La production de vin sous la menace du mildiou ?

Depuis le début de ce mois de juin, une partie de la production bordelaise doit faire face à un aléa qu’elle n’attendait pas : une attaque violente et ciblée du mildiou qui fait peser, par endroits, une menace sur les rendements initialement espérés.
Celles-ci sont saines, mais certaines parcelles de vignes du Libournais, du Nord Médoc, du Blayais, de l'Entre-Deux-Mers et même du Sauternais, font face à une attaque très virulente du mildiou

Branle-bas de combat dans les vignes du Libournais, au nord de Saint-Emilion, dans le Nord Médoc et, pour le moment, en Blayais. Alors que Bordeaux s'apprêtait à accueillir les acheteurs et producteurs de vins et spiritueux du monde entier à l'occasion de Vinexpo, un invité (mauvaise) surprise a fait une apparition remarquée : le mildiou.
Sous ce nom générique se cache en vérité une série de maladies qui affectent de nombreuses plantes comme la tomate, la pomme de terre (le mildiou, en détruisant les champs de pommes de terre avait provoqué la grande famine irlandaise du milieu du XIXe siècle)... et la vigne.

Une virulence inédite ?

Autant dire que ce mildiou n'est pas inconnu, loin s'en faut, en Bordelais, mais il semble que cette année, son entrée en scène tonitruante, a surpris.
Elle a d'abord surpris les outils de surveillance sanitaire des vignes mis en place depuis de très longues années. Le Bulletin de santé du végétal (BSV), réalisé par la Draaf et la Chambre d'agriculture d'Aquitaine, qui informe les agriculteurs sur l'état de santé des grandes cultures et notamment de la vigne à partir d'analyses de parcelles représentatives de la production locale, s'est fait prendre de vitesse. Les outils informatiques d'alerte n'ont pas vu venir la prolifération, dès la mi-mai, du mildiou.  
Il faut dire que l'attaque est violente.

"Je n'avais jamais vu cela" explique Etienne Laveau, conseiller du service vigne et vin de la Chambre d'agriculture de la Gironde. "Nous ne sommes pas dans une configuration classique. A peine les traces de la maladie sont-elles visibles sur les feuilles que déjà, les rameaux sont atteints. C'est dire l'intensité, la virulence du mildiou par endroits."

Localement, 80 % de destruction

Par endroits seulement, fort heureusement, car certaines des parcelles touchées enregistrent des taux de contagion de plus de 80 %.

"Hormis pour les vignes de Lussac qui sont plus massivement touchées, le mildiou n'a attaqué que certaines parcelles. En surface, cela reste limité et pour le moment, la maladie semble contenue, voire circonscrite. Nous en saurons plus sur sa progression la semaine prochaine à l'issue des observations et relevés qui ont suivi les derniers épisodes de pluies", précise le spécialiste.

Pour le moment, il est difficile de déterminer les raisons de cette attaque.

"Les éventuelles différences de températures des pluies enregistrées localement en avril peuvent expliquer le déclenchement de l'attaque et aussi le fait qu'il y ait des parcelles concernées et d'autres pas. Mais cela n'explique pas encore pourquoi une seule pluie a pu entraîner une attaque aussi virulente. Sans doute qu'à l'issue du mois de mars, le mildiou n'avait besoin que d'une étincelle météorologique pour apparaître."

Un relâchement en matière de traitement pourrait-il expliquer la situation actuelle ?

"Ce n'est pas sûr, mais il faut reconnaître que les viticulteurs qui ont été les plus prudents et ont traité très tôt, fin avril, s'en sortent mieux dans les secteurs qui sont les plus durement touchés. Il y a eu une prime à la précocité des traitements" reconnaît Etienne Laveau.

Un système d'alerte à revoir

Pour les autres, le temps est venu de tenter d'enrayer le développement. Les dégâts, importants par endroits sont circonscrits, le potentiel de production de vin en Bordelais n'est pas encore très entamé, mais une enquête régionale est d'ores et déjà lancée pour faire un état des lieux et surtout, comprendre ce qu'il s'est passé. A Bordeaux, la Chambre d'agriculture de la Gironde a réuni une commission de travail comprenant des représentants du SRAL (Service régional de l'alimentation), de la Chambre d'agriculture, de l'Inra et de l'IFV (Institut français de la vigne et du vin). Quoi qu'il arrive maintenant sur le front de la lutte contre le mildiou, ce qui est certain, c'est que le dispositif d'alerte va faire l'objet d'un programme d'amélioration.

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Commentaire 1
à écrit le 19/06/2015 à 16:06
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L'obnubilation largement partagée par les politiques, au sens le plus large, et les salariés de nos différentes institutions fait qu'on vise à toute force la réduction des intrants. De là à biaiser un peu la lecture des modèles et les observations, i...

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