Finances de l'ex-Poitou-Charentes : l'opposition au Conseil régional relance le dossier

Présidente du groupe d'opposition au Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, Virginie Calmels a décerné plusieurs mauvais points à l'exécutif actuel et annoncé que le pesant dossier des finances de l'ex-région Poitou-Charentes serait juridiquement relancé. Elle a aussi confirmé qu'elle abandonnerait probablement le poste de chef de file de l'opposition régionale en fin d'année, si elle est nommée vice-présidente du parti Les Républicains comme pressenti.
Virginie Calmels devrait quitter la présidence du groupe d'opposition si elle intègre les instances nationales du parti Les Républicains (archives photos La Tribune)

Entourée de plusieurs autres élus d'opposition au Conseil régional, dont Yves d'Amécourt, vice-président du groupe LR / CPNT et Olivier Chartier, président de la commission des finances a fait sa rentrée politique régionale ce lundi matin. Voici ce qu'il fallait en retenir.

Finances régionales : gare au malus

Virginie Calmels a attaqué par un sujet national mais dont les enjeux sont également régionaux : le financement par l'Etat des collectivités locales, et plus particulièrement la présentation des grandes lignes fin septembre du projet de loi de finances pour 2018.

"Le problème, national, est que la France a besoin de réduire ses dépenses et compte mettre en place des bonus / malus. La Région Nouvelle-Aquitaine apparaît plutôt comme un mauvais élève en la matière, assène Virginie Calmels. On peut notamment citer le ratage de la promesse liée à la fusion des régions, qui ne produit aucune économie. Les dépenses des services généraux sont même en très forte hausse par rapport à la moyenne des autres régions. Si rien n'est fait, la Nouvelle-Aquitaine subira des pénalités."

Virginie Calmels ressort alors ses promesses de campagne lorsqu'elle était en lice lors de la dernière élection : "Maîtrise des dépenses, réduction du train de vie en interne au Conseil régional, non remplacement de départs à la retraite, recherche d'économies. La baisse des dépenses de fonctionnement est une priorité absolue. On est très loin de Paca, Ile-de-France, Grand Est, qui ont montré que c'était possible." Et qui sont des régions où la présidence est assurée par un élu LR, également.

Pour développer l'économie, priorité aux infrastructures

"Alain Rousset (président PS du Conseil régional, NDLR) ne paraît pas flécher l'argent public vers les bonnes infrastructures", lance Virginie Calmels. Or, pour la présidente de l'opposition, "le développement de l'emploi passe par l'investissement dans les routes, dans les trains du quotidien, dans le ferroutage, dans la fibre optique, qui concerne la majorité des entreprises et des habitants, plus que par des aides directes à un faible nombre d'entreprises. Ce sont la mise en relation des territoires, le désenclavement, qui créent de l'activité économique et qui permettent de régler d'autres problèmes comme le logement étudiant." Virginie Calmels évoque pêle-mêle "la RN 147, une des routes les plus accidentogènes de France, la liaison Nord-Sud de la région, la rocade bordelaise dont l'élargissement a perdu beaucoup de temps faute de financement de la Région, le TER qui souffre de très nombreux dysfonctionnements". Sur ce sujet, le groupe d'opposition demande à Alain Rousset "d'intervenir notamment sur la question des lignes ferroviaires les plus vétustes". Un sujet évoqué par le président du Conseil régional lui-même lors de son point presse de rentrée. Le chiffre est désormais connu : la facture pour remettre en état le réseau ferroviaire s'élèverait à un montant compris entre 1 et 1,3 milliard d'euros d'ici 2030.

Virginie Calmels s'attaque également au financement de la réouverture de la ligne ferroviaire transfrontalière Pau - Canfranc (le tronçon Oloron - Bedous a été rouvert en juin 2016 moyennant 102 millions d'euros intégralement financés par le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine). "Pau - Canfranc est un sujet qui n'est pas nouveau. Mais nous ne comprenons pas l'entêtement d'Alain Rousset sur le sujet. Il en a fait un sujet quasi-personnel." Soulignant le travail devant les tribunaux de l'association Croc, opposé à cette réouverture et qui a obtenu l'accès à l'étude de rentabilité commandée à Rail Concept, Virginie Calmels et le groupe d'opposition disent avoir eu accès à ce document et jugent "les conclusions pour le moins inquiétantes car elles ne valident absolument pas la volonté de rouvrir cette ligne d'un point de vue économique".

