Quand la Gironde “s’interroge” sur l’urbanisme bordelais

A l’occasion d’une tournée des différents cantons girondins et d’une visite du quartier des Bassins à flot à Bordeaux, le nouveau président du Conseil départemental, Jean-Luc Gleyze, n’a pas caché ses questionnements concernant les choix urbanistiques de la Métropole et de la Ville.
Jean-Luc Gleyze, président PS du Conseil départemental, s'interroge sur la forme d'urbanisme déployée aux Bassins à flot de Bordeaux et ses conséquences sur les interventions futures de sa collectivité.

C'est dans un quartier en plein chantier de construction de logements, celui des Bassins à flot situé à Bordeaux Nord, que Jean-Luc Gleyze, président du Conseil départemental, a effectué la deuxième étape de son tour de Gironde.
Entouré des élus PS du canton, Corinne Guillemot et Philippe Dorthe, Jean-Luc Gleyze a choisi de débuter cette visite dans les locaux de la société Armi (Atelier de réparations maritimes et industrielles), une des dernières activités industrielles encore présentes dans le quartier.
L'occasion pour l'ancien vice-président en charge de l'économie de montrer son attachement à la présence, dans ce quartier, d'une industrie historiquement ancrée à proximité des formes de radoub du port de la Lune, via le maintien voire le renforcement d'une activité de refit de navires.

La question du maintien de l'activité industrielle aux Bassins à flot

"L'emploi productif, dans un quartier qui attire de nombreux nouveaux habitants, doit être présent", précisait Jean-Luc Gleyze. Une intervention qui a permis au local de l'étape, Philippe Dorthe, de glisser au passage, mais sans le nommer directement, une pique en direction d'Alain Juppé, maire de la ville et président de Bordeaux Métropole.
"Si la ville n'était pas pour le maintien de l'activité, le bons sens semble l'avoir emporté, notamment suite à la visite sur place du président de Région, Alain Rousset. De nombreuses compagnies de tourisme fluvial ont choisi de se développer depuis Bordeaux, je ne doute pas qu'elles seront sensibles au fait qu'une société locale puisse assurer la maintenance de leurs navires..."
En attendant, le maintien de l'activité d'Armi, PME de 20 personnes, n'est pas totalement acquis. La société a en effet déposé un permis de construire pour des travaux estimés entre 1 et 1,5 M€ qui doivent lui permettre de s'intégrer esthétiquement dans le quartier tout en limitant les nuisances sonores. Elle est suspendue à l'examen, par Bordeaux, de ce permis de construire.

La question de l'impact sur les actions du Conseil départemental

Reste que s'il est sensible à l'avenir économique du quartier, Jean-Luc Gleyze a fait du programme immobilier Bassins à flots, qui voit sortir, sur 700.818 m2 de terrains, environ 5.400 logements, un important sujet de réflexion.
"Je ne me pose par en juge car la maîtrise pure et dure de cet aménagement ressort de Bordeaux Métropole et de la commune. Je ne suis pas du tout choqué qu'un maire veuille densifier sa ville. Mais pour nos compétences et donc nos finances, cela aura un impact certain, et il est donc normal que je m'interroge sur l'urbanisation telle qu'elle a été planifiée ici et dans le quartier Ginko. J'ai peur que nous reproduisions les échecs, en termes de mixité sociale, de quartiers comme Les Aubiers. Je m'interroge sur une future paupérisation du quartier des Bassins à flot. Je trouve qu'il y manque le végétal et les espaces publics qui créent la ville."
Déplorant le fait que la collectivité départementale n'ait pas été associée à l'opération des Bassins à flot, son président rappelle que "le nombre important de logements aura des conséquences sur la mobilisation des finances du Département. Nous allons devoir accompagner les populations sur le plan de l'enseignement, avec la construction d'un collège, mais aussi sur le plan de l'accompagnement social des populations", souligne Jean-Luc Gleyze.
Philippe Dorthe, élu PS du canton qui jouait les guides pour Jean-Luc Gleyze, n'a jamais caché ses propres interrogations sur l'urbanisation des Bassins à flot. Il ne partage pas la vision d'Alain Juppé concernant le développement immobilier de Bordeaux et tout particulièrement du quartier de Bacalan sur lequel s'étend l'opération Bassins à flot.
"Au départ, les Bassins à flot c'était une ZAC. Le passage en PAE a tout changé."
En clair : il ne se reconnaît pas dans le programme actuel et dans ce PAE (programme d'aménagement d'ensemble) dont Bordeaux Métropole est maître d'ouvrage. Mais le fait est qu'il a été instauré par délibération le 26 mars 2010, alors sous la présidence du socialiste Vincent Feltesse...
Pas sûr dans ces circonstance que, contrairement à ce qu'espère Philippe Dorthe, le Parti socialiste local ait envie d'aller au-delà des interrogations et s'empare vraiment du sujet de l'immobilier pour faire vaciller le bilan bordelais et métropolitain du "bâtisseur" Alain Juppé.

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