Sans la fusion régionale, Poitou-Charentes était en faillite

130 M€ d’impayés, 100 M€ de dettes à risque, dont 56 M€ hautement risquées, capacité de désendettement à 14,6 années, aucune capacité d'épargne… L’audit réalisé par EY montre que cette région Poitou-Charentes, sans les apports de l’Aquitaine et du Limousin était, au 31 décembre 2015, en situation de banqueroute.
Beaucoup de médias pour assister à la conférence de presse d'Olivier Chartier et Florent Boudié au sujet de l'audit d'EY qui confirme l'état de faillite de la région Poitou-Charentes au 31 décembre 2015.

"Il ne nous appartient pas de juger, de désigner des coupables, c'est l'affaire de la chambre régionale des comptes qui est saisie du dossier. Nous avions besoin de connaître la situation comptable de Poitou-Charentes pour bâtir les deux budgets 2016, dans le cadre de la nouvelle grande région, et aussi de 2017."

Olivier Chartier, président de la commission des finances, conseiller régional Les Républicains, Florent Boudier, porte-parole de la région et plus tard dans la soirée Alain Rousset, président PS de cette même région ALPC, étaient ce jeudi soir sur la même ligne au moment de commenter le premier audit EY (ex Ernst&Young) concernant les comptes des trois ex-régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes.

N'empêche que si tous les trois ne "jugent pas", les oreilles des deux anciens présidents socialistes de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal et Jean-François Macaire, ont dû siffler. L'audit "léger" rapide et sur bases des documents transmis par les différents services comptables des trois anciennes régions laisse apparaître une situation financière alarmante pour Poitou-Charentes. Dans la période examinée, 2013-2015, EY note une forte dégradation de ses ratios financiers. Un déficit important tant en fonctionnement qu'en investissement est noté.

46 M€ d'emprunts à très haut risque

"On en avait l'intuition, mais désormais les chiffres sont là", soulignaient Florent Boudié et Olivier Chartier. En deux ans, la capacité de désendettement de Poitou-Charentes est passée de 3,1 années à 14,6 années. Loin, très loin, du seuil d'alerte qui se situe entre 7 et 8 années. Pire, si la région n'est pas fortement endettée en valeur absolue, à 450 M€, le problème est que 100 de ces millions sont des emprunts à risque... voire à très haut risque pour 46 M€.

"Nous examinons un plan de défaisance, il passera par une intervention pluriannuelle pour effacer ces emprunts", explique Florent Boudié.

Il pèsera  sans doute lourd sur l'endettement de la grande région quand on sait qu'en Limousin, le rachat d'un de ses emprunts à risque a porté sa capacité d'endettement de 4,1 années à 9,2 années en un seul exercice... (Ndlr : elle aurait été portée à environ 7 années sans ce rachat)

"Nous espérons que le fonds de soutien, qui a été fermé après l'affaire Dexia, sera réouvert pour nos accompagner dans la restructuration de cette dette", expliquent Florent Boudié et Olivier Chartier, soulignant au passage que le président de Région travaille dans ce sens auprès du gouvernement.

Banqueroute

Si l'on ajoute les crédits-bails contractés en 2007 et 2011 pour le matériel roulant des TER, des dépenses rattachés à des exercices précédents qui font qu'en 2014, par exemple, la région Poitou-Charentes a payé une partie de la convention transport de 2013 ou qu'en 2016, il faudra payer celle de 2015, le résultat est sans appel : le taux d'épargne net de la région Poitou-Charentes au 31 décembre 2015 était de 0,05%, alors qu'il était à presque 5 % en 2014.

"Cette région était alors en situation de banqueroute, de faillite. En cessation de paiement", assure Olivier Chartier. L'audit va être suivi d'une étude beaucoup plus approfondie, une véritable analyse des comptes et pas seulement des documents transmis par les services à la demande, dès lundi prochain, de la commission de finance et avec l'accord total d'Alain Rousset", souligne le président de la commission des finances de la nouvelle grande région. "Ce premier audit ne porte que sur la période 2013 - 2015, mais je ne crois pas que tout cela ait démarré en 2013. L'opposition dans laquelle j'étais a souvent dénoncé cette dérive. La source et la racine de cette gestion sont liées à la politique régionale de Ségolène Royal et de Jean-François Macaire... avec une accélération sans doute à l'approche des dernières élections régionales."

Poitou-Charentes était bien mauvaise payeuse

EY n'a pas examiné la situation de cette région en matière d'impayés, mais les services financiers de la nouvelle région, eux, si.

"Nous sommes en capacité de dire que la région Poitou-Charentes, au moment de la création de la grande région, devait plus de 130 M€ d'impayés, 72,6 M€ en fonctionnement, 60,1 M€ en investissement, précise Florent Boudié. Des impayés en cours de régularisation puisque 100 M€ ont d'ores et déjà été payés", poursuit l'élu PS et porte-parole de la Région, ajoutant au passage : "Contrairement à ce que dit Mme Calmels, en matière d'impayés, nous ne sommes pas à 260 M€..."

