Pays basque : la bataille entre classiques et modernes reprend

Par Nathalie Hallery  |   |  430  mots
Une maison néobasque à Biarritz
L’architecture fait à nouveau débat au Pays basque. D’un côté, ceux qui privilégient le classicisme d’un style néo-basque et ses colombages rouges ou verts. De l’autre, ceux qui souhaitent ne pas figer un territoire dans un style d’architecture mais la faire évoluer.

C'est un peu la querelle des anciens et des modernes qui ressurgit ces jours-ci au Pays basque. « Mais les anciens ont toujours perdu », commente malicieusement Jean-Pierre Voisin, un spécialiste de l'urbanisme en charge du développement urbain à Anglet.

Plusieurs élus de l'Agglomération Sud-Pays basque envisagent ainsi la création d'une charte de « bonne conduite architecturale ». Refusant de « diluer l'authenticité du Pays basque », explique Odile de Coral, maire d'Urrugne, ou encore l'uniformisation, ils ont en ligne de mire plusieurs constructions récentes parmi lesquelles l'éco-quartier Alturan de Saint-Jean-de-Luz. Un projet audacieux assumé par Peyuco Duhart, le maire de la station balnéaire. « Cela fait longtemps que nous réfléchissons à cette question. Alturan a été imaginé en 2001, à un moment où l'on commençait à peine à parler du développement durable et où les éco-quartiers n'étaient pas encore nés. On a lancé un concours d'architecture et on a laissé parler les architectes. »

Pour Jean-Pierre Voisin, la clé est l'écoute et la concertation. « Pour le PLU d'Anglet, on a beaucoup bataillé, on a organisé 17 réunions et on a gagné un travail de qualité avec les associations », précise l'élu angloye.

Entre audaces et carte postale

Réalisé par le cabinet d'architecture de Xavier Leibar, installé à Bayonne et à Bordeaux, Alturan est un quartier « où l'on vit très bien », renchérit l'édile luzien : « En centre-ville, nous avons des contraintes avec les Architectes des Bâtiments de France dans un périmètre de 500 mètres autour de l'église Saint-Jean-Baptiste. Le programme "Ilot des Erables" est un projet privé, il est plus classique, c'est vrai », avoue-t-il.

« Il faut écouter les vrais créateurs, ceux qui savent regarder le paysage, travailler avec de nouveaux matériaux et proposer des innovations, estime Jean-Pierre Voisin. Il faut faire confiance à l'intelligence de nos concitoyens et se battre pour la qualité architecturale et l'environnement. » Le spécialiste de l'urbanisme note toutefois que « la situation est différente sur le littoral et dans le Pays basque intérieur qui est menacé par le mitage de son territoire par une pseudo architecture traditionnelle. Et de citer, à Anglet, les exemples de la villa Primkipo, de style « mauresque » ou de la villa Arguia, art déco. « Auraient-elles vu le jour si une charte avait encadré la créativité des architectes ? », s'interroge-t-il.

Membre de l'association patrimoniale Lauburu et élu luzien, Peio Etcheverry-Ainchart pose la question : « Vit-on dans un musée ou dans un pays qui continue d'évoluer et de créer ? » Une interrogation qui risque de faire débat pendant encore longtemps au Pays basque.