Malgré la tourmente, le groupe Maïsadour a su redresser la barre

Le chiffre d'affaires du groupe Maïsadour a progressé au cours du dernier exercice. L'invasion de l'Ukraine par la Russie n'a pas stoppé le travail de culture des semences que fait sur place le groupe landais, et la forte progression de son pôle agriculture tire l'ensemble des activités vers le haut. Malgré des difficultés tenaces dans l'activité gastronomie, que pourrait résoudre le rapprochement avec le groupe coopératif béarnais Euralis.
Après 21 ans de présidence du groupe coopératif Maïsadour, Michel Prugue (en photo) a cédé sa place à Daniel Peyraube.
Après 21 ans de présidence du groupe coopératif Maïsadour, Michel Prugue (en photo) a cédé sa place à Daniel Peyraube. (Crédits : Maïsadour)

Maïsadour, à Haut-Mauco (Landes), a tenu son assemblée générale annuelle, ce mardi 6 décembre, en présence de Michel Prugue, son président, dont c'était la dernière apparition officielle en tant que tel. Le 9 décembre, le groupe coopératif a ainsi annoncé que son conseil d'administration venait de mettre fin au mandat de Michel Prugue, qui est remplacé à son poste par Daniel Peyraube.

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Ce dernier est chef d'exploitation à Castaignos-Souslens, dans les Landes, et pratique la polyculture. Daniel Peyraube, formé aux techniques agricoles et titulaire d'un BTS en gestion, cultive ainsi maïs, maïs semences, tournesol, soja, tout en élevant des poulets, des canards et des pintades. Activité agricole qui n'empêche pas cet agriculteur de 51 ans d'avoir suivi des formations en management, relations humaines, gestion et d'administrateur à l'Essec Paris. Il remplace Michel Prugue, lui aussi agriculteur landais, qui était depuis 21 ans le président et le visage de ce grand groupe coopératif aquitain.

Maïsadour

À 51 ans, Daniel Peyraube devient président du groupe coopératif Maïsadour (crédits : Maïsadour).

Une hausse des prix de revient qui a été répercutée

Malgré un contexte économique très complexe pour ses activités, Maïsadour, qui emploie 4.300 salariés, a réalisé un exercice 2021-2022 positif, avec un chiffre d'affaires en hausse de +11 % sur un an, à 1,42 milliard d'euros. Une évolution qui pourrait surprendre tant elle semble contraire à la tendance. Instabilités des marchés post-Covid, flambée record de l'inflation, déclenchement par la Russie d'une guerre en Ukraine, quatrième crise aviaire... À la lecture de ce menu, il est facile de se dire que l'addition aurait pu être très salée. Pourtant, et malgré l'énormité des difficultés, Maïsadour a réussi à redresser la barre.

"Le groupe Maïsadour, comme l'ensemble du secteur agricole et agroalimentaire, a dû faire face à des événements conjoncturels inédits... Nous avons su renouer avec la profitabilité. Les résultats, à la hausse, sont majoritairement dus à notre capacité d'avoir absorbé la quasi-totalité du coût de l'inflation grâce aux équipes qui ont répercuté nos coûts de production", a décrypté sur le fond Michel Prugue lors de sa dernière assemblée générale de président.

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Un plan "Boost" qui a porté ses fruits

Pour expliquer plus complètement ce phénomène de résilience, la direction de Maïsadour met aussi en avant l'efficacité du plan développé en interne baptisé « Boost », dont l'objectif était de "trouver 10 millions d'euros de gains ou d'économies au sein des activités du groupe". Mission réussie puisque 11,5 millions d'euros ont au bout du compte été trouvés, "générant 60 % d'économies de coûts et 40 % de création de valeur", égrène la direction du groupe.

Historiquement très engagé dans l'agriculture, puisque son pôle agricole représente 53 % de son activité globale, Maïsadour est diversifié vers l'aval avec un pôle gastronomie, qui pèse 17 % de l'activité, mais aussi l'élevage de volailles (poulets, canards...) et le développement de semences : deux activités qui pèsent chacune 14 % du chiffre d'affaires consolidé. Le panorama des métiers de la coopérative, qui consolide 91 sociétés, se termine avec le pôle aquacole, qui représente 3 % de l'activité globale.

