À Ford Aquitaine, les salariés sont sous tension

Le printemps ne suffit pas à calmer l’inquiétude des salariés de cette filiale de Ford, qui veulent appeler les politiques à la rescousse. De son côté, la direction fait état d'un marché tendu.
Dirk Heller, président de FAI, directeur des opérations moteurs et transmissions à Ford Europe

Les adhérents CGT de Ford Aquitaine Industries (FAI) et de Getrag Ford Transmissions (GFT), usine située à côté de celle de Ford, se sont réunis hier mardi pour élaborer un plan d'action motivé par la faiblesse de la production à FAI et le besoin d'un nouveau projet à GFT. « Nous devrions fabriquer 160.000 boîtes de vitesse 6F35 mais nous en sommes à 82.000 : l'usine tourne à 50 % de ses capacités » observe ainsi Gilles Pénel, secrétaire (CGT) du comité d'entreprise.

La tension exprimée le 27 février par le vote intersyndical d'un droit d'alerte n'est pas retombée. La CGT entend remobiliser les salariés, dont beaucoup sont en chômage technique et peu présents dans l'usine. Son premier objectif est d'obtenir une nouvelle rencontre avec les élus politiques impliqués dans ce dossier industriel pour les convaincre de se manifester auprès de la direction de Ford Europe, à Cologne, maison mère de FAI.

La réalité du marché

Les cégétistes vont proposer aux autres syndicats, à commencer par la CFTC, son plus proche allié, d'envoyer un courrier aux élus concernés : de la maire (PS) de Blanquefort, Véronique Ferreira, au maire (UMP) de Bordeaux, Alain Juppé, nouveau président de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), qui connaît bien le dossier.

« Ford comme ses confrères ajuste sa production au marché, on ne produit pas pour produire et l'usine moteurs de Cologne a beaucoup chômé pour ces raisons. En Europe de l'ouest, l'automobile est un marché de renouvellement. À l'est, c'est un marché en développement, mais la crise ukrainienne et la chute du rouble perturbent les constructeurs automobiles. C'est dans ce contexte qu'évolue Ford Aquitaine », analyse Roland Especel, porte-parole de Ford Aquitaine Industries.

Ce dernier souligne que malgré ce contexte tendu, Ford - financièrement soutenu en Gironde par les pouvoirs publics - , respecte ses engagements, en maintenant comme prévu 1.000 emplois à Blanquefort, avec des investissements à la clé. « Croyez bien que la Direccte (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi) a vérifié que le compte y était », ajoute-t-il.

Philippe Poutou s'alarme

Les syndicalistes continuent de leur côté à être inquiets. « C'est vrai que le marché russe ne va pas du tout, mais il n'y a pas que la Russie comme débouché. Nous n'avons pas de visibilité, c'est pourquoi nous voulons alerter les politiques » insiste Gilles Pénel.

Tête de liste du NPA (Nouveau parti anticapitaliste) dans le Sud Ouest pour les élections européennes du 24 mai, Philippe Poutou, élu CGT à FAI, régulièrement suspecté de faire de l'agitation pour des raisons purement politiques, est sur la même longueur d'ondes. « Si l'on ne fait rien aujourd'hui, dans deux ans c'est la catastrophe. À chaque réunion du comité d'entreprise nous n'entendons que des mauvaises nouvelles, sur les baisses de volumes à produire, des dates repoussées, et le ton de la direction change. Nos dirigeants n'affichent plus la même sérénité qu'auparavant quant au côté inéluctable de la réalisation des projets », décode Philippe Poutou, qui veut préparer une nouvelle action pour le Salon de l'automobile à Paris.

Roland Especel rappelle de son côté qu'avec l'accession de Mark Fields à la présidence de Ford, à partir du 1er juillet, en remplacement d'Alan Mulally, le groupe va « redéfinir sa stratégie par rapport aux enjeux ». Une perspective qui pourrait renforcer l'inquiétude des salariés. Si selon le quotidien Libération Mark Fields veut donner du glamour à l'image de Ford, sa réputation de « cost killer » le précède.

 

Après un débrayage des salariés, le 9 avril, les négociations annuelles obligatoires (NAO) à Ford Aquitaine Industries (FAI) ont échoué. Les mesures prévues par la direction, notamment une augmentation salariale de 1,5 % au 1er avril pour les ouvriers et Etam (employés et agents de maîtrise), de 2 % à la même date pour les cadres (position II), et une hausse de 1,5 % de la prime vacance (583,20 € pour 30 jours ouvrables) s'appliquent ainsi de façon unilatérale.

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Commentaires 2
à écrit le 09/05/2014 à 8:18
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bonjour chers collègues et camarades de travail de ford Blanquefort je pense très fortement que beaucoup n ont pas encore compris que la seule idée de la direction de ford na que dans la tete que de fermer les usines par n importe quels moyens il va ...

à écrit le 08/05/2014 à 12:59
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Cela fait plus de 2 ans que des salariés sont maintenus en perfusion alors qu'il n'y plus de boulots correspondants: il faut arrêter et faire autre chose!

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