Alain Juppé : une rentrée très bordelo-centrée

La règle était claire dès le départ : aucune réponse sur des questions liées à la primaire des Républicains ou aux sujets nationaux. A Bordeaux, Alain Juppé a souhaité faire une rentrée centrée sur Bordeaux ainsi que sur la métropole qu’il préside. Difficile, néanmoins, d’échapper totalement aux sujets qui débordaient un peu du territoire bordelais...
Beaucoup de médias nationaux ce matin pour la rentrée d'Alain Juppé qui a concentré son intervention sur des sujets uniquement métropolitains.

Nul doute que les caméras et micros des médias nationaux qui avaient fait le déplacement en masse ce matin à Bordeaux étaient venus capter autre chose que le bilan des exercices 2015/2016 et les projets pour 2017/2018 du maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole Alain Juppé...
Pourtant c'est, à une ou deux exceptions près, ce qu'ils auront pu ramener dans leurs filets.
Des exceptions comme l'évocation des difficultés de Nathalie Kosciusko-Morizet pour boucler son quota limite de parrainage lui permettant de participer à la primaire des Républicains - "sa candidature est intéressante non parce que c'est une femme mais parce qu'elle a des idées qui sont intéressantes" - ou encore, après le point presse officiel, lorsqu'il a été interrogé sur la décision du parquet de renvoyer Nicolas Sarkozy en correctionnelle dans l'affaire dite Bygmalion, et sur un éventuel "changement de donne" dans cette primaire, sujet qui a donné lieu à une réaction lapidaire :

"Je souhaite que la décision se fasse uniquement sur les idées. Je ne trahirai pas le code de bonne conduite que nous avons tous accepté."

C'est donc sur le terrain uniquement métropolitain et bordelais qu'Alain Juppé a déroulé sa présentation de rentrée ce matin.
L'occasion de rappeler que le chantier de la métropolisation est "bien engagé", malgré les difficultés "inévitables quand on traite d'une telle restructuration qui concerne 5.016 agents".
Le sujet de la mobilité, avec notamment le retour sur les travaux de mise à deux fois trois voies de la rocade "dont les effets en matière de congestion du trafic se font déjà sentir", chantier qui sera prolongé en 2017 entre les échangeurs 8 et 10 de la rocade intérieure, était un des points importants de l'intervention d'Alain Juppé.
Interrogé sur la perspective de voir un jour un grand contournement autoroutier de Bordeaux, le président de Bordeaux Métropole a souligné qu'il plaidait - "Alain Rousset, président de la Nouvelle-Aquitaine ne s'y oppose d'ailleurs pas" - pour la création de barreaux entre les différents autoroutes, A62 - A63 par exemple, permettant de passer de l'une à l'autre sans passer par Bordeaux... "Mais c'est un projet à long terme...", concluait-il.

Vers des bus sans chauffeur ?

Revenant sur les bonnes performances du réseau de transport public, TBM, qui a vu son trafic progresser de 3,9 % en 2015, Alain Juppé s'est dit intéressé par l'expérience de Lyon, qui a mis en service des bus sans chauffeur pour les transports de proximité. "Cette expérience du dernier kilomètre dans un véhicule sans chauffeur est intéressante, on devrait essayer", glissait le président de la Métropole à Christophe Duprat, vice-président de la collectivité, en charge des transports publics.
Mobilité toujours au menu des mois à venir, avec le lancement des études pour la création du nouveau franchissement de la Garonne, le pont J.J. Bosc, la suppression de certains feux sur des giratoires comme la place Tourny, ou encore l'entrée en service de la LGV Tours-Bordeaux.

"Nous avons obtenu 16,5 rotations entre Bordeaux et Paris de la part de la SNCF, nous allons disposer d'une nouvelle gare, de nouveaux parkings. Il nous faut maintenant animer le développement économique d'Euratlantique, une journée de travail y sera spécifiquement consacrée le 16 septembre", prévient le président de Bordeaux Métropole.

