A Bordeaux, la CCI entame une cure d'austérité

En plus d’une collaboration inédite avec La Poste, la Chambre de commerce et d’industrie de Bordeaux prépare un plan d’austérité adapté aux nouvelles coupes annoncées dans les ressources consulaires.
Pierre Goguet, président de la CCI de Bordeaux

Des facteurs pour s'occuper des entreprises, c'est en substance l'expérimentation nationale qui aura bientôt lieu en Gironde.

"L'idée, c'est d'avoir des antennes communes aux chambres de commerce et d'industrie (CCI) et à La Poste dans certains sites. Au-delà des services postaux, le facteur pourrait gérer une relation avec les entreprises. Les facteurs sont très au courant de ce qui se passe dans les entreprises, il serait intéressant qu'ils puissent faire remonter des informations à ce sujet à la CCIB. La Poste comme les CCI sont des entités qui doivent reconfigurer leur modèle économique" a expliqué ce mardi matin Pierre Goguet, président de la CCI de Bordeaux.

Après les conflits sociaux qui ont agité de nombreux bureaux de poste en Gironde au premier semestre, souvent pour des questions de manque d'effectif, l'objectif ne semble pas forcément aller de soi. Mais comme l'a rappelé Pierre Goguet, dans le cadre d'un point presse consacré aux effets du nouveau tour de vis fiscal contenu dans le projet de loi de finances, les CCI vont devoir s'adapter à un contexte difficile, marqué par une nouvelle réduction de la part de la taxe additionnelle à la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (TACVAE) auxquelles elles ont droit pour assurer leur financement.

10 M€ en moins

"Il y a un an, les CCI avaient entériné, avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, une baisse de 15 % de leurs ressources fiscales assortie d'un prélèvement unique de 170 M€. C'était bien, nous étions contents, ironise Pierre Goguet. C'était quand même du jamais vu puisque cette opération a amputé notre budget de 1,4 M€. Et puis, poursuit-il, est arrivé Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, qui a commandé un rapport à charge sur les CCI. Au bout du compte, cette dernière proposition, inscrite dans le projet de loi de finances, va se traduire par une ponction de 500 M€ au plan national sur les CCI et une nouvelle baisse programmée de nos ressources fiscales de 37 %".

L'annonce de ce projet a déclenché en mai dernier une authentique séquence de guerre froide, qui a conduit les représentants des CCI à suspendre leurs relations institutionnelles avec l'Etat.

"La CCI de Bordeaux fait partie des chambres solides puisque les ressources fiscales ne représentent pas plus d'un tiers de son budget. Mais malgré tout l'impact que nous allons subir est considérable. D'ici 2017, la CCI de Bordeaux va perdre 10 M€ sur un budget de 55 M€. Ce qui nous oblige à prendre des mesures" commente le président.

Pierre Goguet qui tient à rappeler que les CCI de Dordogne et de Lot-et-Garonne dépendent pour 80 % de leur budget des ressources fiscales.

Réserves à l'amende

La nouvelle taxation va porter en particulier sur les fonds de roulement des CCI dépassant 120 jours de budget, assimilés à des réserves. Pierre Goguet se félicite que la CCIB ait bouclé le financement des nouveaux locaux de Kedge Business School, soit un investissement de 40 M€ couvert pour moitié par les réserves de la CCI, et de 2 M€ dans le pôle métiers de bouche. "Grâce à ces investissements nous allons subir un coup de râteau compris entre 0 et 500.000 €, qui va par contre coûter 2 M€ à la CCI de Libourne et 3 M€ à la CCI de Pau" souligne le président de la CCI de Bordeaux.

Pierre Goguet confirme que l'application de cette nouvelle réforme sur le financement des CCI pourrait se solder par le licenciement de 7.000 agents (sur 25.000) au plan national. L'effectif direct de la CCIB, qui représente 190 salariés, pourrait ainsi être réduit de 50 personnes. La formation est un axe d'intervention important de la CCI. Avec le départ de l'école supérieure de commerce et de management Kedge Business School, qui évolue désormais dans une association indépendante, la CCIB va économiser 1 M€ par an.

Plus de facturations

Pierre Goguet estime que la CCIB ne pourra probablement pas maintenir son aide annuelle de 700.000 € à l'Icfa (Institut consulaire de formation en alternance), à Bordeaux-Lac.

"Nous allons développer une politique de pôles d'excellence, avec par exemple les métiers de bouche, et être plus prudents sur le lancement de nouvelles filières mais aussi plus sélectifs avec les formations anciennes. De même, l'Ecole internationale de sommellerie (Worldsom), c'est un label que nous garderons, mais l'école elle-même va être reformatée à la baisse" résume Pierre Goguet.

La direction de la CCIB repasse ainsi le fonctionnement de tous ses métiers au crible du futur tamis budgétaire. Même ses fonctions les plus anciennes, comme l'accueil et l'accompagnement des créateurs d'entreprises, ou des repreneurs, sont à l'analyse. L'idée est de conserver un socle gratuit, correspondant à la mission de service public des CCI, tout en segmentant la population des ressortissants pour développer des prestations payantes, à partir de "prestations à forte valeur ajoutée", sans pour autant cannibaliser le secteur privé...

Le 3 novembre, les représentants des 17 CCI territoriales de la future grande région, avec Limousin et Poitou-Charentes, se retrouveront à Bordeaux pour identifier les pôles d'expertises existants, comme par exemple l'image à Angoulême. Et la fusion régionale sera également examinée à l'aune de la métropolisation et des éventuelles options de collaboration des CCI avec ces nouvelles structures.

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