Si Olivier Chartier n'a pas répondu à cette pique en direction d'une élu régionale de son bord politique, il a néanmoins apporté une nuance au constat :

"Nous ne sommes pas à l'abri de mauvaises surprises supplémentaires. Il va nous falloir examiner de près les participations économiques de l'ancienne région dans les sociétés d'économie mixte et société publiques locales. Nous devons aussi comprendre comment les garanties d'emprunts atteignent presque 100 M€. C'est énorme ! En Aquitaine par exemple, elles s'élèvent à 23 M€, et à 4 M€ en Limousin."

L'Aquitaine épongera les ardoises de Poitou-Charentes

Deux régions qui, au passage, ont des ratios financiers qui sont jugés bons par l'audit EY, voire même "performants et maîtrisés" pour ce qui concerne l'ex-région Aquitaine.
Pour Poitou-Charentes par contre, les mauvais chiffres signalés par EY sont aussi, maintenant, l'affaire de la Chambre des comptes et des juge des comptes à qui il appartiendra, ou non, de qualifier juridiquement la situation financière. Le résultat de l'étude approfondie des comptes publiques de Poitou-Charentes devrait être connu à l'automne prochain.

En attendant, Alain Rousset ne souhaite pas rentrer dans le jeu de la désignation des responsables.

"C'est le boulot de la chambre des comptes. Le mien, c'est de redresser les comptes et de remettre cette grande région dans le rôle qui est sien : soutenir l'emploi, l'emploi des jeunes, la formation, l'économie. Nous allons pour cela auditer les politiques d'intervention de Poitou-Charentes pour savoir celles qu'on arrête."

Si la région épongera bien l'ardoise de Poitou-Charentes, le fait est que pour soutenir financièrement cet effort, une révision des politiques territoriales sera au menu des discussions au moment de l'établissement des budgets à venir...

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Commentaires 40
à écrit le 11/04/2016 à 11:19
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Voici un exemple de gestion mené par des énarques, plus proche de préoccupations électorales que d'un pragmatisme nécessaire en matière d'économie. Puisque les politiciens se sont appropriés, au sens professionnel, la gestion de la république, il ser...

à écrit le 10/04/2016 à 13:43
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stop aux enfumages de mots, montrons ces contrats soit disant à hauts risques mais seulement pour le contribuable, qui sont en fait à hauts taux d'intérets voire pohibitifs (>10%?). Donnons les preteurs qui ont soutirés la signature des politiques. I...

à écrit le 10/04/2016 à 11:26
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si les " super régions " ont été créées ce n'est pas un hasard ! c'est pour piquer l'argent des contribuables pour renflouer les caisses de ces " pauvres " régions ! toutefois un bémol : l'état se désengageant en permanence des fonctionnemen...

à écrit le 09/04/2016 à 8:36
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Au fur et à mesure du temps qui passe, se dévoilent les vraies raisons de la réforme territoriale hollando-vallsienne telle qu'elle a été concoctée !

à écrit le 09/04/2016 à 8:13
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ce qui est quand meme surprenant , et anormal , c'est que brusquement , à l'occasion d'un changement d'organisation , on decouvre le " pot aux roses " ! mais enfin , pourquoi ne gère t on pas ces structures avec les memes critères ( mondiaux d'aille...

à écrit le 09/04/2016 à 0:11
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Elle sur sa région et son ex sur la france ont fait tres fort on en vient a se demander a quoi sert l'ena

à écrit le 08/04/2016 à 22:27
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En Socialie, il est d'usage que l'Etat constate le naufrage, s'endette un peu plus, puis règle les factures. Cela ne coûte rien aux Citoyens, puisque c'est l'Etat qui paye.

à écrit le 08/04/2016 à 19:48
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Rien de surprenant ! avec tous ces pillages, détournements, pots de vin, commissions occultes, abus de pouvoirs, vols organisés, trafics en tous genres de la caste politique mafieuse.... Et rien ne va s'arranger : "Ils" devaient baisser les impôts p...

à écrit le 08/04/2016 à 17:59
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Qui veut des millions ? Notre pays est très généreux. Notre culture administrative et bureaucratique, donc irresponsable collectivement et individuellement en matière de gestion publique, la caste des élus est ni responsable, ni coupable..... Pourvu ...

à écrit le 08/04/2016 à 17:00
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quand on n'a pas les moyens financiers, on ne choisit pas madame Royale comme présidente de région. Maintenant, c'est une question de justice sociale de tout rembourser plus les intérêts qui vont avec. Bravitudement vôtre.

à écrit le 08/04/2016 à 15:57
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Bravo Ségolène !

à écrit le 08/04/2016 à 15:24
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Il est vrai que "Ségo" n'a jamais brillé pour sa gestion mais pour ses coups médiatiques dont elle a elle seule la gestion.

à écrit le 08/04/2016 à 14:35
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he ben maintenant c'est clair, on sait pourquoi il y a eu creation de mega regions sans recherche d'optimisaztion des couts

le 21/12/2016 à 16:57
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Il suffit de voir comment a été redécoupée cette super région pour voir qu'il y avait quelque chose de malsain à masquer. C'est du socialisme pur jus.