LGV Bordeaux-Toulouse : "Les Régions concernées devront  payer Tours-Bordeaux avant"

Interrogé sur le GPSO et la perspective de voir la LGV prolongée au-delà de Bordeaux vers Toulouse et vers l'Espagne, Alain Juppé a maintenu sa position :

"C'est un très beau projet pour la France, mais aussi pour l'Europe. J'y suis toujours favorable même si je mesure les difficultés financières inhérentes. Le Premier ministre nous consulte sur le sujet actuellement. Ce qu'il y a de certain à cette heure, c'est que Bordeaux Métropole ne peut s'engager sur le financement de ces infrastructures que si les Régions impliquées dans le projet de LGV Tours-Bordeaux, à savoir l'ancienne Aquitaine et l'ancienne Midi-Pyrénées, finissent par honorer leur engagement financier."

Un rang mondial de 8e ville cyclable à conserver cette année

En matière de mobilité toujours, Alain Juppé entend "conserver le huitième rang mondial de Bordeaux en tant que ville cyclable. Nous allons développer notre plan vélo."
Dans un contexte de tension budgétaire, Alain Juppé a souligné une baisse de dotation globale de fonctionnement de 10 M€ cette année.

"Entre 2013 et 2018 la Métropole aura perdu 225 M€ de dotation. La mairie, toujours dans le même laps de temps, a perdu 68 M€ de dotation de fonctionnement de la part de l'Etat. Nous allons cibler notre capacité d'investissement sur les établissements scolaires", prévenait ainsi Alain Juppé.

Accords satisfaisants entre Métropole et Conseil départemental

La relation, parfois compliquée, entre la métropole et le Conseil départemental de la Gironde semble avoir débouché, pour Alain Juppé, sur "un accord satisfaisant pour le transfert de compétence" vers Bordeaux Métropole concernant le fonds d'aide aux jeunes, le tourisme, les routes départementales. Un accord a été trouvé pour la participation à hauteur de 5 M€ à chaque fois du Conseil départemental pour la rénovation du parc des expos ou celle des digues. Idem pour les travaux concernant les champs captant pour l'avenir de l'alimentation en eau de la métropole, avec cette fois un accord sur un financement départemental de 10 M€.

Numérique, carte maîtresse de l'attractivité et de l'emploi ?

Concernant le volet emploi et la relative faiblesse du marché de l'emploi bordelais, Alain Juppé a rappelé que l'attractivité de la métropole, "qui ne se dément pas, fait l'objet d'une stratégie de développement économique qu'avec Virginie Calmels nous mettons à jour. Nous misons à fond sur la French Tech et les entreprises du numérique. Celles-ci vont disposer bientôt d'une cité du numérique, outil unique qui devrait nous permettre de faire la différence dans ce domaine".
Une attractivité qui passera peut-être aussi par une nouvelle stratégie en matière de marketing territorial.

"Nous ne sommes pas bons dans ce domaine. "Osez Bordeaux", oui, on a osé... mais notre mission attractivité, qui réunit des acteurs comme la Métropole, la CCI ou encore BGI prépare une nouvelle politique de marketing territorial", prévient Alain Juppé.

"J'y suis, j'y reste !"

Interrogé sur sa propension à faire déplacer les dates des conseils municipaux... et à ne pas déléguer leur direction à Virginie Calmels, sa première adjointe, Alain Juppé a affirmé :

"Je sais que j'ai la malchance d'avoir des opposants qui se réveillent chaque matin avec l'envie de trouver un sujet de méchanceté à mon encontre, sachez que les changements de dates de conseil municipaux n'en sont pas un. Cela arrive souvent dans bien d'autres collectivités et cela n'a aucune importance. Je ne délègue pas parce que je suis toujours présent !" et de conclure en souriant : "J'y suis, j'y reste."

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