Grippe aviaire, il faut 450.000 € pour sauver Palmagri

La coopérative de producteurs de foie gras Palmagri, dans le sud Gironde, risque de ne pas survivre au plan de lutte contre la grippe aviaire, dans un département où pas un seul élevage n’a été contaminé.
Atelier de découpe à la coopérative Palmagri

Fondée par des femmes au sud de la Gironde il y a 40 ans, à Auros, près de Langon, et présidée par Christine Saphore, éleveuse à Brouqueyran, Palmagri est la seule coopérative artisanale du département à faire de l'élevage de canards pour produire du foie gras. Elle pourrait facilement apparaître comme l'archétype de la coopérative idéale, puisque ses producteurs utilisent des méthodes traditionnelles et proposent des produits de qualité à des prix abordables.

"Nous gavons 50.000 canards par an pour une production de 30 tonnes de foie gras" illustre Julien Peyrolle, directeur de Palmagri. Située dans un département où aucun cas de grippe aviaire n'a été recensé, Palmagri fédère 16 producteurs, dont 11 femmes, emploie 14 salariés -dans une zone rurale peu pourvue en la matière-, et réalise 2 M€ de chiffre d'affaires. Coopérative de petite taille, Palmagri est aux antipodes des géants aquitains du canard gras, comme les groupes Maïsadour, à Haut-Mauco (Landes) ou Euralis, à Pau.

Les 450.000 € en détail

"Plus aucun caneton n'est entré chez nos éleveurs depuis le 18 janvier dernier et le 28 avril ce sera l'arrêt de l'abattage. Les canetons seront de retour à partir du 16 mai et l'abattage ne reprendra pas avant le 16 août. Ce qui nous fait quatre mois sans travailler. A ce compte-là nous allons perdre 800.000 € de chiffre d'affaires et 300.000 € en marge brute. Nos producteurs vont totaliser 150.000 € de perte. Les mesures de vide sanitaire vont désorganiser notre production. Palmagri a besoin d'une aide de 100.000 € pour couvrir la période de chômage partiel, 100.000 € pour compenser les stocks que nous faisons normalement d'avril à août pour la fin de l'année et encore 100.000 € pour l'achat de bêtes début 2017. Des mesures que normalement nous autofinançons" souligne le directeur.

Autant dire que le moral n'est pas au plus haut. Une banderole posée à l'entrée de la coopérative proclame d'ailleurs "Mort de Palmagri le 30 avril 2016 Merci Le Foll".

La lettre de Jean-Luc Gleyze

La coopérative fournit sa clientèle à flux quasi tendus et dispose de peu de stocks, d'où la difficulté de tenir le choc sans vendre. Les salariés se préparent à une mise en chômage technique de quatre mois et le plan d'aide de 130 M€ annoncé par le ministère de l'Agriculture, dont 30 M€ pour les accouveurs ne rassure pas vraiment. "Une fois que vous savez que 5.900 exploitations sont concernées dans le grand Sud-Ouest, vous voyez tout de suite que ça ne va pas loin" juge Julien Peyrolle.

La situation est critique et Jean-Luc Gleyze, le nouveau président (PS) du Conseil départemental de la Gironde, élu d'une commune forestière du versant girondin des Landes de Gascogne, au sud, a réagi en envoyant le 21 janvier un courrier au ministre Stéphane Le Foll. Avec comme intention d'obtenir le retrait de la Gironde des départements concernés par ces mesures de vide sanitaire.

Des territoires pauvres

Evoquant la centaine d'exploitations familiales touchées, et la coopérative, le président du Conseil départemental de la Gironde s'est livré à un véritable plaidoyer.

« Cette profession, observe-t-il, irrigue économiquement des secteurs très ruraux particulièrement touchés par la pauvreté et la précarité des populations. Contrairement aux industriels, nos éleveurs commercialisent leurs produits tout au long de l'année, la saison touristique représentant à elle seule 50 % du chiffre d'affaires. Cette commercialisation, insiste l'élu, repose sur des circuits courts entretenus avec régularité et ne saurait survivre à une interruption de l'approvisionnement ».

Une demande qui est restée sans effet. Après cette opération de vide sanitaire des mesures de biosécurité durable et également coûteuses devront être mises en place. D'où un nouveau train d'investissements que devrait accompagner le gouvernement.

"Nous aurons deux ans pour nous mettre à jour" précise le directeur. Encore faudra-t-il que Palmagri survive à la purge, qu'en Girionde le remède ne soit pas pire qu'un mal encore inexistant.

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