À l'étroit, le MIN de Bordeaux Brienne songe à s'agrandir et se diversifier

Le Marché d'intérêt national (MIN) de Bordeaux Brienne, qui s'étend sur douze hectares à Bordeaux Belcier, fêtera ses 60 ans en 2023. Contrainte par un environnement de plus en plus urbain, cette plateforme logistique essentielle pour nourrir l'agglomération bordelaise travaille à un projet de densification. Objectif : gagner jusqu'à 40.000 m2 et s'ouvrir à d'autres activités jugées complémentaires.
Pierre Pichardie présente les projets de densification du Marché d'intérêt national de Bordeaux Brienne.
Pierre Pichardie présente les projets de densification du Marché d'intérêt national de Bordeaux Brienne. (Crédits : Agence APPA)

Implanté sur douze hectares au sein du quartier Belcier, largement réaménagé ces dernières années par l'EPA Bordeaux Euratlantique, le Marché d'intérêt national de Bordeaux Brienne a vu transiter l'an dernier 161.000 tonnes de marchandises apportées par une myriade de camions. Mais bien qu'il soit désormais cerné par des immeubles et des nouvelles tours d'habitation et de bureaux, "il n'a jamais été question de déplacer le MIN hors de Bordeaux. Alain Juppé avait décidé de le conserver en cœur d'agglomération et il y restera !", affirme Claude Mellier, présidente du MIN et vice-présidente de Bordeaux Métropole. Car c'est bien la Métropole qui est propriétaire du site tandis que sa gestion est assurée par une régie autonome pilotée par Pierre Pichardie.

L'activité du MIN bat son plein habituellement de minuit à midi avec un pic d'activité de 4h à 6h du matin. Fruits et légumes (40 %), épicerie (18 %), fleurs (15 %) mais aussi crèmerie, fromages, viandes, produits de la mer et autres matériels propres à la restauration : ce sont 750 salariés d'une centaine d'entreprises qui s'y affairent quotidiennement. Avec une période particulièrement active d'avril à octobre puis au moment des fêtes de fin d'année, au gré des saisons et de la demande.

MIN de Bordeaux Brienne

Le carreau des producteurs des fruits et légumes s'étend sur 12.000 m2 et compte 73 emplacements (crédits : Agence APPA).

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Une ceinture bâtie à l'horizon 2026

"Le chiffe d'affaires cumulé du MIN pèse 250 à 280 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel mais, malgré plusieurs réaménagements, nous sommes désormais face à un plafond d'activité car il n'y a plus d'espaces supplémentaires à louer et même certaines entreprises en attente", explique Pierre Pichardie. Mais, faute de pouvoir s'étendre, le MIN va devoir accompagner sa croissance en montant en hauteur. Les contours de ce projet de "densification" seront arrêtés l'an prochain par les élus métropolitains pour une construction envisagée à l'horizon 2026 ou 2027.

"L'idée est de construire une ceinture bâtie sur les quatre côtés du MIN, soit environ 10.000 m2", précise Pierre Pichardie. "Le rez-de-chaussée, avec une hauteur de six mètres sous plafond, sera réservé aux professionnels tandis que les étages seront consacrés à d'autres activités ouvertes sur l'extérieur. En fonction du nombre d'étages, on pourrait gagner 20.000 à 40.000 m2".

De quoi accueillir toute une série d'activités connexes au commerce alimentaire et horticole de gros telles que les représentants de l'interprofession, des structures de formation mais aussi des startups travaillant sur l'alimentation, l'agriculture ou encore l'énergie. La jeune pousse Bee&Co, basée à Floirac, a par exemple déjà installé au sein du MIN l'un de ses conteneurs biométhaniseur capable de traiter 100 tonnes de biodéchets par an pour produire du gaz vert.

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MIN de Bordeaux Brienne

Le grossiste Pomona Terrazur tient au Min de Bordeaux Brienne une activité de fruits et légumes mais aussi de produits de la mer pour les restaurants, hôtels, traiteurs et restauration collective (crédits : Agence APPA).

"Le MIN fonctionne comme une mini ville, cela permet de tester des innovations grandeur nature", souligne le directeur pour qui, plus généralement, l'énergie est un sujet croissant de préoccupation. Face à la flambée des prix de l'électricité, la régie lancera ainsi l'an prochain des études de structure pour accueillir des panneaux solaires en toiture, avec un potentiel identifié de 7.000 à 8.000 m2.

Et pour sa présidente, c'est aussi l'ouverture du MIN sur son voisinage qui est à l'ordre du jour pour 2023. "Nous allons inaugurer un pavillon dédié à la gastronomie en 2023 et l'objectif est aussi de tisser des liens avec les habitants, les écoles et les entreprises voisines. Le MIN restera bien sûr un marché professionnel mais c'est un lieu économique unique qui mérite d'être mieux connu", plaide Claude Mellier.

MIN de Bordeaux Brienne

A l'étroit sur l'emprise actuelle de douze hectares, le MIN va densifier ses locaux (crédits : Agence APPA).

Et le bio dans tout ça ?

Le carreau des producteurs des fruits et légumes s'étend sur 12.000 m2 et compte 73 emplacements. Grossistes et acheteurs y négocient les prix de chaque produit au quotidien. On y trouve notamment Loc Halle Bio, cette Scic (société coopérative à intérêt collectif) qui réunit aujourd'hui 15 maraîchers et 80 partenaires, tous en bio et situés dans un rayon de 150 km autour de Bordeaux.

Avec un chiffre d'affaires de deux millions d'euros réalisés auprès des magasins spécialisés et des restaurateurs, Cyril Dartigoeyte confirme une période compliquée pour le bio : "On est sur une phase de stagnation de l'activité avec la baisse du pouvoir d'achat alors que, pourtant, les produits bio et locaux augmentent moins que les autres puisqu'ils consomment moins d'engrais et de carburants que les produits conventionnels. Mais on voit aujourd'hui des produits bio être vendus à des prix équivalents voire plus faibles que le conventionnel. C'est ahurissant !"

Sur l'ensemble du MIN, seuls deux grossistes sont 100 % bio : Loc Halle Bio et Halle Bio d'Aquitaine. En ce qui concerne les circuits courts, Pierre Pichardie évoque, en haute saison, entre 70 et 90 % des fruits et légumes issues de Gironde, des départements voisins et du Tarn-et-Garonne.

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Commentaire 1
à écrit le 25/11/2022 à 15:06
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Quand on parie sur la densification a l'heure actuelle, c'est tomber dans l'erreur avec les données précédentes !

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