Bordeaux, le CIVB satisfait de la défense du vin par les Girondins

L’assemblée générale du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) s’est tenue ce lundi matin en compagnie du secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Matthias Fekl, dans une ambiance détendue.
Les ventes de bordeaux à l'export remontent, manque plus qu'un nouvel accord avec la Chine populaire

Cette assemblée générale du CIVB, présidé par Bernard Farges, s'est tenue à 8 h 30 à la Cité mondiale, à Bordeaux, en compagnie de Matthias Fekl, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, également conseiller régional élu PS du Lot-et-Garonne, département d'où il arrivait. Matthias Fekl devait quitter Bordeaux pour se rendre ensuite à Nairobi (Kenya) où il participera ce lundi soir à une réunion de l'OMC (Organisation mondiale du commerce).

Bernard Farges a remercié le secrétaire d'Etat de sa venue, soulignant qu'il honorait ainsi une filière viticole française "qui crée chaque année plus de 10 Md€ d'excédent commercial, 4 Md€ pour notre nouvelle grande région d'ailleurs et ce sont 2 Md€ chaque année pour Bordeaux", avant de poursuivre "Croyez-le, il n'est pas plus simple de produire, assembler, vendre nos vins que de produire, assembler, vendre des Rafale !".

Intervenir face aux USA et à la Chine

Histoire de remettre les pendules à l'heure du CIVB où le poids prêté à l'aéronautique est jugé exorbitant par rapport aux performances économiques du vin. Ces dernières résultent de la mobilisation de toute une filière, elles ne doivent rien au hasard "mais pour que le succès soit au rendez-vous il est nécessaire que l'Etat participe à ces efforts" a confirmé Bernard Farges, qui juge l'action de la collectivité nationale déterminante dans les négociations internationales en cours entre l'Union européenne et les Etats-Unis dans le cadre du futur traité de libre-échange, mais aussi en Extrême-Orient.

"En Chine par exemple, nous déployons des efforts importants auprès de l'administration pour faire reconnaître et protéger nos appellations par la loi chinoise, et le gouvernement français nous apporte tout son soutien politique. Mais nos produits souffrent d'un déficit de compétitivité de quelque 20 % vis-à-vis des vins chiliens, qui bénéficient de droits de douane à zéro et dont la performance commerciale est spectaculaire" a précisé le président du CIVB.

Loi Evin, succès politique

Le président du CIVB a ensuite abordé la question du tourisme, dans le portefeuille de Matthias Fekl, mais aussi et surtout celle de "la clarification" de la loi Evin. L'engagement à ce sujet du président de la République, venu en Gironde au contact de la filière, et la mobilisation consensuelle des élus girondins, de droite comme de gauche, ont été relevés par le président du CIVB.

"Permettez-moi de saluer tous nos sénateurs et quasiment tous nos députés girondins pour leur travail sur ce dossier. Remerciement particulier pour Gilles Savary (député PS -Ndlr), qui ici, dans ces murs, a initié une stratégie intelligente pour aboutir. Gérard César (sénateur LR -Ndlr) a porté cette stratégie d'abord au Sénat, puis monsieur Savary a entrainé une majorité de députés contre l'avis obstiné de madame la ministre (PS -Ndlr) de la Santé. Nous savons quel a été votre soutien discret dans un gouvernement aux positions riches de diversités, monsieur le ministre. Un grand merci à nos parlementaires, et chapeau bas à Gilles Savary et Gérard César" a déclaré malicieusement Bernard Farges, sous une salve d'applaudissements, face à un public où se trouvaient notamment les sénateurs César et Madrelle (PS), les députés socialistes Gilles Savary et Pascale Got.

Cette lutte pour l'assouplissement de la communication sur le vin consignée dans la loi Evin est désormais entre les mains du Conseil constitutionnel, mais tout ce qui pouvait être fait pour obtenir gain de cause l'a été, a jugé en substance Bernard Farges.

La labellisation des routes du vin renforce l'offre oenotouristique

2015 : remontée au niveau 2012

Lors du deuxième tour des élections régionales, hier dimanche, les listes de droite et de gauche se sont affrontées jusqu'à la dernière minute dans la nouvelle grande région Aquitaine Limousin Poitou-Charentes (ALPC), car le FN n'a pas atteint le seuil critique qui aurait pu conduire à une autre stratégie. Si le sujet n'a pas été évoqué, l'efficacité du consensus bordelais tissé dans la lutte contre certaines dispositions de la loi Evin semblait tout d'un coup révéler la discrète puissance de la filière vin, une des sphères économiques les plus anciennes et les plus structurantes du Bordelais. Jean-Philippe Code, directeur du service économie du CIVB, a dressé un panorama consacré à l'évolution des ventes à l'export de vin de Bordeaux. Il a expliqué en substance que les ventes à l'export avaient retrouvé en juin 2015 leur niveau de 2012 grâce à la reprise des ventes en Chine populaire. La chute des ventes a surtout touché les vins à premier prix et ceux vendus en vrac.

Le poids de la Chine

Le paradoxe est que les Bordelais ont réussi à multiplier les accords commerciaux avec les autorités de Hongkong mais que cette fluidité bilatérale ne fonctionne pas de la même manière avec la Chine populaire. Malgré des années de rapprochements commerciaux et la place éminente prise par les bordeaux dans les importations de vin en Chine, les accords bilatéraux signés par Pékin avec le Chili et bientôt l'Australie, qui se traduisent par une baisse de 20 % des droits de douanes au bénéfice de ces deux pays, inquiètent Bordeaux. Si la tendance semble se rééquilibrer au profit de la production bordelaise l'inquiétude est réelle, la Chine étant devenu un débouché stratégique. Elu du Lot-et-Garonne et conseiller régional aquitain, Matthias Fekl est bien entendu très au courant du poids de l'économie du vin en Gironde.

La bataille des terroirs devient transatlantique

Sans châteaux, pas d'accord

"Commerce extérieur, tourisme, Français de l'étranger : le vin est présent dans tous les domaines que je traite. Vous êtes une force extraordinaire. Les excédents du vin sont supérieurs à ceux de l'aéronautique en Aquitaine et je sais que vous avez inventé une nouvelle unité de compte, "le rafale", pour étalonner les ventes à l'export" s'est amusé le secrétaire d'Etat.

Après avoir rendu hommage à Jean-Claude Fayat, président régional des conseillers du commerce extérieur de la France, Matthias Fekl a rappelé que, de par ses fonctions, il était proche de Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, et Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, et que la France développait "une diplomatie des terroirs". L'appellation pourrait prêter à sourire mais, dans le contexte de la signature du traité de libre échange  entre les Etats-Unis et l'Union européenne elle prend tout son sens.

"Tant que les Américains continueront à refuser de reconnaître les indications géographiques, tant qu'ils ne voudront pas prendre en compte les appellations et les châteaux, dans le domaine viticole, nous ne signerons pas le traité de libre échange" a annoncé le secrétaire d'Etat.

Il a ensuite révélé que, ce lundi matin, le Conseil Supérieur de l'Oenotourisme avait donné un avis favorable à la labellisation des routes des vins du Médoc et du Blayais, qui viennent compléter les quatre autres déjà labellisées dans le département, couvrant ainsi la totalité du vignoble bordelais. Matthias Fekl a volontiers souscrit à l'analyse des viticulteurs selon laquelle "il n'est pas possible de porter l'image du vin français à l'étranger si on le stigmatise en France : on ne peut pas dire que le gouvernement ne défende pas le vin". Accueilli chaleureusement, Matthias Fekl est parti pour Nairobi avec la bénédiction du CIVB.



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