L’Ania pousse un coup de gueule

L’industrie alimentaire, qui a perdu 5.000 emplois en 2013, est en colère. Elle n’a pas apprécié les dernières négociations de prix avec la distribution et elle entend le faire savoir. Jean-Philippe Girard, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), annonce que la semaine prochaine la copie d’une lettre ouverte adressée au Président de la République sera rendue publique dans la presse.
Jean-Philippe Girard, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania).

PDG de la société Eurogerm (recherche, développement et commercialisation d'ingrédients destinés à la meunerie et boulangerie. 200 salariés), Jean-Philippe Girard est, depuis juin 2013, le président de l'Association nationale des industries alimentaires, l'Ania.

Un président en colère. "L'an dernier, plus de 300 entreprises ont disparu du paysage alors qu'en moyenne, ces dernières années, ce chiffre plafonnait à 220 entreprises défaillantes par an. La situation est grave car, derrière ce chiffre, ce sont 5.000 emplois qui ont été détruits !" Une situation d'autant plus inquiétante pour le secteur et pour son président "que le pack de responsabilité annoncé en janvier dernier par le chef de l'Etat n'a toujours pas été mis en place ! Dans les entreprises, de tels délais pour mettre en application une décision seraient impensables. Par ailleurs, le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) est loin de tout révolutionner pour nos entreprises. Au contraire, la distribution, lors des négociations, se sert de ces mesures pour obtenir des réductions de prix supplémentaires."

Le secteur victime de la "guerre des prix" des enseignes

Des négociations qui, contrairement à ce que beaucoup d'acteurs majeurs de la distribution promettaient, n'ont pas été plus faciles cette année. "Au contraire, assure Jean-Philippe Girard. Elles n'ont jamais été plus dures. On était les bienvenus devant les acheteurs quand on ne parlait pas d'augmentation alors que nous avons été pénalisés par une inflation du coût des matières premières. Pire encore, alors que ces négociations se sont achevées seulement fin février, on doit déjà renégocier les marges… "

Reçue récemment pendant une heure par le Président de la République, la délégation de l'Ania, composée du président et d'entreprises du secteur, estime qu'elle a bénéficié d'une écoute intéressante… mais que les actions tardent à venir.

L'Ania va tirer publiquement la sonnette d'alarme et sensibiliser les consommateurs. "Nous avons préparé une lettre ouverte au Président de la République sur cette problématique des relations non équitables avec la grande distribution. Cette lettre va être envoyée à l'Elysée, bien sûr, mais aussi publiée dans la presse écrite la semaine prochaine. Nous ne pouvons rester silencieux plus longtemps. Les consommateurs doivent savoir ce que cachent les prix pratiqués par la grande distribution. Je rappelle que nous sommes le premier secteur économique national." Un secteur qui souffre puisque depuis janvier dernier seulement, 1.200 emplois supplémentaires sont venus s'ajouter à la liste des emplois menacés. Des menaces liées, selon l'Ania, à la seule guerre des prix que se livrent les distributeurs. Une guerre qui n'est pas prête de s'achever puisque des observateurs du secteur de la grande distribution annoncent, pour le mois de juin, une campagne comparative féroce entre deux enseignes que sont Casino et E.Leclerc.

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