - Lapouyade)
-    Amiante (Saint-Cyr-des-Gats, Bellegarde)
-    Déchets dangereux (Bassens)
-    Liquides et fluides (Bègles)

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Commentaires 5
à écrit le 18/10/2014 à 13:54
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Bordeaux veut se positionner comme un sérieux concurrent aux anglais de Hartlepool mais avec quel argent ? les Bordelais croient-ils que l'Etat français nage dans le fric ?

le 18/10/2014 à 18:20
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Il y a une bulle chantier naval qui enfle en France, des projets qui vont bien au-delà des moyens, gaffe quand ça explosera.

à écrit le 18/10/2014 à 10:06
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Avec la législation européenne, ce n'est guère un marché concurrentiel. Quand Bordeaux aura gagner plusieurs contrats étrangers, on pourra peut-être voir ce que l'avenir de cette activité, et si elle ne resta pas dépendante de subventions.

à écrit le 18/10/2014 à 8:40
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Intéressant mais Veolia est tellement liée aux contrats d'état, aux contrats politiques qu'il faut attendre pour savoir si ce business est un vrai sujet propre financièrement sans aucun apport du contribuable local ou national pour connaître sa péren...

à écrit le 17/10/2014 à 19:36
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Ah bon ? c'est étonnant ? et alors pourquoi lors du démantèlement propre" du Clemenceau l'Etat l'a envoyé en Inde ??? (et après c'était tout ce périple dont on se souvient avec écoeurement…) Trop chère la main d'oeuvre française ou alors on commence...

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