Sur le projet GPSO de lignes à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse d'une part, et Bordeaux et l'Espagne d'autre part, Virginie Calmels "garde la même approche qu'auparavant : les problématiques environnementales et financières ne sont pas résolues. Nos priorités ce sont les TER, ensuite la fibre optique pour le très haut débit." "Le jour où Alain Rousset aura trouvé 10 milliards d'euros, on pourra débattre", lance Yves d'Amécourt.

Finances de l'ex-Poitou-Charentes : vers un retour devant les tribunaux

Estimant toujours la facture de l'ex-gestion de la région Poitou-Charentes à 200 M€ en additionnant les impayés, les conséquences des prêts toxiques consentis... Olivier Chartier, président de la commission des finances du Conseil régional, a rappelé que les tentatives de poursuite initiées devant le tribunal administratif n'avaient pas abouties, l'opposition reste mobilisée sur ce sujet. Devant le refus d'Alain Rousset d'aller en justice sur cette affaire au nom de la Région, le groupe d'opposition avait tenté de lui forcer la main.

"Le tribunal administratif nous a débouté notamment avec un argument que je considère en partie faux : le motif que la Région n'ait pas subi de préjudice. Nous avons une interprétation différente et sommes nombreux à vouloir continuer le combat. En tant que personne physique cette fois, nous regardons la meilleure façon de le poursuivre en justice", explique Olivier Chartier.

Concrètement, un premier courrier a été adressé au procureur de la République afin de porter plainte contre X, et un second au Parquet national financier pointant notamment la perte de documents à l'occasion de la fusion des régions et plusieurs zones d'ombre relevées par l'opposition.

Formation et apprentissage

Les opposants au Conseil régional jugent également que "même si la Nouvelle-Aquitaine est la championne des dépenses en faveur de la formation professionnelle et de l'apprentissage, les résultats sont moins bons" avec un nombre de chômeurs dans les catégories A, B et C stable sur un an mais en hausse sur les 3 derniers mois. L'opposition juge notamment les résultats de la déclinaison régionale du « Plan 500.000 formations » "relativement modestes avec un taux de retour à l'emploi qui reste très bas six mois après les actions, autour de 40 %. Ces formations sont-elles assez adaptées aux besoins des entreprises ? Sont-elles assez qualifiantes ? Nous demandons une évaluation et un bilan précis."

Quid de l'avenir de Virginie Calmels à la Région ?

Elle ne pouvait pas y couper après les rumeurs de sa possible nomination en tant que vice-présidente du parti Les Républicains, consécutif à son ralliement à Laurent Wauquiez. Si elle n'a pas spontanément abordé le sujet d'elle-même, Virginie Calmels a été interrogée sur son avenir dans l'hémicycle régional.

"Quand je fais quelque chose, je le fais à fond. Il est probable que je quitte la président du groupe d'opposition, qui est une vraie mission", a-t-elle confirmé, commençant par invoquer des raisons locales en relevant que "comme d'autres élus", elle pouvait difficilement jongler entre la commission permanente du Conseil régional et le conseil municipal de Bordeaux quand ils ont lieu en même temps, "comme c'est le cas aujourd'hui". "Je privilégie les instances où j'exerce un mandat exécutif", assume-t-elle, en l'occurrence la mairie de Bordeaux où elle est première adjointe au maire en charge de l'Economie, de l'Emploi et de la Croissance durable, et Bordeaux Métropole dont elle est vice-présidente. Sans jamais mentionner le poste de vice-présidente des Républicains, Virginie Calmels confirme toutefois qu'elle abandonnera la président de groupe si elle intègre en décembre "les instances nationales du parti, ce qui me demandera une nouvelle organisation". Elle compte en revanche rester conseillère régionale. Si elle démissionne de la présidence de groupe en fin d'année, un vote interne aura lieu pour désigner un successeur, "après discussions avec le Modem et l'UDI".

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