Elections consulaires, coup de chaud en Gironde

"Autrement", liste dissidente partiellement issue du Medef de la Gironde, entend s’opposer à la "Liste d’union pour l’entreprise", soutenue par le Medef et la CGPME de la Gironde.
C'est dans l'aile droite (vue du Miroir d'eau) du palais de la Bourse que se trouve la CCI de Bordeaux.

Jusqu'à début juillet tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes patronal en Gironde, puisque la liste d'union Medef (Mouvement des entreprises de France)-CGPME (Confédération générale des PME) n'avait aucun adversaire en vue : pas le plus petit jusqu'au-boutiste du Cidunati à neutraliser, rien. Pourtant lors du bouclage de cette liste patronale électorale de 80 candidats, placée sous le signe de l'union Medef-CPME, Betty Ourry, codirigeante de Gestamatic, à Gradignan, spécialisée dans les bancs de tests industriels et qui siégeait à la CCIB, n'a pas été retenue par les sélectionneurs. Une exclusion qui a poussé l'intéressée à participer à la création d'une liste d'opposition pour les élections consulaires, brisant d'un coup le consensus.

Avec la liste baptisée "Autrement" Betty Ourry entend bousculer les codes et donner un coup de jeune à cette campagne électorale consulaire. Révolution culturelle qui s'est dans un premier temps heurtée au règlement. En utilisant le logo de la CCI (chambre de commerce et d'industrie) de Bordeaux, les noms CCI de Bordeaux et CCI France, et en postant une vidéo sur ces élections consulaires sur son site web, la liste "Autrement" s'est attiré les foudres de la CCIB, qui l'a mise en demeure de se débarrasser de ces mentions.

La logique de marque

"On nous attaque, la CCIB nous a mis en demeure, sous peine de poursuites pénales, parce que nous avons utilisé dans notre campagne et sur notre site web le logo de la CCIB, son nom, celui de CCI France, et que nous avons posté une vidéo sur les élections consulaires ! Mais c'est absurde puisqu'on essaie justement de sensibiliser les électeurs à ces élections !", s'indigne Betty Ourry.

De son côté, Jean-François Clédel, dirigeant du groupe d'ingénierie Ingéliance, à Mérignac, et patron du Medef de la Gironde, juge que Betty Ourry "a pris ombrage de ne pas être retenue" dans la nouvelle liste électorale patronale. Il se veut factuel.

"Il est interdit d'utiliser les mots CCI de Bordeaux ou CCI France quand on représente une liste en lice pour les élections consulaires. Ces règles électorales sont appliquées à la lettre et il faut s'y plier. C'est pourquoi notre liste n'utilise pas les mots CCIB, CCI France, etc., mais celui de Liste d'union pour l'entreprise, soutenue par le Medef et la CGPME", défend Jean-François Clédel, candidat à la présidence de la future CCI de Nouvelle-Aquitaine.

11 femmes sur 19 candidats

Dans la lettre recommandée avec accusé de réception envoyée à la liste "Autrement" pour la mise en demeure, il est avancé un argument central.

"Outre le fait que la reproduction de ces éléments (noms, vidéos... NDLR) qui sont la propriétés de CCI France et CCI de Bordeaux constitue à elle seule des actes de contrefaçon sanctionnés par le code de la propriété intellectuelle, cette utilisation crée en outre une confusion dans l'esprit des électeurs en créant une association entre le groupement "Autrement" et les CCI, qui laisse croire au public que ce site et votre groupement seraient approuvés ou soutenus par elles", peut-on lire ainsi.

Betty Ourry estime que "ce logo CCIB des tas de gens l'utilisent", avant de préciser "nous l'avons retiré du site dès qu'on nous l'a demandé, bien avant que la lettre en recommandé arrive". Le respect de la parité est l'un des chevaux de bataille de la codirigeante de Gestamatic. Au premier abord la liste "Autrement" fait bien plus que respecter la parité puisqu'elle compte 11 femmes sur 19 candidats. Mais l'écart entre le nombre de candidats de la liste "Autrement" et de celle de la liste d'union, qui en compte 80, ne permet pas vraiment de comparaison.

"Je ne suis pas fâchée avec le Medef"

Si la liste Medef-CGPME ne respecte pas la parité, Jean-François Clédel a un argument à faire valoir.

"La parité pour moi n'a aucun sens dans notre contexte. Au plan national oui, il y a bien 50 % d'hommes et de femmes. Mais dans le cadre patronal ce n'est pas le cas et ce qui compte c'est la proportionnalité. Nous avons 27 femmes dans notre liste, ce qui représente près de 34 % des candidats. Ce qui est représentatif de notre réalité. Les députés donnent des leçons pourtant l'Assemblée nationale est loin de la parité", achève Jean-François Clédel.

Renseignements pris, et selon le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, depuis les législatives de 2012 l'Assemblée nationale compte 26,9 % de députées, ce qui vaut au parlement français d'être classé en 47e position pour la parité au niveau mondial. Les choses évoluent dans le bon sens, mais il reste encore du travail à faire... L'émergence de la liste "Autrement" n'a pas apaisé les tensions au sein du Medef Gironde.

"Je suis adhérente Medef où je trouve un soutien quand j'ai un problème dans mon entreprise. Mais c'est différent de la CCIB ! Je ne suis pas fâchée avec le Medef de la Gironde, je ne m'inscris pas dans une logique de rupture. Il faut qu'il y ait du positif qui en ressorte pour tout le monde", veut croire Betty Ourry.

Jean-François Clédel ne parle pas d'exclure la chef d'entreprise de l'organisation patronale, tout en estimant que le climat est tendu.

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