598.000 tonnes de céréales collectées

La clé de la résistance à ce contexte économique hostile se trouve en grande partie dans l'évolution très favorable du pôle agricole, dont l'activité progresse de +31 %, à 742 millions d'euros. À cheval sur les années civiles 2021 et 2022, le groupe tire partie des bonnes conditions de l'an dernier.

"Les très bonnes conditions climatiques ont permis une collecte 2021 très satisfaisante. 598.000 tonnes de céréales ont été collectées sur cet exercice. Mais l'inflation a fortement perturbé nos activités : prix des intrants, de l'énergie et des céréales", ont ainsi pesé de tout leur poids a éclairé Jean-Louis Zwick, directeur du pôle.

L'activité semences du groupe est également restée bien orientée, avec une progression de +16 % de son chiffre d'affaires, à 198 millions d'euros. Maïsadour possède à Kiev une station technique notamment dédiée à la sélection des semences que le groupe landais fait cultiver plus au sud, dans la boucle du Dniepr, à Dnipro.

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Les équipes ukrainiennes du groupe ont produit malgré la guerre

Resté à l'abri des bombardements pendant plusieurs semaines, ce secteur n'a ensuite pas été épargné, ce qui n'a pas empêché le groupe Maïsadour de poursuivre avec succès ses cultures de semences. Le groupe souligne notamment des ventes d'hybrides en hausse de +15 % "avec de belles performances en tournesol" et une progression de +20 % du marché de la diversification et de l'agroécologie (colza, soja, luzerne et couverts végétaux).

"Au second semestre, le conflit russo-urkrainien a fortement impacté l'activité, mais l'agilité et la ténacité des équipes ukrainiennes ont permis de maintenir 70 % des activités. En Afrique de l'Ouest, la gamme de maïs tropical poursuit sa croissance, confirmant la pertinence de cette zone de développement...", relève en substance le pôle dont Pierre Flye Sainte-Marie est le directeur.

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Des investissements pour le pôle volailles

Frappé de plein fouet par la quatrième crise aviaire et la flambée des coûts de production, le pôle volailles, porté par la société Fermiers du Sud-Ouest, a bien résisté à la puissance de l'impact puisque son chiffre d'affaires n'a baissé que de -2,4 %, à 200 millions d'euros. Paul Le Bars, son directeur, revient sur les négociations menées auprès des clients pour faire passer les hausses de prix nécessaires et garantir l'avenir de la filière. Des bras de fer qui ont engagé en France les producteurs avec toutes les enseignes de la grande distribution.

"2021-2022 est une année stratégique et d'investissement pour notre pôle... Nous avons investi sur deux sites gersois du pôle : un million d'euros à Samazan et quinze millions dans celui de Condom", a éclairé en substance le directeur.

En difficulté lors de l'exercice précédent, le pôle gastronomie, chapeauté par la holding MVVH ( Maïsadour, Vivadour, Val de Sèvre Holding) poursuit sa restructuration.

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Les canards gras de Maïsadour et Euralis vont se rapprocher

Avec en perspective le rapprochement de ses activités canard gras et saucisserie avec celles du groupe coopératif Euralis (Euralis Gastronomie), à Pau. Une opération bouclée entre les deux groupes qui n'attend plus que le feu vert de l'autorité de la concurrence. Cette dernière tardant à s'exprimer sur cette opération d'envergure. Le cumul crise aviaire, qui a littéralement décimé les élevages de canards gras, inflation des prix des intrants, des fournitures et de l'ensemble de la production du pôle ont entrainé un recul sensible du chiffre d'affaires, à 268 millions d'euros (-17,9 %).

L'outil industriel a été modernisé et automatisé relève la direction, qui souligne que la reconquête commerciale se poursuit.

"Il reste désormais à consolider ces résultats sur 2022-2023 pour reprendre le chemin de la croissance", indique Eric Humblot, directeur du pôle.

Dans sa première prise de parole de nouveau président, Daniel Peyraube a précisé qu'il comptait "impulser une nouvelle dynamique collective" au sein du groupe et apporter des solutions innovantes aux agriculteurs face aux nouveaux enjeux climatiques, sociétaux et économiques.

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Commentaire 1
à écrit le 12/12/2022 à 16:30
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