à écrit le 08/04/2016 à 13:25
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Les énarques sont des littéraires... On devrait leur imposer une licence d'eco avant de les laisser toucher aux budgets.

le 09/04/2016 à 8:16
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très bien dit ! le fait est qu'ils ont pris ( et trusté ) le pouvoir ; mais ce n'etait pas le but initial de l'ENA qui devait former des " assistants " .

à écrit le 08/04/2016 à 11:32
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Il faut des peines importantes pour les poltiiques qui jouent aux apprentis sorciers avec les finances publiques : grosses amends voir prison pour Mme Royal et Mme lauvergeon

à écrit le 08/04/2016 à 11:10
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On repproche a Ségolène de s'opposer a NDDL,alors tous les coups bas sont permis

le 09/04/2016 à 8:19
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pour une fois , ou elle pose les pieds sur terre , il ne faut pas la critiquer; remarquez bien , si cette aéroport avait été " chez elle " ele n'aurait je pense pas eu la meme rethorique .

à écrit le 08/04/2016 à 10:37
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On comprend mieux l acharnement du gouvernement a vouloir diminuer le nombre de regions , il s agissait en realite de faire endosser les faillites socialistes et en particulier la gestion calamiteuse de Mme Segolene Royal ( charente poitou ) ; je pen...

à écrit le 08/04/2016 à 10:31
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Il serait intéressant d'avoir sur cette banqueroute programmée par Ségolène ROYAL les avis d'Olivier FALORNI (tombeur de ROYAL aux législatives de 2012) et Jean François FOUNTAIN, ancien vice Président Démissionnaire de Poitou- Charentes. Je ne parle...

à écrit le 08/04/2016 à 10:18
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La mégalomanie d'une dame assoiffée d'honneurs a un coût. Le petit contribuable paiera. Ces socialistes sont "impayables", ce scénario est typique!

à écrit le 08/04/2016 à 10:02
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L'exception picto-charentaise, mini paradis fiscal pour les automobilites ! L'Aquitaine et le Limousin vont éponger les dettes de Poitou-Charentes et pendant ce temps les automobilistes de cette région continuent à payer moins chers leurs carburan...

à écrit le 08/04/2016 à 9:59
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L'âne du Poitou n'est plus seul, il a enfin trouvé une compagne.

à écrit le 08/04/2016 à 9:57
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Idem pour la France on va être sauvé de la faillite lorsque on aura fusionné avec l'Allemagne.

à écrit le 08/04/2016 à 9:46
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"Les mauvais esprits" pourraient se demander si la fusion des régions pour des grandes régions n'avait pas pour but d'éviter la faillite de Poitou Charentes... car le l'objectif a toujours été flou ! Objectif intéressé !

à écrit le 08/04/2016 à 9:27
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Encore des impôts à venir pour régler la gabegie et l'incompétence de ces gens là plus préoccupés de leurs avantages personnels et de leur image dans les médias que de l'intérêt public....

à écrit le 08/04/2016 à 9:20
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"Crédit-bail", au pluriel "crédits-baux".

le 09/04/2016 à 10:10
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BIEN VU ...MAIS IL EST VRAI QUE LES JOURNALISTES SONT PROTEGES SUR LEURS SOURCES ..DE VALIDATION DES ACQUIS EN ORTHOGRAPHE MERCI NAJAT ...VIVE LES SMS SMALL MINABLE SOCIALISTE

le 10/04/2016 à 9:24
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Non. Quand il s'agit d'un mot composé au pluriel : crédits-bails

à écrit le 08/04/2016 à 9:19
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La cavalerie ! ce n'est pas qu'une chanson de Julien clerc.

à écrit le 08/04/2016 à 9:01
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Encore une fois c'est l'oeuvre de Ségolène, grande donneuse de leçons.

à écrit le 08/04/2016 à 8:09
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Bah, il suffira d'augmenter les impôts locaux! Augmentation indolore comme d'habitude !

à écrit le 08/04/2016 à 7:53
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Il y aura évidemment des responsabilités politiques et surtout administratives (les finances des collectivités locales étant sous haute surveillance administrative) à rechercher et à sanctionner comme il se doit.

le 08/04/2016 à 8:34
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Vous rêvez ce matin !

à écrit le 08/04/2016 à 1:48
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Poitou-Charentes, le royaume des giratoires et des parvis anti-usagers (gare d'Angoulême), des investissements perdus d'avance, des caprices... royales. Mais quand on aime.... la Corrèze vient même au secours.

à écrit le 08/04/2016 à 1:12
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Grâce à normal 1 Er la brillante Ségolène applique ces méthodes au niveau national Heureusement qu'elle N a pas ete présidente quoi que Sarko a réussi à faire 600 milliards en 5 ans C'est pour quand le changement de la clique politique ??

le 08/04/2016 à 9:44
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Et combien aura fait la bande à hollande ? un trou sans fin......

à écrit le 08/04/2016 à 0:56
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On reconnait bien là le style socialiste: dilapider pour attirer la sympathie et ensuite on envoie la factures aux autres. C'est la bande à Hollande. Comment qualifier ces gens sans éthique ni dignité? Le PS porte une lourde responsabilité par les i...

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