Le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux en campagne pour l'arrachage définitif

Le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), présidé par Allan Sichel, issu de la famille du négoce, s'aligne sur les positions des vignerons qui ont manifesté dans les rues de Bordeaux et prône lui aussi un arrachage définitif de 10.000 hectares de vigne. Un projet qui n'a pas encore trouvé son financement, alors que le CIVB annonce un budget 2023 en baisse de 17 %.
Lors de la manifestation des vignerons du 6 décembre à Bordeaux.
Lors de la manifestation des vignerons du 6 décembre à Bordeaux. (Crédits : Agence Appa)

La pression transfusée des rangs de vigne jusqu'à la rue, avec la manifestation des vignerons du mardi 6 décembre à Bordeaux, a complètement gommé la ligne de fracture qui avait semblé commencer à se dessiner entre négociants et producteurs au sein du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB). Le nouveau président Allan Sichel, issu de la famille du négoce, avait en effet marqué une certaine réticence face au caractère définitif de l'arrachage de vigne. Et lors de l'assemblée générale du CIVB, ce lundi 12 décembre, Allan Sichel a tenu à ce qu'il n'y ait pas le moindre pli sur l'étendard de la mobilisation en faveur de l'arrachage définitif de 10.000 hectares de vigne.

"J'aurais souhaité que cette fin d'année marque aussi la fin de la crise que traverse notre filière depuis plusieurs années maintenant. Hélas, il n'en est rien, et la manifestation d'un bon millier de viticulteurs, venus la semaine dernière des quatre coins du vignoble pour faire entendre leurs revendications dans les rues de Bordeaux en est l'illustration... Le financement de l'arrachage primé de 10.000 hectares de vigne est au cœur de toutes les discussions... Arracher des vignes est un crève-cœur pour des viticulteurs souvent issus d'une longue lignée ; c'est pourtant désormais la seule solution envisagée par beaucoup d'entre eux", a ainsi tout d'abord constaté le président du CIVB.

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500.000 hectolitres produits en trop

Avant d'en arriver à une approche chiffrée de la situation, pour étayer la position du CIVB avec des éléments raisonnés sinon indiscutables.

"A l'échelle de l'ensemble du vignoble, arracher 10 % de nos surfaces permettrait de réduire les volumes de production et, ce faisant, d'assainir la filière. Nous estimons en effet être face à une surproduction annuelle de 300.000 hectolitres auxquels s'ajoutent 200.000 hectolitres vendus désormais à des prix non rémunérateurs. Un excédent de 500.000 hectolitres donc, qui déséquilibre durablement notre offre, face à une demande en baisse. L'équivalent de 10.000 hectares « en trop »", a surligné avec des guillemets Allan Sichel dans la partie écrite de son discours.

Peut-être parce que l'idée même d'un arrachage définitif de parcelles de vigne est pour les négociants une sorte de cauchemar éveillé. Puisque l'arrachage définitif efface brutalement toute option future d'un éventuel retournement positif du marché. Disposition non écrite qui fait partie du bagage de tout négociant qui se respecte.

Un budget 2023 en baisse de 17 %

Le CIVB a bâti son budget 2023 à partir d'une sortie de 3,8 millions d'hectolitres des domaines, correspondant à la production 2022 qui avait effectivement été annoncée comme une petite année en volume. Ce qui donne à l'arrivée, principalement à partir des taxes prélevées sur la production, un budget 2023 calé à 28,7 millions d'euros en recul de 17 % par rapport celui de 2022 (en cours d'exécution), qui se monte à 34,6 millions d'euros.

Une solution financière toujours à l'étude

"Mais arracher 10.000 hectares a un coût", a poursuivi Allan Sichel. "Nous cherchons activement des solutions règlementaires qui permettraient de trouver des financements et d'aider à restructurer notre vignoble".

Si aucune solution financière n'a encore été trouvée pour financer ces arrachages, sans doute autour de 10.000 euros l'hectare, le président du CIVB a confirmé que la préfète de la Gironde, Fabienne Buccio, a annoncé lors de la manifestation la création d'une cellule de crise pour prendre en mains les dossiers des viticulteurs les plus en difficulté, et que le président de la région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, était lui aussi mobilisé.

Contre attaquer avec "La Tournée des vins de Bordeaux" mais pas que

"Diminuer la taille du vignoble et réguler la production ne peut pas être une réponse unique parce que la crise est profonde. D'autres vignobles ont demandé la possibilité de distiller une partie de leur production de vin. Nous faisons face à une baisse de la consommation qui touche en priorité la catégorie rouge.

Ce qui doit nous conduire à nous diversifier, en produisant du blanc, du rosé, du crémant. Nos cahiers des charges nous le permettent... À nous de travailler pour que nos vins correspondent aux attentes des consommateurs", a lancé en substance Allan Sichel,

Avant d'en appeler à la conquête de nouveaux marchés, en Asie, en Afrique, mais aussi à l'utilisation de cépages oubliés, à la création de nouveaux assemblages et à la mobilisation des vignerons et négociants bordelais en France. Appel qui va se traduire par l'organisation d'une opération baptisée « La Tournée des vins de Bordeaux », qui aura lieu les 9, 10 et 11 mars 2023.

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