À Bordeaux, les syndicats agricoles pestent contre la stratégie régionale

Les agriculteurs de Nouvelle-Aquitaine ont manifesté ce vendredi à Bordeaux à l'appel de la Fnsea et des Jeunes Agriculteurs. Une semaine avant le Salon de l'Agriculture à Paris, les responsables fustigent la politique régionale jugée trop dédiée à la transition agro-écologique.
Maxime Giraudeau
Des agriculteurs de toute la Nouvelle-Aquitaine ont manifesté ce vendredi à Bordeaux à l'appel de la Fnsea et des Jeunes Agriculteurs.
Des agriculteurs de toute la Nouvelle-Aquitaine ont manifesté ce vendredi à Bordeaux à l'appel de la Fnsea et des Jeunes Agriculteurs. (Crédits : Agence APPA)

Le calendrier est classique, les revendications quelque peu nouvelles. Une semaine tout pile avant l'ouverture du Salon de l'Agriculture à Paris, les deux syndicats néo-aquitains représentatifs de l'agriculture conventionnelle, la Fnsea (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) et les Jeunes Agriculteurs, ont conduit une manifestation ce vendredi à Bordeaux. Suivie par 800 membres de la profession selon les organisateurs, moins de 400 selon nos estimations, la mobilisation a par ailleurs rassemblé une trentaine de tracteurs au départ de la place des Quinconces.

Le rassemblement a été l'occasion pour les représentants syndicaux d'évoquer un contexte jugé défavorable pour les productions françaises. « Nous sommes réunis pour alerter sur un phénomène d'importation de produits que l'on ne veut plus produire en France avec les méthodes actuelles mais qui le sont dans les autres pays. Cela créé un gros problème de concurrence » explique Cédric Tranquard, président de la Fnsea Nouvelle-Aquitaine. La manifestation bordelaise illustre la voix d'une partie de la profession qui peine encore à engager la transition agro-écologique, par manque de moyens ou de solutions à disposition.

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Les tracteurs se sont élancés en fin de matinée de la place des Quinconces. Crédits : Agence APPA)

Une équation difficile qui se heurte aussi à la politique régionale en matière d'accompagnement de l'agriculture vers des pratiques plus vertueuses. Comme les élus régionaux le révélaient la semaine dernière, leurs ambitions vont être rehaussées à partir de cette année en matière de transition agro-écologique. Une partie des aides distribuées va désormais être conditionnée à des engagements vers des labels (Haute valeur environnementale, Bio) et des méthodes dites plus respectueuses de l'environnement. Pour les Jeunes Agriculteurs, si ce soutien va dans le bon sens, il créé aussi un clivage.

« Wauquiez adopte-nous »

« C'est un point de blocage. Il faudra qu'on soit capables de mesurer l'accessibilité au dispositif car on ne sait pas si beaucoup d'agriculteurs vont pouvoir en bénéficier. Les éco-régimes vont plus impacter certaines filières que d'autres » avance Gaëtan Bodin, président du syndicat Jeunes Agriculteurs de Nouvelle-Aquitaine. Ce viticulteur céréalier installé en Charente-Maritime estime que l'année 2023 sera charnière pour orienter le nouveau Plan stratégique régional (PSR) qui démarre et s'étale jusqu'en 2027.

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Les manifestants ont convergé vers l'hôtel de Région où une délégation a été reçue en début d'après-midi. (Crédits : Agence APPA)

Un cadre de soutien doté de 84 millions d'euros par an - répartis entre fonds régionaux et européens issus de la Politique agricole commune - qui assume son engagement en faveur d'une agriculture plus durable. L'argument a été maintes fois invoqué par le conseil régional, notamment à travers sa feuille de route Neo terra. A tel point que les syndicats des exploitants conventionnels ont l'impression d'en être les oubliés.

Ainsi pouvait-on s'étonner d'observer des slogans favorables à une migration des éleveurs du Limousin vers les terres de la région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA), où les critères d'obtention des aides sont moins exigeants en matière de transition. Les manifestants sont allés jusqu'à demander à Laurent Wauquiez, président de la région AURA de les adopter.

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Le cortège de tracteurs autour de la place Gambetta à Bordeaux. (Crédits : Agence APPA)

« Le PSR de Nouvelle-Aquitaine est plus restrictif que dans d'autres régions pour la filière élevage. Les éleveurs de la Creuse et de la Corrèze s'aperçoivent que c'est plus favorable de s'installer en région Auvergne-Rhône-Alpes et ça, ils ont du mal à l'accepter » relaie Cédric Tranquard.

Pour son homologue des Jeunes Agriculteurs, l'incitation à la transition va dans le bon sens mais ne peut être conduite dans un contexte de déséquilibres territoriaux. « Quand on impose des choses aux agriculteurs, sans connaître les conséquences, ça peut devenir contre-productif. Ceux qui ne font pas la transition ou qui ont plus de mal à enclencher les démarches, on les laisse sur le bord de la touche. C'est un peu contradictoire » renvoie Gaëtan Bodin. Difficile pourtant d'imaginer que la première région agricole de France n'engage pas les efforts de transition nécessaires pour relever les défis alimentaires et environnementaux au vu des nouvelles orientations européennes.

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Maxime Giraudeau

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