Crise aviaire, à Bordeaux la Médiation du crédit mobilisée

Les grands moyens financiers sont déployés pour amortir l’impact sur les entreprises de l’adoption de mesures sanitaires drastiques pour enrayer l’épidémie de grippe aviaire.
Avec l'arrêt de la production, la filière entre dans une zone de turbulences.

Le comité de suivi de la crise aviaire s'est réuni pour la deuxième fois hier jeudi au Conseil régional Aquitaine Limousin Poitou-Charentes (ALPC). Créé par la Chambre régionale d'agriculture, l'Etat et la Région, ce comité, qui a été installé le 2 février dernier, a pour but de soutenir les entreprises de la filière et agit en parallèle à la cellule de crise qui se réunit toutes les semaines.

La Banque de France, la Fédération bancaire française et 12 banques (1) participent au soutien de la filière. Jean-Pierre Raynaud, vice-président du Conseil régional, a notamment annoncé hier le déblocage immédiat de 600.000 € pour financer des actions de formation dans les entreprises mises à l'arrêt.

"Les pertes pour les entreprises de la région ALPC sont évaluées à 105 M€, dont 60 % dans la partie amont de la filière, chez les accouveurs, éleveurs et les abatteurs. Mais nous n'oublions pas non plus la partie aval", observe le vice-président, volet qui concerne par exemple les transporteurs.

Palmagri menacée

Car les ateliers d'accouvage, d'élevage et d'abattage d'oies et de canards sont frappés par les mesures réglementaires de vide sanitaire adoptées par le ministère de l'Agriculture, avec l'appui de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles), pour stopper l'épidémie de grippe aviaire, qui a démarré en novembre dernier. Des mesures sanitaires qui entraînent quatre mois d'arrêt de la production et qui englobent au moins un département qui a été épargné par l'épidémie, celui de la Gironde, menaçant de disparition la petite coopérative Palmagri, fondée par des femmes dans le sud Gironde. Comme le souligne Jean-Pierre Raynaud ce n'est pas la taille de l'exploitation qui va permettre d'évaluer le danger, mais son degré de spécialisation dans la filière des palmipèdes à foie gras.

Spécialisation danger

"Les grandes entreprises, si elles sont à 100 % dans le canard ou l'oie, vont beaucoup souffrir, contrairement à celles qui sont diversifiées", analyse Jean-Pierre Raynaud.

Palmagri, qui est une petite coopérative spécialisée à 100 % dans la filière, court ainsi un maximum de risques. La gravité de la situation est telle dans la grande Aquitaine, avec deux départements, Dordogne et Landes, qui génèrent une énorme partie de la production nationale de foie gras, que la Médiation du crédit, créée pour faire face à la crise financière de 2008, a été mobilisée. Ce qui n'empêche pas le président de la Chambre régionale d'agriculture, Dominique Graciet, de se montrer plutôt optimiste.

"Les responsabilités sont bien réparties, avec d'un côté des compensations financières pour le manque à gagner et de l'autre des solutions en trésorerie en attendant les aides de l'Etat", éclaire Dominique Graciet.

Assurer le redémarrage

Et dans ces circonstances, la coopération de l'Etat et du pouvoir régional apparaît comme une évidence.

"L'Etat et la Région développent un étroit travail de partenariat et s'intéressent aussi bien aux entreprises de l'amont que de l'aval de la filière. L'Etat a prévu tout un ensemble d'aides, qui passent notamment par des subventions, des compensations de pertes, et qui doit être validé par Bruxelles", résume Michel Stoumboff, secrétaire général pour les affaires régionales (Sgar), à la préfecture.

Tout le problème consiste à faire la soudure en attendant que les aides promises par l'Etat soient versées, pour éviter que les entreprises s'effondrent, maintenant, alors qu'elles sont à l'arrêt, et surtout qu'elles puissent redémarrer quand la production va reprendre, à partir du mois d'août. C'est ainsi que la charte prévoit le déblocage par les banques d'une palette d'aides dont le détail n'est pas encore connu.

Suspension d'échéances de prêts, facilités de trésorerie, prêts bonifiés vont être mobilisés, ainsi que la Médiation du crédit. Les 130 M€ d'aides annoncées il y a quelques semaines par le ministre de l'Agriculture pour soutenir les éleveurs du Grand Sud-Ouest (ALPC, Midi-Pyrénées) sont toujours d'actualité et les pouvoirs publics (Europe, Etat, Région) ont prévu une enveloppe de 220 M€ sur cinq ans pour soutenir les investissements des accouveurs et des éleveurs. Mais personne ne se risque aujourd'hui à mesurer la puissance d'impact qu'auront ces mesures réglementaires sur la vie des entreprises.

(1) Arkea Banque, Banque Courtois, BNP Paribas, Banque populaire Aquitaine Centre Atlantique (BPACA), caisses de Crédit agricole Aquitaine, Centre Ouest, Charente-Maritime Deux-Sèvres, Charente-Périgord, Pyrénées Gascogne, Caisse d'épargne Aquitaine Poitou-Charentes (CEAPC), CIC Sud Ouest, Crédit mutuel du Sud-Ouest.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.