Vin de Bordeaux : face à Trump le CIVB en appelle à la mobilisation des élus

C'est plus que sûr : les vignerons français en général et bordelais en particulier ne veulent plus être les victimes expiatoires de la lutte industrielle entre la France et les Etats-Unis. Le maire de Bordeaux, Nicolas Florian, l'a compris et accordé son soutien à une motion d'appui à la filière qui devait être votée cet après-midi.
Bernard Farges
Bernard Farges (Crédits : Agence Appa)

Le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) est passé en mode alerte rouge ce lundi 27 janvier, en compagnie d'élus, comme Nathalie Delattre, conseillère municipale de Bordeaux, sénatrice la Gironde et coprésidente de l'Association nationale des élus de la vigne et du vin, pour souligner l'ampleur de la menace que font courir à la filière vins les mesures de rétorsions adoptées par les Etats-Unis depuis le 18 octobre dernier. Dans le cadre du différend commercial entre Airbus et Boeing, les Etats-Unis ont décidé de surtaxer de 25 % les importations de vins français de moins de 14°. Tous les vignobles de France exportant outre-Atlantique sont touchés mais les Bordelais veulent peser de tout leur poids pour obtenir un résultat, même s'ils ne sont pas les plus grands exportateurs de vin aux Etats-Unis, qui se trouvent en Provence.

"Les Etats-Unis agissent en toute légalité. Ils surtaxent les ventes d'Airbus, à hauteur de +10 % mais frappent les vins français à hauteur de +25 %. Cela signifie qu'une bouteille de bordeaux vendue 10$ va passer à 12,5 $ et peut-être même à 15 $ en fonction du distributeur. D'où une baisse des ventes qui va venir s'ajouter au recul de l'activité en Chine (continentale -NDLR), où les vins australiens et chiliens bénéficient d'un avantage concurrentiel -avec des taxes de douane très inférieures aux nôtres. Sans oublier la situation à Hongkong qui compromet également notre commerce" a égrené Bernard Farges.

Lire aussi : Le vin français, cette victime collatérale du conflit qui oppose Washington et Bruxelles

Les primeurs 2020 sous la menace d'une forte incertitude

Pour lui la baisse des ventes aux Etats-Unis va entrainer des pertes de parts de marché qui seront quasiment impossibles à récupérer. En novembre 2019 les ventes de bordeaux ont chuté de 46 % aux Etats-Unis en chiffre d'affaires et de 24 % en volume. Sachant que les ventes de vins de Bordeaux représentent un chiffre d'affaires annuel moyen de 299 M€ pour un volume de 198.000 hectolitres.

Et puis la stratégie protectionniste de Donald Trump va se télescoper pour les vins français, et en particulier bordelais, avec le choc à venir du Brexit. Des incertitudes qui vont se recombiner comme un virus pour générer un méga point d'interrogation au sujet des primeurs, dont la saison va démarrer très bientôt.

"Avec le système de carrousel qui permet aux Etats-Unis d'augmenter leurs taxes douanières tous les quatre mois, les acheteurs américains risquent de stopper tous leurs achats lors des primeurs. Après tout le vin qu'ils vont acheter à l'avance, deux ans avant livraison, vaudra peut-être 100 % plus cher en 2022 !" prévient Bernard Farges.

Nicolas Florian avait déjà tenté de sensibiliser le président Donald Trump, qui ne boit que du coca, en lui offrant une bouteille de bordeaux lors de son passage au port de la Lune pour se rendre au G7 de Biarritz. Initiative qui n'a provoqué jusqu'ici aucune réaction positive de la part de l'ambassade des Etats-Unis à Paris.

100 M€ de perte pour les vignerons indépendants

Aussi la mise au vote cet après-midi par Nicolas Florian, maire de Bordeaux, d'une motion de soutien à la filière vin et eaux-de-vie de vin lors de la séance du conseil municipal va-t-elle droit au cœur des professionnels de la filière vin bordelaise. D'autant que Nicolas Florian va transmettre cette motion au président de la République, Emmanuel Macron. Les vignerons indépendants apparaissent d'ores et déjà comme les grands perdants de ce bras de fer transatlantique.

Cédric Coubris, président de la Fédération des vignerons indépendants de Gironde, présent à la réunion de crise du CIVB de ce lundi matin, n'a pas fait dans l'à peu près, soulignant que cette surtaxe avait déjà provoqué 20 M€ de pertes pour les vignerons indépendants français en deux mois. "Nous prévoyons de perdre 100 M€ en 2020" a-t-il conclu.

Pour faire face au choc, la filière vins demande au gouvernement de compenser les effets négatifs de sa politique de soutien à Airbus, en créant un fond de compensation pour la filière, doté de 300 M€. Une pilule qui sera difficile à avaler pour le gouvernement qui taille dans les dépenses tous azimuts et qui a essayé de faire intervenir l'Union européenne à ce sujet. Sans aucun succès jusqu'à présent

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Commentaires 2
à écrit le 28/01/2020 à 14:04
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Il vaut bien mieux que ce soit les constructeurs de bagnoles allemandes qui payent des taxes plutôt que vous autres. Réfléchissez bien parce que les allemands eux vous sacrifieront sans aucune hésitation. Donc au lieu de s'attaquer inutilement à ...

à écrit le 27/01/2020 à 22:50
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La division continue en France pour le plus grand plaisir de l'UE et de ses lobbies, a quand le retour a une souveraine décision?

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