Quelles sont les relations entre Maison Johanès Boubée  et Carrefour ?
Carrefour est notre maison-mère. Nous sommes sa centrale d'achat pour tout son vin en vrac et en marque de distributeur conditionné en bouteille. Nous avons également une activité d'embouteillage avec six sites dont trois en propre, ainsi qu'une activité logistique pour tous les vins du groupe Carrefour, avec six entrepôts. Maison Johanès Boubée mène également une activité commerciale à l'export, pour les magasins Carrefour mais aussi pour notre propre compte. Au total Maison Johanès Boubée, dont le siège est à Bordeaux, emploie 520 personnes en CDI et a réalisé un chiffre d'affaires de 730 M€ en 2013.

Vous êtes également positionnés sur d'autres produits, comme les vins aromatisés ?
Oui, nous fabriquons et embouteillons des alcools et sirops pour Carrefour. Cela représente 8 % de notre activité. Le marché du sirop est en développement. C'est encore plus vrai pour les vins aromatisés, pour  lesquels nous attendons cette année une croissance de 40 %. Certains disent que ce n'est pas du vin ! Mais il y a une vraie clientèle pour cela.

Quelles sont vos raisons d'être optimiste pour la suite ?
Premièrement, Carrefour mise sur ses rayons vin. L'enseigne considère qu'il s'agit d'un point d'attractivité sur lequel il y a de vrais potentiels de croissance. Ensuite, nous disposons d'une équipe très professionnelle, avec un véritable savoir-faire. Enfin, nous avons des leviers sur lesquels agir pour soutenir notre croissance. Le développement d'un vrai travail de marque, avec Augustin Florent (la marque de Carrefour pour les AOP, NDLR) porte ses fruits. Augustin Florent est aujourd'hui la marque de vin la plus vendue en France avec 30 millions de litres.

C'est ce qui explique la refonte de votre organisation industrielle ?
Absolument. Sur nos six sites, trois sont concernés par la refonte de notre organisation. Ceux de La Chapelle d'Armentières près de Lille, et de Bayeux dans le Calvados, assurent  les activités d'embouteillage et de logistique. Celui de Beychac-et-Caillau en Gironde, uniquement de la logistique. Paradoxalement, nous n'avons donc pas de site d'embouteillage dans le Sud-Ouest ! Notre organisation géographique était obsolète. Le site de La Chapelle d'Armentières va devenir un site logistique à part entière. Bayeux sera rénové et se spécialisera davantage dans les alcools et sirops tout en conservant une activité d'embouteillage de vin importante. Enfin à Beychac-et-Caillau, nous allons construire un bâtiment de 10.200 m2 avec trois lignes d'embouteillage, ce qui créera 35 à 40 emplois.

Quel est l'investissement nécessaire ?
Le promoteur immobilier qui nous accompagne investit 8 M€, nous de notre côté investissons 5 M€ pour les lignes d'embouteillage et le chai. Maison Johanès Boubée sera locataire dans ses murs. Nous espérons débuter les travaux en septembre prochain pour une ouverture au second semestre 2015, avec une montée en puissance progressive pendant six mois. Ce plan stratégique va nous donner des munitions supplémentaires pour améliorer notre compétitivité.

Quel regard portez-vous sur le vin de Bordeaux en règle générale, à l'export par exemple ?
Nous avons choisi d'axer l'essentiel de notre stratégie à l'international sur le cœur de marché. En Chine, nous nous efforçons de proposer une gamme structurée et à un bon rapport qualité - prix. Je répète souvent qu'il faut faire attention et produire des vins que le consommateur est capable d'acheter. Ou alors on accepte de perdre sur les volumes.