Les coopératives agricoles inquiètes d'une crise majeure dans la restauration

Les coopératives agricoles françaises viennent de rappeler qu'elles pèsent lourd dans l'agriculture et l'agroalimentaire, en particulier en Nouvelle-Aquitaine, première région agricole de France. L'inquiétude de Dominique Chargé, président de Coop de France, d'assister à un effondrement de la restauration est partagée par son homologue régional, Denis Baro.
L'éventuelle non réouverture des restaurants et l'écoulement des produits festifs sont pour les coopératives agricoles des bombes à retardement.
L'éventuelle non réouverture des restaurants et l'écoulement des produits festifs sont pour les coopératives agricoles des bombes à retardement.

En novembre; les représentants du monde coopératif agricole se sont livrés à un tour de France, rendu virtuel par la seconde séquence de confinement. C'est ainsi que Dominique Chargé, président de Coop de France, Denis Baro, président de la coopération en Nouvelle-Aquitaine, et Philippe Sommer, le délégué régional, ont fait un point global sur l'évolution de cette importante filière agricole. La Nouvelle-Aquitaine est la première région agricole de France et Philippe Baro a tenu a rappeler le rôle central joué par la coopération dans ce secteur d'activité.

"La Nouvelle-Aquitaine compte 270 coopératives, unions et Sica [société d'intérêt collectif agricole], auxquelles s'ajoutent 1.700 Cuma [coopératives de matériel agricole]. Ce tissu fédère au total 63.000 agriculteurs adhérents et emploie 29.000 salariés, pour un chiffre d'affaires global de 11,2 milliards d'euros. La coopération est donc un poids lourd en Nouvelle-Aquitaine, c'est même le premier acteur agricole et agroalimentaire régional", a recadré le président régional.

Une chute moyenne du chiffre d'affaires de -28 %

Avant de poursuivre, Denis Baro a tenu à rembobiner les événements marquants depuis le déclenchement de la crise du Covid-19 et à évoquer la fin d'année.

"Les consommateurs ont connu la crainte de la pénurie et se sont rués en mars sur la nourriture, mais la coopération alimentaire a tenu le choc : elle a été capable d'assurer la continuité de l'alimentation des citoyens. Sur le plan économique les coopératives régionales ont dû s'adapter, avec un surcoût de +0,7 % lié à la réorganisation, à la logistique et à la protection des salariés.

Ce à quoi s'est ajouté la baisse d'activité, qui a été de -28 %. Avec des situations extrêmement délicates dans certains marchés, comme ceux du foie gras et du vin. Nous pouvons légitimement avoir quelques craintes sur l'organisation des fêtes de fin d'année", a averti le président néo-aquitain.

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Des coopératives qui ont besoin de fonds propres

Le président national de Coop de France, Philippe Sommer, a souligné de son côté que la coopération agricole avait tenu le choc mais réellement souffert.

"Il a fallu en particulier réorganiser la chaine de production alimentaire pour la reporter du secteur des cafés-hôtels-restaurants à celui de la grande distribution, qui a pris le relais", a éclairé le président.

A cette crise virale mondiale s'ajoutent les effets climatiques, a-t-il rajouté en substance, avant de souligner que, si elles sont robustes, les coopératives ont besoin de fonds propres pour se relancer correctement.

"Une baisse de -28 % du chiffre d'affaires oui c'est énorme ! Nous avons connu un rattrapage cet été mais toute l'activité liée à la restauration à domicile, au vin, etc., s'est effondrée jusqu'à -80 %. Et ce nouveau confinement nous remet sur le qui-vive. Nous allons encore devoir nous réorganiser pour pouvoir continuer", a prévenu le président.

Un vrai risque d'effondrement de la restauration

Philippe Sommer a ainsi appelé à un soutien appuyé du gouvernement aux entreprises de restauration, "sinon elles vont tomber". Sachant que la filière tente de se préparer au choc prévisible du confinement de fin d'année. Objectif : trouver des débouchés aux produits festifs, quelle que soit la situation dans la restauration. "Il faut que les consommateurs fassent un acte de volontarisme en privilégiant les achats locaux", a notamment surligné le président national.

Avec son homologue néo-aquitains les deux présidents ont insisté sur le fait que certaines productions, comme le vin, le foie gras et tous les produits dits festifs avaient déjà beaucoup soufferts de la crise sanitaire et que leurs difficultés se poursuivaient. Une situation entretenue et aggravée par la fermeture des restaurants à laquelle les pouvoirs publics doivent être absolument sensibilisés, ont prévenu les deux présidents.

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