Immobilier, économie et mobilité, les 3 priorités d'Alain Juppé pour Bordeaux

Présentant ses vœux à la presse ce jeudi midi sous sa double casquette de maire de Bordeaux et de président de Bordeaux Métropole, Alain Juppé a fait le point sur ses priorités en 2017. Disant avoir tourné la page des primaires de la droite "sans regrets ni amertume", il veut se concentrer sur plusieurs thématiques locales : l'immobilier, le développement économique et la mobilité.
Alain Juppé a fait le point de matin sur ses priorités en 2017 pour Bordeaux et sa métropole.

C'est l'heure du recentrage sur Bordeaux. Candidat malheureux à la primaire de la droite, Alain Juppé a annoncé au soir de sa défaite face à François Fillon qu'il se mettait en retrait de la vie politique nationale. Pendant toute son allocution ce jeudi midi devant les journalistes, à l'occasion de ses vœux à la presse, le maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole a soigneusement évité les sujets nationaux, se focalisant sur la 2e partie de son mandat qui le mènera jusqu'en 2020. Premier point abordé, les finances de la ville, et premier tacle en direction du gouvernement. Alain Juppé calcule à 74 M€ la baisse des dotations de l'Etat depuis 2012, soit "20 % des recettes de fonctionnement de la ville en 2017". Le maire annonce qu'il ne compte pas augmenter les taxes directes locales (foncière et habitation) cette année mais va en revanche proposer au conseil municipal le vote d'une sur-taxe de 20 % des résidences secondaires meublées. Evoquant "des encours de dettes stabilisés" et "le transfert du stock de dettes relatives aux équipements métropolitains, ainsi que les moyens de les payer, à Bordeaux Métropole", Alain Juppé évalue la dette moyenne par habitant à 890 €, plus bas que la moyenne des villes de taille comparables (975 €).

Citant l'arrivée de la grande vitesse en gare de Bordeaux et le lancement de la liaison gare Saint-Jean - Paris en 2h04 en juillet prochain comme le principal temps fort de 2017, Alain Juppé liste trois enjeux majeurs : "Porter l'offre à la hauteur de la demande immobilière, faciliter la mobilité et développer l'emploi."

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Une charte pour pousser les professionnels de l'immobilier à mieux construire

En matière d'immobilier, "il faut construire, et beaucoup. Il n'y a pas d'autres choix que de maintenir un rythme autour de 7.500 logements par an à l'échelle de la métropole pour que l'offre ne décroche pas de la demande. J'attire l'attention sur le fait qu'il faut construire bien, et sans doute mieux, tout en diversifiant l'offre. Je vais proposer aux professionnels de rédiger en commun une charte « Bien construire à Bordeaux »."

C'est donc que des lacunes sont constatées ? Sans entrer dans les détails, évoquant fugacement le fameux balcon tombé dans le quartier Ginko, Alain Juppé estime que "si globalement les choses ne se passent pas si mal, il y a des points de faiblesse". Il a également annoncé qu'il proposerait aux conseillers communautaires que Bordeaux Métropole rejoigne l'établissement public foncier de Nouvelle-Aquitaine, historiquement né en Poitou-Charentes et que le Département de la Gironde s'apprête à rallier également. Selon Alain Juppé, "la pression foncière augmente à Bordeaux et il nous faut trouver de nouveaux outils. Cette adhésion aurait un impact fiscal quasi nul pour le contribuable bordelais, entre 4 et 5 € par an. Cet établissement public foncier existe, nous n'aurions pas à le créer nous-mêmes."

Un pont de Pierre sans voitures, l'expérimentation qui fait polémique

La mobilité est un autre des grands enjeux de 2017. Outre les travaux de la bretelle d'accès qui desservira le stade Matmut Atlantique qui vont débuter, ainsi que la mise en 2 x 3 voies de la rocade entre l'échangeur 10 et le Pont d'Aquitaine, le dossier qui fait débat actuellement est l'annonce de l'expérimentation d'un pont de Pierre réservé aux piétons, aux transports en commun et aux cyclistes. C'est un fait reconnu depuis des années : l'ouvrage d'art, qui relie les deux rives de la Garonne, s'affaisse et des travaux doivent être menés. Alain Juppé a donc choisi d'en bannir la voiture pendant l'été prochain, chiffres à l'appui :

"La circulation automobile sur le pont de Pierre a baissé de 30 % ces dernières années alors que le nombre de cyclistes qui l'empruntent, plus de 6.000 par jour, ne fait qu'augmenter. Il ne concerne que 5 % des franchissements de la Garonne en voiture, c'est 73 % pour les vélos. Il semble de plus qu'une fermeture aux voitures entrainerait un fort report modal."

L'idée ne date pas d'hier mais le maire de Bordeaux avait par le passé reculé devant la levée de boucliers suscitée. Cette fois, il ne battra sans doute pas en retraite à nouveau, arguant que "c'est une expérimentation, qui ne coûte pas cher et qui est réversible. Si ça ne fonctionne pas, nous l'arrêterons."

Enfin, Alain Juppé a également cité la qualité de vie et le développement économique comme priorités de 2017. Sur ce dernier point, il compte recevoir bientôt les syndicalistes de Ford Aquitaine Industries, qui s'inquiètent pour l'avenir de l'usine de Blanquefort, et appelle le gouvernement à "revenir à une politique plus ferme" vis-à-vis de Ford, suggérant au préfet de Nouvelle-Aquitaine de convoquer une nouvelle réunion associant toutes les parties.

"Ni regrets ni amertume"

Sans surprise, les premières questions des journalistes ont porté sur son échec à la primaire de la droite. Pas de tension dans les réponses, même un peu d'amusement parfois. En réponse aux interrogations sur son moral, la suggestion d'un livre, "Les vertus de l'échec" du philosophe et écrivain Charles Pépin : "Lisez-le et vous le saurez !" Pour le maire de Bordeaux, "je pense avoir fait ce que je pensais pouvoir faire. Je n'ai ni regrets ni amertume". Continuera-t-il à jouer un rôle au sein des instances nationale du parti Les Républicains après la présidentielle ? "J'ai déjà dit que je voulais prendre du recul vis-à-vis de la vie politique nationale." Que pense-t-il des rumeurs de rapprochement entre François Bayrou, son ancien soutien dans la course à la présidentielle, et Emmanuel Macron ? "Rien. C'est ce que j'appelle prendre du recul." Et 2020 et les prochaines municipales à Bordeaux ? "Je vous parle de 2017 et vous êtes déjà à 2020 ! Je souhaite que la 2e partie de mon mandat actuel se passe aussi bien que possible à Bordeaux."

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Commentaires 2
à écrit le 13/01/2017 à 20:55
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"Fort report modal". Est ce que l'offre de transport collectif va être accrue entre les 2 rives (bus et à terme Tram) pour faciliter ce report? À quand un tram sur le pont Chaban ?

à écrit le 13/01/2017 à 11:02
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Je suis triste de constater qu'encore et encore on augmente les impôts, quelques euros par ici et par là et on y va. Comment peut-il avoir l'audace de dire que nous sommes en dessous du moyen, un argument qui tient la route sur le papier et c'est tou...

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