Gironde : le président du Département alerte François Hollande

Jean-Luc Gleyze, président du Conseil départemental de la Gironde, a envoyé un courrier au président de la République pour obtenir que la baisse des dotations de l’Etat aux collectivités soit lissée sur deux ans. Le groupe d’opposition, Gironde Avenir, n’a pas apprécié.
La hausse de la taxe sur le foncier bâti en Gironde fait grincer des dents l'opposition.

Après le vote, le 14 avril en assemblée plénière, d'une hausse de 9 % de la taxe sur le foncier bâti, Jean-Luc Gleyze, président (PS) du Conseil départemental de la Gironde, s'est fendu le 21 avril d'une lettre adressée au président de la République, dans laquelle il adresse "un message alarmant" au premier des Français. Tout en réaffirmant la nécessité de "la résorption du déficit public", un impératif national, Jean-Luc Gleyze s'interroge sur la capacité des collectivités à poursuivre leurs missions dans les conditions actuelles.

Jean-Luc Gleyze s'adresse ainsi au président en soulignant "on ne répond pas à la hausse des besoins par la baisse des moyens". Abandon de "pans entiers de politiques publiques", baisse de la qualité "du service offert à nos concitoyens", coupe de l'aide aux associations, le président du Département a invoqué même un cauchemar absolu pour Philippe Madrelle, son prédécesseur et mentor : la fin de l'aide aux territoires ruraux girondins !

Lisser les  baisses sur deux ans

Déterminé à agir, Jean-Luc Gleyze a opté pour la hausse de la taxe du foncier bâti, comme nous en avons rendu compte, mais avec ce courrier il signifie clairement qu'il déplore le contexte dans lequel il lui faut agir.

"Ce que l'Etat ne nous octroie plus, nous sommes contraints de le demander à nos administrés", observe-t-il, avant de rappeler que ces ponctions supplémentaires sur les ménages vont de pair avec la réduction des investissements publics, qui pèsent de leur côté sur les entreprises.

Pour rendre le fardeau plus supportable à toutes les collectivités (Département, communes, etc.), le président du Département demande au président de la République de "lisser sur deux ans la contribution à venir des collectivités locales à la résorption du déficit public". Si Jean-Luc Gleyze se félicite des bonnes relations du Département avec Bordeaux Métropole, dont Alain Juppé (LR) est le président, il lance un avertissement sans ambiguïté au président Hollande.

"Donnons à la République la place centrale qu'elle mérite au cœur de nos bourgs et de nos villages, au cœur de nos villes et de nos campagnes", exhorte ainsi le premier des Girondins, évoquant sans aucun doute le renforcement de l'ancrage du FN dans certains territoires ruraux girondins au premier tour des régionales de 2015.

Porter le temps de travail à 35 h

Un plaidoyer qui n'a certainement pas ému le groupe d'opposition Gironde Avenir (Union de la droite et du centre), dont le président Jacques Breillat, maire (LR) de Castillon-la-Bataille, s'est appliqué à réfuter les arguments de Jean-Luc Gleyze dans un communiqué titré "Non, la hausse historique de la fiscalité en Gironde n'était pas une figure imposée !". Selon Jacques Breillat, Jean-Luc Gleyze n'a eu finalement pas d'autre choix "que d'avouer par écrit l'inavouable", à savoir qu'il faut compenser par l'impôt ce que l'Etat n'octroie plus. Après avoir dénoncé l'attitude des parlementaires girondins du PS "qui ont voté à l'unanimité la baisse des dotations de l'Etat", le président de Gironde Avenir explique pourquoi selon son groupe Jean-Luc Gleyze n'était pas obligé de lever plus d'impôt pour faire face à la perte de 25,9 M€ de dotations. Gironde Avenir revient ainsi sur les préconisations faites par la Chambre régionale des comptes, à savoir porter le temps de travail de 32 h actuellement à sa durée légale de 35 h, ce qui représenterait une économie de "7 M€".

Le groupe d'opposition dénonce ensuite "le taux saisissant d'absentéisme des agents du Département : 26,7 jours" et demande un plan de lutte. Gironde Avenir demande ensuite "la refonte du régime indemnitaire et la fin de l'avancement systématique", ceci sans vouloir stigmatiser les personnels, et la mise en place "d'un plan de gestion dynamique du patrimoine départemental". Enfin, et de façon apparemment plus directe, Jacques Breillat dénonce ce qu'il estime être une conséquence de la hausse de la charge fiscale "sur les classes moyennes et les travailleurs modestes (...) : le vote à l'extrême droite". Le débat est lancé.

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