LGV Bordeaux-Toulouse : les vins des Graves donnent de la “voie”

Officiellement, c’est au nom du Sauternes, l’appellation de très loin la plus connue de ce territoire, que la Fédération des grands vins de Bordeaux s’inquiète du tracé des lignes à grande vitesse (LGV) Bordeaux - Toulouse et Bordeaux - Dax. Mais plus que le Sauternes, et une partie des vins de Graves, c’est surtout l’économie de l’œnotourisme qui craint d’être impactée par le projet validé récemment par l’Etat… et encore loin de dénaturer le paysage.
Les vins de graves craignent des pertes en matière d'oenotourisme, des bouleversements environnementaux au passage de la LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax

Parlant clairement "d'appellations en danger" concernant le tracé de la future ligne à grande vitesse reliant Bordeaux à Dax et à Toulouse, la Fédération des grands vins de Bordeaux, syndicat professionnel réunissant 25 organismes de gestion (ODG) des 42 appellations des vins bordelais, a voulu frapper fort.

Un coup de sang à la hauteur de l'effet de surprise suscité par la décision de l'Etat, prise en septembre dernier. Cette dernière validait le projet de lignes à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux et Dax et Bordeaux et Toulouse du Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) alors que la commission d'enquête donnait, elle, un avis défavorable au GPSO le 30 mars dernier.

"Le tracé retenu est destructeur pour le vignoble des Graves, 15 hectares sont directement concernés", explique Laurent Gapenne, président de la Fédération.

A y regarder de près, ce n'est pas tant sur la surface du vignoble impacté que sur les menaces pesant sur l'économie œnotouristique locale et sur l'écosystème permettant la production des vins que la Fédération a décidé de donner de la voix.

En effet, 15 hectares d'emprise des voies ferrées potentielles sur un vignoble qui s'étend sur une bande de terre de 50 km de long et 13 km de large au sud de Bordeaux, cela reste un impact faible. Mais Laurent Gapenne et la Fédération des grands vins de Bordeaux jugent indispensable que le porteur de projet apporte des garanties concernant l'impact patrimonial et environnemental du projet sur les surfaces de vignes qui ne sont pas situées sur l'emprise même des futures nouvelles lignes.

Etudes environnementales "au conditionnel"

"Il a fallu cette dernière prise de position de la Fédération pour que RFF mette en ligne trois études environnementales sur son site internet, il y a quelques jours seulement, explique Yann Le Goaster, directeur de la Fédération. Jusque-là nous n'avions aucune réponse à nos questions sur le sujet... et même après la publication de ces études, nous sommes encore dans l'inconnu. Les études sont des études bibliographiques, mais pas des études de terrain. Les conclusions concernant une absence d'impact environnemental pour la production de vin sont au conditionnel... Ce n'est pas suffisant pour nous rassurer. Quid de l'hydrologie, des échanges entre le Ciron et la nappe phréatique par exemple ? Nous attendons toujours une vraie étude d'impact."

Ce qui chagrine d'autant plus la Fédération, c'est qu'elle rappelle qu'avant de protester, elle avait fait des propositions.

"Nous avions proposé un tracé qui évitait les vignobles mais il a été repoussé sans explication" regrette Yann Le Goaster.

Le tracé retenu, lui, propose un passage de la ligne sur un plateau qui constitue aujourd'hui le point d'entrée de la route des vins de Bordeaux en Graves et Sauternes. Un produit œnotouristique créé il y a trois ans seulement.

La LGV menace pour l'œnotourisme ?

"Alors même que nous investissons dans cette activité œnotouristique avec l'appui des collectivités et que l'Etat vient de nous annoncer un renforcement des moyens dédié à l'œnotourisme, il valide un projet qui remet ces efforts en question !" soulignait Laurent Gapenne dans son dernier communiqué de presse.

"C'est vrai qu'alors que cette activité économique pèse de plus en plus lourd dans la filière, et alors que la future Cité des vins s'apprête à aiguiller les touristes vers l'œnotourisme bordelais, nous voyons là notre porte d'entrée totalement dénaturée par le projet de ligne ferroviaire nouvelle" ajoute Yann Le Goaster.

Reste que si l'inquiétude est réelle, la menace ne s'inscrit visiblement pas dans du court, voire moyen terme. Les difficultés de financement de la ligne Tours - Bordeaux, les menaces qui pèsent sur son équilibre financier et son exploitation à venir laissent penser qu'il pourrait se passer de très nombreuses années avant que les vendangeurs des vignobles de Graves ne lèvent la tête au passage d'un TGV lancé à fond vers Toulouse ou l'Espagne.

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