Dans le vignoble bordelais, l'explosion du nombre de viticulteurs en difficulté

Au moins un tiers des viticulteurs se déclarent en difficulté économique : les derniers chiffres publiés par la Chambre d'agriculture de la Gironde sont édifiants sur la profondeur de la crise qui traverse le vignoble bordelais. Conséquence : 10 % des vignerons girondins envisagent de stopper leur activité et de procéder à l'arrachage total de leurs vignes. D'autres songent à remplacer le raisin par l'olivier ou le noisetier.
10 % des vignerons girondins envisagent de stopper leur activité et de procéder à l'arrachage total de leurs vignes.
10 % des vignerons girondins envisagent de stopper leur activité et de procéder à l'arrachage total de leurs vignes. (Crédits : Agence APPA)

« Ce n'est malheureusement pas une surprise tant le nombre de viticulteurs en difficulté a explosé depuis 2018 ! On a observé une hausse de 50 % des exploitants ayant des revenus faibles ou négatifs entre 2018 et 2021. Ces nouveaux chiffres attestent d'une dégradation rapide de la situation mais ce sera encore pire demain... », réagit Philippe Abadie, directeur du pôle entreprises de la Chambre d'agriculture de la Gironde.

Ces nouveaux chiffres ce sont les premiers résultats de l'enquête lancée par la chambre consulaire au lendemain de la manifestation des vignerons bordelais dans le centre-ville de Bordeaux le 6 décembre dernier. Et ils sont inquiétants.

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Alors que le département compte environ 4.000 exploitants viticoles dont la vigne est le métier principal, 1.320 viticulteurs se sont déclarés en difficulté, soit très exactement 33 % ! « Et encore ce chiffre est nécessairement un plancher puisque tous les viticulteurs concernés ne se sont probablement pas signalés », remarque Philippe Abadie qui voit ce nouveau chiffre venir confirmer des tendances déjà à l'œuvre depuis plusieurs années. À rebours des autres départements de Nouvelle-Aquitaine, la Gironde connaît en effet depuis 2018 des indicateurs qui témoignent de la crise commerciale et économique. Ainsi, en 2021, 70 % des exploitants viticoles girondins gagnaient moins que le Smic, c'est-à-dire moins de 16.000 euros bruts annuels, et 34 % déclaraient un revenu négatif, signe d'un modèle structurellement déséquilibré.

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Et la situation ne devrait pas s'améliorer dans les mois qui viennent, selon le directeur du pôle entreprises de la Chambre d'agriculture de la Gironde  :

« Des difficultés en agriculture, il y en a toujours. Mais, là, l'horizon est bouché : la Chine ne repart pas, les autres marchés à l'export ont été un peu délaissés et la consommation de vin rouge en France et en Europe reste orientée à la baisse... Bref, on ne voit plus de relais de croissance », analyse le directeur du pôle entreprises de la Chambre d'agriculture de la Gironde.

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Vers une politique d'arrachage définitif

Face cette équation inextricable, l'idée d'un arrachage d'une part substantielle du vignoble bordelais s'impose peu à peu chez tous les acteurs. On parle de 10 % du vignoble, voire jusqu'à 15 %. Une hypothèse confirmée par l'étude menée par la chambre consulaire en Gironde. Ainsi, un quart des viticulteurs en difficulté, soit près de 10 % du total des viticulteurs, « veulent arrêter leurs activités et procéder à l'arrachage total de leurs vignes ». Cependant, « la très grande majorité des exploitants souhaite, malgré les difficultés actuelles, poursuivre la viticulture, en procédant pour certains à des arrachages partiels, dans l'objectif de diversifier leurs productions ».

Il est notamment question d'aller vers des cultures telles que l'olivier et le noisetier. Mais les démarches dans le domaine de l'oeonotourisme et de l'agritourisme sont aussi citées. Enfin, les dispositifs d'agrivoltaïsme ou encore de captation du carbone sont également à l'étude pour générer des revenus complémentaires.

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Commentaire 1
à écrit le 24/01/2023 à 9:12
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Nous sommes nombreux à avoir vu la catastrophe arriver et un méga et super documentaire, reconnu à l'international comme Mondovino exposant que seul l'argent est important en ce qui concerne le vin prévenait déjà de leurs priorités. Et c'est pareil d...

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